Gerhard Richter présente au Centre Pompidou ses peintures réalisées depuis 40 ans. Nous y voyons une spectaculaire maîtrise technique, une facilité à peindre, une grande variété des thèmes abordés, une production large en format et en quantité.
Gerhard Richter est né en Allemagne de l’Est en 1932. Avant 1961, date à laquelle il passe à l’Ouest, il menait une carrière de peintre muraliste, réalisant des fresques sur commandes de l’Etat. En Allemagne de l’Ouest, Richter commence par des œuvres figuratives. Il s’inspire de photos de son oncle et sa tante. Les peintures sont en noir et blanc, simulant ces vielles photographies que l’on retrouve dans les albums de famille.
Les années 1970 sont pour Gerhard Richter une période de doutes. Alors qu’il continue à peindre, de nouveaux médiums sont utilisés par les artistes : vidéo, performances, art conceptuel annoncent la fin de la peinture sur toile. Richter réalise des images de villes, des paysages urbains, immeubles vus de haut, des paysages de montagnes, de mers et de nuages.
Au cours de la décennie 1970 – 1980, il peint des toiles abstraites, des rectangles colorés, comme des nuanciers de couleurs. A la fin des années 1970, ses peintures montrent des formes floues, des éclairs lumineux.
En parallèle de ses toiles abstraites, Richter réalise des paysages figuratifs. Ces toiles, qui sont extrêmement finies, semblent être des photographies. On croit regarder des photographies. Ou plutôt, car nous savons qu’une peinture n’est qu’un artifice, nous regardons une toile, et nous nous plaisons à imaginer que nous regardons une photographie. La force, l’enchantement, la beauté facile de la peinture jouent à fond.
Redevenons réaliste avec les tableaux abstraits des années 1980, des traces, des aplats colorés. Contrastes de valeurs, contrastes de couleurs, fins traits étirés, grosses traces raclées.
Années 1990 : des vases, des portraits. Toiles abstraites et figuratives cohabitent. Années 2000 : abstraction, contrastes noir / blanc. Couleurs.
Entrons dans les salles d’exposition du Centre Pompidou et commençons par les tableaux non figuratifs.
« Etude de nuage (abstrait) », 1970, huile sur toile.
Nous sommes dans un espace cotonneux. Pas de distinction entre les amas de couleur. La peinture est fondue, comme diluée. C’est l’effet mélangé de l’aquarelle et la profondeur de l’huile.
« Détail (rouge – bleu) », 1970, huile sur toile.
Là encore, la peinture est veloutée, elle n’est jamais dure ou cassante. Ce « détail », ainsi que s’appelle cette œuvre, est un grand mouvement rouge du bas vers la droite. Il y a du violet ondulant et du blanc présent. Des couleurs chaudes, une atmosphère moite.
« Peinture abstraite », 1983, huile sur toile.
Un petit format. Vert sur rouge. Très chaud, tropical.
« Peinture abstraite », 1987, huile sur toile.
Grand format. La peinture est raclée sur la toile en couches épaisses. Des touches, des taches, voilà ce que nous sert Gerhard Richter dans ce plat plus pimenté que les autres.
« Forêt », 1990, huile sur toile.
Encore un très grand format, sombre, bleu nuit. Des touches jaunes ressortent. C’est une nuit acide.
« Peinture abstraite », 1990, huile sur toile.
De la peinture, toujours de la peinture. Allons-nous digérer tout cela ? Elle est raclée horizontalement, révélant des formes de couleur alternativement gris-rouge, et vert-blanc.
« Peinture abstraite », 1992, huile sur aluminium.
Du blanc étalé de gauche à droite. Ca et là, à force de racler, on arrive au support. Un support étonnant : de l’aluminium. C’est un tableau industriel, moderne finalement, qui rompt avec le romantisme de l’huile sur toile.
Arrêtons-nous maintenant devant les œuvres figuratives.
« Betty », 1988, huile sur toile.
Une leçon de peinture, comme on en prend en allant au Louvre. C’est très beau, très brillant, et le vernis de la toile n’arrange rien.
