nicolasgoulette@yahoo.com

samedi 26 mai 2012

Xiaolong Hai

Xiaolong Hai est né en Chine en 1972. Professeur dans son pays, il est en résidence pendant deux mois à la Cité Internationale des Arts à Paris. Il nous montre lors d’une exposition son travail, des peintures et aquarelles représentant des vues de Paris.

Une belle toile montre une église jaune, avec des formes. Une peinture grasse avec de larges empâtements dans les tons jaunes. Le tableau est bien équilibré par une présence sombre en bas à droite.

Sur une autre toile, nous voyons la cour du Louvre, vive, sous une lumière noire au clair de la Lune. Un travail fort et vigoureux, qui bouge beaucoup. Les tâches blanches sont des éclairs fulgurants.

Une aquarelle montre une porte sur le mur d’une maison. C’est énergique, avec les traits qui virevoltent dans tous les sens.

Cité Internationale des Arts
18, rue de l'Hôtel de Ville
75004 Paris

samedi 19 mai 2012

La Triennale du Palais de Tokyo

Le Palais de Tokyo à Paris expose sur ses 22 000 m² la Triennale, vaste instantané de l’art contemporain. Nous avons butiné et goûté une dizaine d’œuvres.

Thomas Struth, né en Allemagne en 1954.
« Paradise 1, Pilgrim Sands, Daintree, Australia », 1998, tirage photographique. 
Nous sommes dans une jungle luxuriante. Les grandes feuilles éclairées par le soleil sont autant de ponctuations vertes. Il y a aussi des zones sombres sous les arbres. Avec Thomas Struth, la végétation envahit tout, du haut en bas de la photographie. Heureusement qu’elle s’arrête au cadre, sans cela, c’est nous, les spectateurs, qui serions vraiment en pleine jungle.

Chris Ofili, né au Royaume-Uni en 1968.
« Afro Lily Lovers », 2002 – 2003, peinture acrylique, peinture à l’huile, résine de polyester, épingles.
Deux grands personnages s’embrassent dans cette peinture sombre. Le rouge et le vert, ainsi que leur mélange, le marron, composent cette œuvre chaude dans sa couleur et dans son sujet.

Lothar Baumgarten, né en Allemagne en 1944.
« Fragmenta Brasil », 1977 – 2005, installation vidéo.
Des images sont projetées sur les murs. Ce sont des dessins d’oiseaux. Sont-ce des croquis d’explorateurs étudiant la faune de contrées lointaines ? Puis les images projetées changent. Nous voyons des dessins plus modernes, des traits arrondis au pinceau, comme une évocation abstraite de plumes d’oiseaux. Ce travail pourrait être une métaphore de l’art moderne et contemporain, exploration de terres artistiques inconnues.

Emmanuelle Lainé, née en France en 1978.
« Stellatopia », 2011, impressions sur papier.
C’est une vaste photographie représentant le coin d’une pièce aux murs blancs. Sur le sol gisent des objets, cartons, bouteilles, ballon jaune, tiges de plantes vertes. C’est sale et en désordre. Il y a une vitre cassée contre le mur, une feuille de papier froissé et mal scotchée au mur. Cette œuvre résonne avec son environnement. Elle est en effet imprimée sur de grandes feuilles collées sur un mur, en bas d’un des escaliers du Palais de Tokyo, un mur formant un angle. Un vieux mur, décrépi et sale.

Selma Ouissi, née en Tunisie en 1975, et Sofiane Ouissi, né en Tunisie en 1972.
« Laaroussa », 2011, vidéo.
Sur fond de ciel bleu, un homme et une femme sont accroupis sur un rocher. Ils miment des gestes de la main, peut-être la préparation d’un plat. Ils ne parlent pas. Nous voyons leurs mains en gros plan, des mains pleines de terre. Que fabriquent-ils, ces modestes ouvriers qui répètent toujours le même geste ? C’est une vidéo calme, douce, sensible. Ici, pas de passions déchaînées, pas de dramatisation inutile, comme on en trouve habituellement dans les œuvres d’art. Laissons nos travailleurs réaliser de « vraies » choses, même si c’est en mime, et continuons notre visite du musée.

Yto Barrada, née en France en 1978.
« Hand-me-Downs », 2011, vidéo.
La vidéo, aux vieilles images sépia, montre des enfants. Une femme nous parle et nous raconte son histoire, son enfance à la campagne, sur des images champêtres. C’est l’été. Ce sont des souvenirs de vacances dans les années 1950, si l’on en croit le commentaire. Cette vidéo est une évocation de la vie d’une famille nombreuse. Une œuvre nostalgique qui revient vers le passé. On aime voir ces vieux films en imaginant que nous nous remémorons notre enfance.

Luc Delahaye, né en France en 1972.
« House to House (Tawargha) », 2011, photographie.
C’est une grande photographie. Sur le seuil d’une maison ensoleillée, aux murs de couleur ocre, deux personnages rentrent à l’intérieur. Ils s’enfoncent dans ce rectangle noir qu’est la porte d’entrée. Une composition qui apporte de la profondeur à cette œuvre.

Jewyo Rhii, né en Corée du Sud en 1971.
« Two », 1999, stylo et crayons de couleur sur papier.
Des dessins au stylo représentant un homme et une femme dans diverses positions. C’est sexy, érotique et drôle. D’après ce qui est écrit en haut des dessins (« migraine », « mal au dos »), les positions semblent être des thérapies pour remédier à différents maux. Une œuvre stimulante.

