Dans "L'art et l'illusion", E.H. Gombrich montre que la vision de la réalité dans un tableau n'est qu'une illusion. Exécuter une œuvre, ou la regarder, s'appuie sur des mécanismes inconscients. Entrent en jeu notre culture et les œuvres d'art du passé que nous avons déjà vu.
Nous constatons qu'à chaque époque de l'histoire de l'art correspond un style particulier reconnaissable. Pour les historiens de l'art, l'influence des maîtres du passé joue un rôle dans les créations artistiques.
Nous pensons que les peintures paysagistes reproduisent la réalité, mais c'est loin d'être le cas. Nous ne savons rien des moments d'observation du peintre, des mécanismes de la pensée l'ayant amené à exécuter son tableau. Dans l'histoire de l'art, nous avons de multiples exemples de peintures et gravures se disant réalistes, mais qui, pour le spectateur du 21ème siècle, ne le sont pas. Les peintres ont toujours inconsciemment en tête des modèles, des valeurs sur lesquelles ils s'appuient, même pour "représenter fidèlement" la nature. Ces modèles et valeurs sont arbitraires.
Gombrich aborde également la question des symboles dans une œuvre d'art. Selon lui, entre la réalité et l'image, il y a les symboles, dont se servent les artistes. Il y a des images ou des sculptures dont nous nous plaisons à imaginer qu'elles pourraient être réelles, tout en sachant qu'elles ne le sont pas. Cette forme d'imagination plaisante, n'est ce pas cela, l'art ?
Autre thèse de Gombrich : le spectateur est aussi un créateur. Le spectateur perçoit l'image. Petit à petit, la peinture à l'huile a évolué vers le fait que le spectateur doive chercher son bonheur dans le tableau. Dans l'art contemporain, si l'on retrouve l'imitation de la nature, il se rajoute un concept de jeu du tableau, une déformation du sujet par les caractéristiques du médium. Ces caractéristiques du médium apportent une richesse supplémentaire et plus de subtilité.
Concernant la perspective, nous savons que les règles de la perspective ne sont pas exactement conformes à la réalité. Mais, nous dit Gombrich, cette affirmation n'a aucun sens. En effet, si nous savons qu'une ligne droite est vue légèrement incurvée, nous l'interprétons comme étant droite. Sur le tableau, devons-nous tracer cette ligne incurvée pour correspondre à ce que nous voyons, ou droite, pour correspondre à ce que nous savons de la réalité ? Face à un tableau plus grand que la taille humaine, cette question prend toute son actualité.
En conclusion, Gombrich nous rappelle que, face à un tableau, chacun de nous exprime et interprète les choses différemment.
E.H. Gombrich, L'art et l'illusion, psychologie de la représentation picturale, Paris, 2002
dimanche 3 juillet 2011
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