« Abattu par balle 1-2 », 1988, huile sur toile.
Deux tableaux qui représentent une personne étendue sur le sol, un bras écarté. C’est noir et blanc. Le noir domine. C’est pessimiste.
« Pendue », 1988, huile sur toile.
Ce n’est pas gai non plus. Nous voyons des tons fondus, une silhouette verticale dans une pièce. A l’avant plan, une grosse masse sombre.
« Cellule », 1988, huile sur toile.
La peinture est raclée de haut en bas. Génial. Cela change des mouvements de gauche à droite que l’on a vu jusque là. Nous croyons être dans une pièce avec une bibliothèque et des livres, innombrables petits traits noirs verticaux.
« Autoportrait », 1996, huile sur toile.
Nous devinons une tête, floue, sur un fond sombre. La lumière du visage est blafarde et arrive difficilement jusqu’à nous. Artiste virtuose, trop facile, Gerhard Richter a peut-être voulu se lancer un défi en faisant tendre ce portrait vers l’abstraction.
« Maison dans la forêt », 2004, huile sur toile.
Une belle œuvre. Nous surplombons la forêt sur fond de montagne. Le ciel est bleu-gris. Nous rêvons, dans cette toile. Un peu trop. Gerhard Richter va décidément à l’encontre des « pratiques artistiques contemporaines », comme on dit.
Revenons à l’abstraction de ces dernières années, avec une série de grands tableaux, et une nouvelle technique, le numérique.
« Cage (1-6) », 2006, huile sur toile.
Six grandes toiles carrées. Des gris colorés apparaissent. Une couleur de métal. Cela évoque un grand hangar alternatif, chic et cher.
« Strip », 2011, impression numérique sur papier.
Ce n’est plus de la peinture. Mais ce sont toujours des traits horizontaux. Des stries colorées, impeccablement droites grâce au numérique. Noue ne pouvons pas lutter. Cette œuvre a quelque chose de surhumain. Elle va trop vite pour nous.
Gerhard Richter, jusqu'au 24 septembre 2012
Centre Pompidou, Paris
Gerhard Richter est né en Allemagne de l’Est en 1932. Avant 1961, date à laquelle il passe à l’Ouest, il menait une carrière de peintre muraliste, réalisant des fresques sur commandes de l’Etat. En Allemagne de l’Ouest, Richter commence par des œuvres figuratives. Il s’inspire de photos de son oncle et sa tante. Les peintures sont en noir et blanc, simulant ces vielles photographies que l’on retrouve dans les albums de famille.
Les années 1970 sont pour Gerhard Richter une période de doutes. Alors qu’il continue à peindre, de nouveaux médiums sont utilisés par les artistes : vidéo, performances, art conceptuel annoncent la fin de la peinture sur toile. Richter réalise des images de villes, des paysages urbains, immeubles vus de haut, des paysages de montagnes, de mers et de nuages.
Au cours de la décennie 1970 – 1980, il peint des toiles abstraites, des rectangles colorés, comme des nuanciers de couleurs. A la fin des années 1970, ses peintures montrent des formes floues, des éclairs lumineux.
En parallèle de ses toiles abstraites, Richter réalise des paysages figuratifs. Ces toiles, qui sont extrêmement finies, semblent être des photographies. On croit regarder des photographies. Ou plutôt, car nous savons qu’une peinture n’est qu’un artifice, nous regardons une toile, et nous nous plaisons à imaginer que nous regardons une photographie. La force, l’enchantement, la beauté facile de la peinture jouent à fond.
Redevenons réaliste avec les tableaux abstraits des années 1980, des traces, des aplats colorés. Contrastes de valeurs, contrastes de couleurs, fins traits étirés, grosses traces raclées.
Années 1990 : des vases, des portraits. Toiles abstraites et figuratives cohabitent. Années 2000 : abstraction, contrastes noir / blanc. Couleurs.
Entrons dans les salles d’exposition du Centre Pompidou et commençons par les tableaux non figuratifs.
