Le Centre Pompidou présente une rétrospective des travaux de Salvador Dali. Multi-artiste, peintre génial, réalisateur de films, acteur de performances, créateur d’installations plus ou moins kitch, Salvador Dali montre dans ses œuvres des univers fantasmés et torturés, passant de l’érotisme à l’évocation de la religion et de l’art classique.
Dali est né en 1904 en Catalogne. Ses premières peintures subissent diverses influences : les grands aplats de Ingres, les personnages cubistes de Picasso, les villes idéales de Chirico, les natures mortes de Morandi.
A partir de 1929, il intègre le mouvement surréaliste d’André Breton. Mais, contrairement à ce dernier qui comprend le surréalisme comme la représentation d’indices de formes non explicitées, Dali montre réellement les objets qu’il souhaite exprimer en dessinant leur métamorphose d’un univers à l’autre.
« La mémoire de la femme enfant » (1929, huile et collage sur toile) représente un buste de femme, la tête penchée vers la droite, les yeux clos. De ce buste sort une grande statue de cire avec des mains et des têtes à moitié fondues. Des cavités apparaissent avec, en creux, l’image de la Joconde et de Napoléon. En bas du tableau, des ruines antiques, des sapins, tout un monde de folie. Au fond, on retrouve l'homme et la femme priant que Jean-François Millet a peint dans son « Angélus » en 1858.
« Apparition d’un visage et d’un compotier sur une plage » (1938, huile sur toile) montre une étendue de sable plate comme une nappe sur une table. Au dessus, une scène orientale fait penser aux aquarelles d’Eugène Delacroix au Maroc. Une grosse tête de chien apparaît devant le paysage de rochers au bord de la mer. On devine un grand visage au devant de la scène avec un compotier en guise de front. L’ambiance est chaude, méridionale, espagnole.
Avec « la tentation de Saint Antoine » (1946, huile sur toile), Dali peint un homme aux cheveux hirsutes, nu, tenant une croix le bras tendu. Il veut repousser le cheval et la horde d’éléphants qui s’avancent vers lui. Les éléphants portent des objets sur leurs dos: un socle de statue, une colonne triangulaire, un temple antique. Face à l’invasion des éléments païens, Dali se représente en Saint Antoine résistant vaillamment.
« Portrait de mon frère mort » (1963, huile sur toile) est un paysage plat à l'horizon lointain. C'est une grande étendue où se trouvent des soldats moyenâgeux qui pourraient sortir d'un tableau de Vélasquez. Vu de loin se dessine une grande tête de garçon faite de multiples points. Points qui se transforment en casques de soldats, en cerises ou en atomes reliés entre eux. Une peinture étrange dans laquelle il y a beaucoup de détails à découvrir.
Les toiles de Dali ont toujours une duplicité. Elles montrent deux mondes à la fois et les formes passent de l’un à l’autre. Dali recréé ses expériences vécues en les entourant de riches atours, en les exhibant et en s'exhibant lui-même. Avec cette démarche, il exprime ses désirs en les plaçant dans des scènes bizarres.
Salvador Dali s'éteint en 1989.
Salvador Dali
Jusqu’au 25 mars 2013
Centre Pompidou
Paris