nicolasgoulette@yahoo.com

samedi 26 janvier 2013

Taro Izumi


Taro Izumi, né au Japon en 1976, expose à la galerie Vallois à Paris jusqu’au 9 mars 2013. L’espace de la galerie est envahi par un joyeux capharnaüm. Il y a une sorte de circuit circulaire en bois sur lequel se trouvent des résidus de bricolage : seaux, ficelle, traces de peinture… Au centre du circuit, une toile où est projetée une vidéo. Nous y voyons un tigre en peluche qui fait le tour du circuit. L’artiste a ainsi représenté un tigre s’avançant dans un univers bricolé de végétaux factices. 

Aux murs de la galerie sont accrochées des toiles à moitié recouvertes de peintures. Il y a également des vidéos montrant l’artiste en train de peindre ces toiles. 

Autre installation exposée : un ensemble de tables et d’étagères penchées qui ne touchent le sol qu’avec deux pieds, les deux autres étant soutenus en l’air par des petits personnages en bois. L’artiste se représente lui-même dans ces petits personnages : il soulève des formes plus lourdes que lui en les rendant ainsi bancales et glissantes, en empêchant leur utilisation normale. 

Taro Izumi se filme en train de réaliser ses installations. Non seulement il travestit la réalité quotidienne avec ses œuvres, mais il travestit aussi la pratique artistique en la filmant et en la montrant aux spectateurs. 

Taro Izumi
« La source des rides »
Galerie Georges-Philippe et Nathalie Vallois
36, rue de Seine
75006 Paris

taroizumi.com

dimanche 20 janvier 2013

Andrea Blum


La galerie In Situ/Fabienne Leclerc présente les œuvres minimales d'Andrea Blum, artiste américaine qui fait entrer le végétal à l’intérieur des maisons et fait sortir les meubles à l’extérieur. 

Une image de synthèse montre une vue à travers des parois de verre avec des luminosités et des parties sombres. Des petits éléments géométriques transparents sont positionnés dans cet espace apportant des touches claires ou sombres. Un monde de verre contemporain, beau, numérique. 

Une installation est composée d’un terrarium sur une table. C'est un bloc horizontal gris avec à son extrémité une enceinte en verre dans laquelle sont plantés des végétaux. Il y a différentes essences de plantes dont les couleurs vont du vert froid au vert soutenu. Les arbustes sont plutôt rustiques. Ils s’accordent avec le caractère brut du bloc rectangulaire. L’installation, simple et reposante, vibre grâce aux plantes. 

Les œuvres d'Andrea Blum sont vides et froides comme un appartement que l'on visite et dans lequel on s'imagine habiter. D’après Andrea Blum, « il y a beaucoup de choses dans cet espace vide. Dans l’image numérique, il y a des éléments dont on ne sait pas ce qu’ils sont. On peut imaginer plusieurs significations ».


Andrea Blum
« Still-Life »
Jusqu’au 16 février 2013
Galerie In Situ/Fabienne Leclerc
6, rue du pont de Lodi
75006 Paris

http://andreablum.com/

dimanche 13 janvier 2013

Chloé Tallot


Chloé Tallot réalise des vidéos, photographies et installations qui expriment une sensibilité, une intimité. La galerie parisienne Suzanne Tarasieve expose actuellement ses travaux. Pour cette exposition, Chloé Tallot nous propose un portrait de Jérôme Clément, écrivain et fondateur de la chaîne de télévision Arte. 

Avec « Interview » (vidéostills en bandes, tirage digital sur papier, 2012), l’artiste a produit des tirages photographiques d'un enregistrement vidéo de Jérôme Clément. Nous le trouvons dans des attitudes variées : pensif, amusé, légèrement en retrait. Ces photos présentent un personnage d’une grande intériorité. 

« Mot rouge » (cire gravée, cadres, éclairage au dos, 2012) est une série de cinq rectangles rouges lumineux sur lesquels sont écrits des mots en lettres majuscules : honneur, engagement, rire, révolte, blessure. Ces mots se retrouvent dans la vidéo.  

« Forcément on pense au rouge » (installation vidéo, 2 vidéoprojecteurs, 2 écrans plasma, 2010 – 2012) est une installation d’une beauté à couper le souffle. Les couleurs sont vives et saturées. Elles remplissent les images de paysages que nous traversons en regardant cette vidéo. A droite, une autre projection. L’artiste interroge Jérôme Clément en lui citant des mots :  blessure, honneur, Darwin, etc…  Il répond en donnant des noms de couleurs : vert, gris, rouge nuance vermillon, … 

Ce qui rend cette œuvre très belle, c’est que l’homme ne remue pas les lèvres. On entend sa voix, mais il reste impassible, calme, apaisant. A gauche de la grande projection, deux petits écrans sont posés sur le sol. On y retrouve la figure de l’écrivain, en noir et blanc. Les images apparaissent en décalé par rapport à la vidéo de droite. Cela enlève tout effet de surprise à l’installation et la rend très reposante. 