Claude Closky, né en France en 1963.
« Town & Country (to die) », 2009 – 2010, collages et crayon sur papier.
Une série de photos, issues de publicités chic et brillantes. Sous chaque image sont écrit les mots « To die » suivi de l’évocation de la photo : « To die in a park », « To die in a sect », « To die in the street », etc. Claude Closky recycle des photographies de pub, et les montre ainsi comme des œuvres, sous verre, rangées le long d’un mur. Ces photos, semble nous dire l’artiste, sont des œuvres mortes, où il n’y a aucun avenir. Ne pourrait-on pas écrire les mots « To die… » sous toutes les œuvres exposées dans les musées, qui rassemblent sur leurs murs des séries d’images encadrées, figées, silencieuses ?

Aurélien Porte, né en France en 1981.
« Incantatory Combinations », 2012, huile et vernis sur toile.
Sur de grands tableaux de couleurs sombres, l’artiste a tracé dans la peinture des lettres, des mots : « Earth » et « Fire », « Tree » et « Earth ». Ces quatre grandes toiles sont presque des monochromes. Les bordures des lettres sont plus épaisses, c’est ainsi que nous pouvons les lire. Nous voyons surtout des « E » et des « F », des traits verticaux et horizontaux qui structurent et construisent ces tableaux modestes et pas tape-à-l’œil, mais d’une grande profondeur.


La Triennale. Exposition jusqu’au 26 août 2012

Palais de Tokyo
13, avenue du Président Wilson,
75 116 Paris

vendredi 11 mai 2012

Anri Sala

Le Centre Pompidou présente une installation d’Anri Sala. Né en 1974 en Albanie, Anri Sala nous montre, sur plusieurs écrans, des vidéos. Nous entendons également des notes musicales, des jeux de batterie. Les images et les sons tournent d’un écran à l’autre, obligeant les spectateurs à changer de place dans la salle d’exposition.

En entrant dans ce vaste espace, nous voyons une vidéo projetée sur un grand écran, à notre droite, avec un personnage. Nous entendons une musique, un air bien connu des Clash. Puis, à un moment, les notes résonnent d’un autre endroit de la salle.

Approchons-nous de la grande vidéo. Le son prend fin sur l’image d’un personnage avec un ballon sur la tête. Puis le son de la pluie qui tombe. Comme si c’était la fin du spectacle. A notre gauche, qu’entendons-nous soudain ? Un léger son de batterie.

Fin. Sur le grand écran, des femmes marchent dans la rue, seules, en silence. Dans l’espace d’exposition, les spectateurs, nombreux ce soir-là, forment un vaste demi-cercle autour de l’écran.

Mais tout le monde bouge en un instant. La vidéo et le son viennent de s’arrêter, pour redémarrer ailleurs, sur un autre des quatre grands écrans. Nous entendons un homme essoufflé. La foule des spectateurs a pris place, s’est installée, formant une grande demi-lune. Tableau grandiose et d’autant plus puissant qu’il est bien réel, contrairement aux œuvres d’art.

Anri Sala
Exposition jusqu’au 6 août 2012

http://www.centrepompidou.fr

samedi 5 mai 2012

Jean-Luc Moulène

La galerie Chantal Crousel, dans le 3ème arrondissement de Paris, expose jusqu’au 16 juin 2012 des photographies de Jean-Luc Moulène. L’artiste nous montre des paysages de sa campagne natale, le Lot.

 « Tilleul » (œuvre datée de 1995) est un grand arbre en hiver. Ses nombreuses et longues branches qui se détachent sur le ciel sont dépourvues de feuilles. Il est majestueux, cet arbre qui surplombe la vallée. Il règne sur le paysage.

Avec « Jardin » (1996), nous sommes à la campagne, au milieu d’arbres fruitiers. C’est le soir, la lumière décline. Mais il ne fait pas très beau. C’est un soir nuageux. On n’a pas envie de rester dehors, avec ces couleurs bleues froides.

« Nuage » (2003) nous offre encore une atmosphère sombre (le sol herbeux est d’une couleur proche du noir) et froide avec ce grand ciel blanc et bleu. Nous sommes au ras du sol, allongés probablement. L’horizon est très bas. Les trois traits fins d’une ligne électrique soulignent et structurent l’œuvre en lui donnant une touche numérique.

Dans « Faux » (2006), nous regardons par la fenêtre depuis les étages de la maison. Nous voyons la cour. Cette cour habituelle avec son vieux goudron et quelques pots de fleurs. Mais quelque chose nous déplait dans cette cour. Elle est mouillée et glissante, il vient de pleuvoir. Et puis il y a une faux au milieu. C’est un petit objet par rapport aux dimensions de l’œuvre. Cette faux sort du tableau et nous ramène à la galerie. C’est une petite virgule de la taille de la poignée de la porte que nous avons poussée en entrant.

Cette exposition est une excursion dans la campagne lotoise. Mais elle nous laisse un goût amer. Il pleut, il fait froid. Et quelle est cette faux menaçante ? Allons ! Il faut se mouiller. Avançons, même si la nuit tombe. L’avenir est dans ces paysages. Avançons dans les œuvres, ne restons pas dans la galerie parisienne. Partons à la campagne prendre l’air. La campagne en hiver, sombre et humide.


Galerie Chantal Crousel
10, rue Charlot
75003 Paris