« Etude de nuage (abstrait) », 1970, huile sur toile.
Nous sommes dans un espace cotonneux. Pas de distinction entre les amas de couleur. La peinture est fondue, comme diluée. C’est l’effet mélangé de l’aquarelle et la profondeur de l’huile.
« Détail (rouge – bleu) », 1970, huile sur toile.
Là encore, la peinture est veloutée, elle n’est jamais dure ou cassante. Ce « détail », ainsi que s’appelle cette œuvre, est un grand mouvement rouge du bas vers la droite. Il y a du violet ondulant et du blanc présent. Des couleurs chaudes, une atmosphère moite.
« Peinture abstraite », 1983, huile sur toile.
Un petit format. Vert sur rouge. Très chaud, tropical.
« Peinture abstraite », 1987, huile sur toile.
Grand format. La peinture est raclée sur la toile en couches épaisses. Des touches, des taches, voilà ce que nous sert Gerhard Richter dans ce plat plus pimenté que les autres.
« Forêt », 1990, huile sur toile.
Encore un très grand format, sombre, bleu nuit. Des touches jaunes ressortent. C’est une nuit acide.
« Peinture abstraite », 1990, huile sur toile.
De la peinture, toujours de la peinture. Allons-nous digérer tout cela ? Elle est raclée horizontalement, révélant des formes de couleur alternativement gris-rouge, et vert-blanc.
« Peinture abstraite », 1992, huile sur aluminium.
Du blanc étalé de gauche à droite. Ca et là, à force de racler, on arrive au support. Un support étonnant : de l’aluminium. C’est un tableau industriel, moderne finalement, qui rompt avec le romantisme de l’huile sur toile.
Arrêtons-nous maintenant devant les œuvres figuratives.
« Betty », 1988, huile sur toile.
Une leçon de peinture, comme on en prend en allant au Louvre. C’est très beau, très brillant, et le vernis de la toile n’arrange rien.
« Abattu par balle 1-2 », 1988, huile sur toile.
Deux tableaux qui représentent une personne étendue sur le sol, un bras écarté. C’est noir et blanc. Le noir domine. C’est pessimiste.
« Pendue », 1988, huile sur toile.
Ce n’est pas gai non plus. Nous voyons des tons fondus, une silhouette verticale dans une pièce. A l’avant plan, une grosse masse sombre.
« Cellule », 1988, huile sur toile.
La peinture est raclée de haut en bas. Génial. Cela change des mouvements de gauche à droite que l’on a vu jusque là. Nous croyons être dans une pièce avec une bibliothèque et des livres, innombrables petits traits noirs verticaux.
« Autoportrait », 1996, huile sur toile.
Nous devinons une tête, floue, sur un fond sombre. La lumière du visage est blafarde et arrive difficilement jusqu’à nous. Artiste virtuose, trop facile, Gerhard Richter a peut-être voulu se lancer un défi en faisant tendre ce portrait vers l’abstraction.
« Maison dans la forêt », 2004, huile sur toile.
Une belle œuvre. Nous surplombons la forêt sur fond de montagne. Le ciel est bleu-gris. Nous rêvons, dans cette toile. Un peu trop. Gerhard Richter va décidément à l’encontre des « pratiques artistiques contemporaines », comme on dit.
Revenons à l’abstraction de ces dernières années, avec une série de grands tableaux, et une nouvelle technique, le numérique.
« Cage (1-6) », 2006, huile sur toile.
Six grandes toiles carrées. Des gris colorés apparaissent. Une couleur de métal. Cela évoque un grand hangar alternatif, chic et cher.
« Strip », 2011, impression numérique sur papier.
Ce n’est plus de la peinture. Mais ce sont toujours des traits horizontaux. Des stries colorées, impeccablement droites grâce au numérique. Noue ne pouvons pas lutter. Cette œuvre a quelque chose de surhumain. Elle va trop vite pour nous.
Gerhard Richter, jusqu'au 24 septembre 2012
Centre Pompidou, Paris