« Bras cassées »  (cinq moulages de plâtre, bandages, 2012) sont des mains blanches suspendues. Elles sont enroulées de bandes rouges qui tombent jusqu’à terre. Ici encore, rien n’est agressif. Le blanc des mains est très neutre. Les délicates bandes rouges apportent une vie, un léger frémissement. 

Le travail de Chloé Tallot est sensuel et éthéré comme de la dentelle. Le rouge brillant apporte richesse et noblesse. C’est une exposition saturée, pleine, qui remplit notre vue. Nous sommes en extase.  


Entretien avec Chloé Tallot : 

Nicolas Goulette : Vous semblez aimer les couleurs primaires saturées. Pourquoi ? Qu’est-ce qu’elles vous apportent ?

Chloé Tallot : J’ai travaillé sur le RVB : le rouge, vert, bleu qui sont constitutives de la vidéo. C’est un travail vidéo sur le portrait. C’est un choix. Ces trois couleurs construisent toutes les couleurs qui existent. J’aime bien cette idée de reprendre les couleurs vidéo et les bâtonnets, parce que cela constitue aussi la manière dont notre œil fonctionne physiquement. On a des petits bâtonnets qui perçoivent ces couleurs-là, le rouge, le vert et le bleu. Je les transcris dans mon expérience de photographe, de vidéaste.

Vous semblez préférer les univers confortables, beaux, sécurisants, où l’on se sent bien. Est-ce que c’est quelque chose que vous recherchez,  cette sécurité, cette beauté,  dans votre travail ?

Je ne sais pas si vous dites cela par rapport à la personne de Jérôme Clément que j’interviewe. C’est un travail sur le portrait. J’ai cherché à lui poser des questions qui m’intéressaient. J’ai eu envie d’apprendre de cette personne, de faire un portrait un peu particulier. Est-ce que c’est chercher la sécurité ? Je ne sais pas. C’est chercher à comprendre, chercher à s’approcher de gens qui attirent des ondes intéressantes. 

C’est un écrivain, un homme de télévision, un homme public, fondateur d’une télévision culturelle, qui a dit « l’intelligence c’est possible », qui a dit « la confiance, c’est possible », qui a dit des choses assez utopiques qui ont un rayonnement européen. Il écrit des livres qui m’ont touché à différents niveaux. Il y a aussi toute son histoire personnelle qu’il a écrit dans « Plus tard, tu comprendras ». Il a fait un livre sur le suicide de Pierre Bérégovoy. Je ne trouve pas cela très confortable. C’est juste très intéressant humainement. Alors, est-ce que je cherche à faire des choses confortables ? Je ne me suis pas du tout posé la question comme cela.

Quel artistes vous plaisent ou vous inspirent ? 

Beaucoup. Il y a des premières références d’enfance. Il y a des références en vidéo, des références plus contemporaines, sans frontière, différentes pièces de différents artistes. La liste serait trop longue.




Chloé Tallot
"Forcément on pense au rouge" Jérôme Clément
Jusqu'au 9 février 2013

Galerie Suzanne Tarasieve Paris / Loft 19
Passage de l'Atlas / 5, Villa Marcel Lods
75019 Paris

http://www.chloetallot.com

dimanche 6 janvier 2013

Anselm Kiefer


La galerie Thaddaeus Ropac expose sur son site de de Pantin les toiles monumentales d’Anselm Kiefer, né en Allemagne en 1945.

En entrant dans cet ancien site industriel, on croit visiter une cathédrale moderne tant ses dimensions sont immenses.  Le plafond est haut, les murs sont espacés, et tout est blanc. 

Approchons-nous des grands tableaux d’Anselm Kiefer. 

« Mutterkorn » (huile, émulsion, acrylique, gomme-laque et craie sur toile, 280 * 760 cm) est une toile montrant des épis de seigle d’un jaune puissant et acéré sur le fond sombre du ciel. Les gros traits de peinture bataillent pour se frayer un chemin dans la jungle de la toile. Dans le ciel, des dorures affleurent à la surface de la peinture. Un passage blanc se dessine au milieu des épis, dans ce monde surnaturel. 

« Für Rabbi Low » (huile, émulsion, acrylique, gomme-laque, résidu d’électrolyse, craie, fer et sel sur toile, 380 * 560 cm) représente un horizon marin. Les vagues déferlent sur nous, les nuages sont désordonnés et mouvants avec leur épaisse pâte de peinture craquelée. Devant la toile, l’artiste a placé une grande balance. Serions-nous au paradis, blanc et majestueux, devant la balance du jugement dernier ?


Anselm Kiefer
Die Ungeborenen (les non-nés)
Jusqu’au 27 janvier 2013

Galerie Thaddaeus Ropac
69, avenue du Général Leclerc
93500 Pantin