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samedi 31 mai 2014

Gérard Stricher

Gérard Stricher expose jusqu'au 20 juillet 2014 à la galerie Mézières à Auvers-sur-Oise (Val d'Oise). Avec son art, Gérard Stricher nous plonge dans un bouillonnement de vie, une peinture en fusion, un mélange de lutte contre la matière et de pop art.

Attention, c'est chaud

« L'homme qui pensait »
Huile sur toile
146 x 114 cm

Les peintures de Gérard Stricher sont comme des jouets aux couleurs qui brillent. Ces couleurs sont mélangées avec de la peinture plus rocailleuse. Des mouvements en blanc traversent les toiles et apportent lumière et calme.

Les touches de peinture fournissent la troisième dimension aux tableaux. Par endroit, l'épaisseur est telle que cela accentue la profondeur de l'arrière-plan.

Les formes semblent fondre sous l'effet de la chaleur dans les tableaux de Gérard Stricher. Si l'ensemble bouillonne et vit intensément, le fond marron que l'on aperçoit dans les coins apaise et donne une assise aux tableaux.

Dans « l'homme qui pensait », on voit une tête. On reconnait des yeux noirs et une bouche rouge. Le bleu donne de la fraicheur au milieu de cette lave en fusion.


Gérard Stricher
jusqu'au 20 juillet 2014

Galerie Mézières
45, rue Rémy
95430 Auvers-sur-Oise

mardi 13 mai 2014

L'art alternatif

Le 2 octobre 2012, après la fermeture du squat du Tacheles à Berlin, le Journal International expliquait qu'il s'agissait de « la fin d'une époque alternative dans la capitale allemande. » ( Disponible sur : http://www.lejournalinternational.fr/La-fin-de-l-art-alternatif-berlinois_a145.html ) Existe-t-il un art alternatif aux institutions ? L'art que l'on voit dans les squats d’artistes a-t-il quelque chose de différent ? Y a-t-il une esthétique qui va contre le système marchand ?

Peu d'artistes ont cette démarche. Ceux qui se placent dans la continuité de Guy Debord et de l'internationale situationniste sont rares. Ils ont pourtant un regard critique sur le fonctionnement des galeries et de leurs écuries d’artistes. Il est difficile de trouver une définition de l'art alternatif. L'adjectif alternatif est utilisé pour qualifier quelque chose qui s'oppose à une thèse. Encore faut-il définir cette thèse à laquelle s'opposerait l'art alternatif. On en trouve un exemple chez Marion Guillot. Elle a étudié l'art contemporain roumain après la révolution de 1989 :

« Dans toute cette étude, il sera confondu la notion d'art contemporain et d'art alternatif. L'art alternatif a alors un signifiant qui comprend la notion de différence et un signifié qui englobe la notion d'immédiateté. Il est alors un syntagme de l'art contemporain "de notre temps". La discipline importe peu, tout comme les supports, par contre le message de l'artiste doit être en rupture totale avec la période précédente. » ( Marion GUILLOT : « Les conditions d'émergence des nouvelles générations d'artistes roumains : de la révolution à nos jours. » Mémoire de fin d’étude. Paris : ESARTS Ecole Supérieure de Gestion et Médiation des Arts, 2005, 154p. )

Une piste de recherche pour cadrer l'art alternatif consiste à étudier le lieu où il est fait. On pourrait alors chercher des espaces alternatifs qui s'opposeraient aux murs blancs des musées et des galeries. A défaut d'esthétique alternative, il est plus facile de trouver des ateliers alternatifs. Cristelle Terroni a analysé les lieux d'art new yorkais :

«Plusieurs facteurs expliquent que les espaces alternatifs ne ressemblent pas aux volumes blancs des galeries (...). Il y a tout d'abord la contrainte économique (...). Mais la nature brute des lieux est par la suite préservée comme faisant partie intégrante d'une esthétique revendiquée par certains artistes, dont les installations s'attaquent directement à l'espace mis à leur disposition. » ( Cristelle TERRONI : « Essor et déclin des espaces alternatifs. » Disponible sur : http://www.laviedesidees.fr/Essor-et-declin-des-espaces.html )

En fait, les meilleures pistes de recherche de l'art alternatif se trouvent dans l'histoire de l'art. Le 19ème siècle regorge de formes d'art qui se voulaient ouvert au plus grand nombre en opposition à un art élitiste. Prenons l'exemple de Gustave Courbet avec l’article de Thomas Schlesser ( Thomas SCHLESSER : « Le réalisme de Courbet. De la démocratie dans l’art à l’anarchie. » Disponible sur : http://imagesrevues.revues.org/322 ) :

« Courbet développe plus avant l'opposition entre la dimension démocratique du réalisme et la dimension aristocratique de l'idéal en relevant deux fonctionnements contraires dans la réception : un premier que l'on pourrait qualifier de vertical (ou immanent) et un second que l'on pourrait qualifier de vertical (ou transcendant). En parlant "d'effort" individuel permettant au peuple "d'être instruit" (...), Courbet semble situer le réalisme au niveau du peuple afin d'en favoriser l'émancipation par la prise de conscience. Il y a là une immanence évidente où sont placés sur un même plan la production picturale et sa réception critique. L'idéal fonctionne au contraire sur un mode transcendantal et, par conséquent, religieux. »

Au fond l'art alternatif est très relatif. On peut même dire que tout art est alternatif à quelque chose. Le photographe Vulù ( http://www.vulu.book.fr ) occupait le squat Le Bloc dans le 19ème arrondissement de Paris en 2013. A la question « votre art est-il alternatif ? », Vulù répondait : « Oui, la distinction alternative peut s’appliquer pour mon art dans le sens où, à l’ère où la tendance se veut conceptuelle et abstraite, moi je suis très figuratif. »