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vendredi 14 janvier 2011

ORLAN

ORLAN, artiste, née à Saint-Etienne. Elle vit et travaille entre Paris, Los Angeles et New York.

ORLAN parodie la façon dont l'art occidental interroge la sexualité, la religion et le corps humain.

Elle a réalisé notamment plusieurs séries de photographies.

Dans la série "corps sculpture", l'artiste pose nue, dans des photographies en noir et blanc. Nous voyons des poses de statues antiques, avec un masque de diable : c'est l'histoire de l'art revisité. Parfois, le personnage féminin du tableau classique (nous savons qu'il s'agit d'un tableau classique au vu du cadre) prend son indépendance et sort du tableau.

Dans la série "skaï and sky and video", ORLAN est habillée par les vêtements drapés des peintures de la renaissance, mais de couleur noire, ce qui est nouveau. Nous voyons son sein. Ce sein apparaît dans toute la peinture et la sculpture classique, mais jamais sortant d'une toge antique.


ORLAN a bien voulu répondre à quelques questions. Nous l'en remercions.


Avec combien de personnes travaillez-vous ?

Selon les projets cela varie. Pour vous donner des exemples, pour ma prochaine œuvre présentée au Centre Pompidou, je travaille avec un producteur délégué extérieur, tandis que pour mon projet de commande publique, je collabore avec des entreprises extérieures et un architecte. A mon atelier, j’ai l’habitude de travailler avec deux ou trois assistants.


A qui s'adresse votre travail ?

Je cherche à communiquer des idées aux autres, sous une forme plastique.


Dans l'histoire des arts plastiques, les artistes ont toujours cherché à assimiler les arts qui les ont précédé, à en explorer les limites, voire à en détruire les valeurs. Quelles limites souhaitez-vous explorer, quelles valeurs souhaitez-vous dépasser ?

Il ne s’agit pas de dépasser les limites seulement pour dépasser les limites. Je ne suis pas dans la performance sportive, je ne souhaite pas paraître dans le Guinness des Records. Je cherche à interroger le statut du corps et les pressions sociales, politiques ou religieuses qui s’y impriment, et je pointe ce qui ce passe en ce moment, mais parfois, cela est jugé comme étant scandaleux.


Votre travail s'adresse-t-il aux générations futures ?

Nous ne pouvons qu’être des chroniqueurs de notre temps, mais des chroniqueurs éveillés qui évaluent ce que seront les conséquences de nos actes présents.


Quels artistes classiques vous plaisent ou vous inspirent ?

Je citerais Le Bernin, Le Caravage, Marcel Duchamp, Andy Warhol, et Hannah Höch.


Qu'est ce que l'art ?

Je vous renvoie à ma réponse faite dans le livre Pourquoi y a-t-il de l’art plutôt que rien ? aux éditions Archibooks, 2009, page 109 :
« Je parlerai à partir de l’art détaché de la « création » non aliéné au sacré et à l’hypothèse de dieu
un art de « la production artistique »
un art capable de distance, de critique, d’évaluation, de projection, d’élaboration, d’introspection et de rapports aux autres donc aussi aux autres cultures et « à ce peuple qui manque » dont parlaient Paul Klee et Gilles Deleuze,
un art faisant l’analyse de l’art et de la situation présente de notre temps
un art utilisant peut-être Narcisse, mais celui qui ne se perd pas dans son reflet
un art des nuances, et du parti pris fort, un art de la construction mentale
un art plus dans le rapport que dans le support
un art qui, comme la tendresse, l’empathie, l’humour, l’esprit, le rire... tel tout ce qui fait partie des qualités spécifiques à l’être humain qui sont dans la nuance, le subtil, la complexité...
donc d’un art autre que le « fait sous soi » ou « l’accouchement », c'est-à-dire du minimum : de la machine mise en route par dame-nature, du rien
un art construit avec du « presque rien », du « je ne sais quoi »
un art qui questionne ce presque rien
un art qui est ce presque rien qui fait toute la différence dont ce presque rien est avant tout une position consciente du monde et de l’histoire de l’art, un presque rien qui est avant tout une position consciente et un parti pris fort »