Zetta expose ses sculptures en terre à la mairie de Saint-Ouen l'Aumône. Ces œuvres mettent à l'honneur l'Afrique et la féminité, thèmes auxquels est attaché cette artiste originaire d'Haïti.
"Annette Piebateau" est une grosse maman qui nous regarde, nous reprochant d'avoir fait une bêtise. C'est une terre cuite, chaude, parfumée, colorée aux piments des îles. Elle a une tête malmenée, de gros yeux et un nez aplatis, une petite bouche, un long cou, des pieds grossièrement ébauchés. C'est une sculpture petite, mais généreuse, une référence aux arts africains.
"Antoinette" est une femme sur la pointe des pieds, qui se donne à nous, nue, yeux fermés, bras étendus le long du corps. Elle paraît allongée bien que debout. Elle est dans un état fragile comme si elle dormait devant nous. Elle est passive, semblant nous attendre. C'est une plongeuse endormie, elle plonge dans les rêves, dans les mythes des origines de l'humanité.
"Féminine" représente quatre bustes de femmes côtes à côtes, collées, mettant en commun leurs épaules, leurs chevelures, leurs corps. Elles ont la peau marron, les cheveux noirs. Elles sont drôles et souriantes. L'une d'entre elle n'a pas de nez ni de bouche, une autre n'a pas d'yeux. Elles sont les génies de l'humanité, sa source et son avenir. Ce ne sont pas les Trois Grâces, mais les quatre grâces, symboles d'une multitude de grâces. Des grâces tournées vers tous les côtés, signifiant qu'elles se trouvent partout, qu'elles ne sauraient être réduites à cette sculpture posée sur son socle.
"Cavalière brune" est une femme en large robe chevauchant un groupe de quatre personnages. L'un deux lève sa grande main comme pour témoigner qu'il est là. Elle a une tête fine et les traits délicats, contrairement aux hommes dont les têtes sont grossièrement faites, avec des cheveux et des barbes hirsutes. Elle se tient debout, droite, les pieds fermement appuyés que le sol, la main caressant une des têtes. Cette cavalière domine fièrement ses quatre enfants, ou des quatre maris, ou sa tribu, ses concitoyens, son humanité.
Zetta
Exposition jusqu'au 16 décembre 2011
Hôtel de Ville
2, place Pierre Mendès-France
95310 Saint-Ouen l'Aumône
Vidéo de l'exposition : http://youtu.be/VgKzecKUrBM
mardi 29 novembre 2011
lundi 21 novembre 2011
Maïtena Barret
Parmi les nombreux artistes qui travaillent et exposent au 59 Rivoli, nous pouvons faire la rencontre de Maïtena Barret. Elle réalise des peintures sur papier kraft, fraîches et sympathiques. Ce sont de grands dessins, des portraits, des personnages en pied, des animaux, chiens et poissons notamment. Les portraits sont vivants avec leurs mines variées, souriants ou fatigués, furieux ou interrogateurs. Parfois, les quadrillages numérotés restent apparents sur le fond des papiers kraft. Toutes ces œuvres sont peintes en touches expressives et colorées.
Les travaux de Maïtena Barret sont de drôles de tranches de vie. On adore les gros traits blancs qui illuminent les papiers et la pièce où ils sont exposés.
www.maitenabarret.com
59, rue de Rivoli
75001 Paris
www.59rivoli.org
Les travaux de Maïtena Barret sont de drôles de tranches de vie. On adore les gros traits blancs qui illuminent les papiers et la pièce où ils sont exposés.
www.maitenabarret.com
59, rue de Rivoli
75001 Paris
www.59rivoli.org
lundi 14 novembre 2011
Laurent Godard
Connaissez-vous Flateurville ? Dans le dixième arrondissement de Paris, un ancien atelier de confection textile a été reconverti par Laurent Godard. C'est maintenant un capharnaüm underground, magnifié par le travail pictural de ce peintre.
Ce lieu a une histoire. Pas une histoire au sens d'un passé, mais on y raconte une histoire. A Flateurville, bourgade délabrée et squattée, Marcel fait du trafic de fleur bleue, dont la consommation est très réglementée. Après un séjour en prison, Marcel devient gardien de la piscine de Flateurville, aussi délabrée et taguée que le village. Voilà pour l'histoire.
Flateurville est surtout le lieu d'exposition des grandes toiles de Laurent Godard, peintre, et également conteur d'histoires. Nous voyons des portraits avec des coulures, aux traits lâchés et déliés. Certains sont réalisés en traits noirs sur fond blanc. D'autres, dans la grande tradition du clair-obscur, représentent des grandes têtes éclairées, se détachant d'un fond sombre. Ces toiles sont douces, agréables et sympathiques. C'est une galerie de personnages, imposants par leurs tailles, qui nous regardent de leurs grands yeux bienveillants, étonnés de nous voir étonnés par ce lieu. Nous y voyons bien entendu des autoportraits.
Ce lieu est enchanté. Les soirs de vernissages, quand la nuit tombe et que la musique commence à s'entendre, assis dans les fauteuils, on perd ses repères. Dans chacune des salles, les puissantes toiles sont comme des trésors qui nous accompagnent. L'art, on ne peut plus vivant, nous a inoculé son venin.
Trois questions à Laurent Godard :
Quels artistes classiques te plaisent ou t'inspirent ?
Chaïm Soutine, Egon Schiele, Oskar Kokoschka, John Cassavetes, Tim Burton.
Est-ce que tu exposes dans des galeries, dans des lieux officiels ?
Un peu, mais pas beaucoup. Je suis un peu marginal, hors système. Je contourne le système pour mieux rentrer dedans. Je prépare la révolution, la révolution humaine.
Qu'as-tu l'intention de faire en peinture dans le futur ?
Des tapis, des portraits sur tapis.
Flateurville
24 cours des petites écuries
75010 Paris
http://www.flateurblog.com/
Ce lieu a une histoire. Pas une histoire au sens d'un passé, mais on y raconte une histoire. A Flateurville, bourgade délabrée et squattée, Marcel fait du trafic de fleur bleue, dont la consommation est très réglementée. Après un séjour en prison, Marcel devient gardien de la piscine de Flateurville, aussi délabrée et taguée que le village. Voilà pour l'histoire.
Flateurville est surtout le lieu d'exposition des grandes toiles de Laurent Godard, peintre, et également conteur d'histoires. Nous voyons des portraits avec des coulures, aux traits lâchés et déliés. Certains sont réalisés en traits noirs sur fond blanc. D'autres, dans la grande tradition du clair-obscur, représentent des grandes têtes éclairées, se détachant d'un fond sombre. Ces toiles sont douces, agréables et sympathiques. C'est une galerie de personnages, imposants par leurs tailles, qui nous regardent de leurs grands yeux bienveillants, étonnés de nous voir étonnés par ce lieu. Nous y voyons bien entendu des autoportraits.
Ce lieu est enchanté. Les soirs de vernissages, quand la nuit tombe et que la musique commence à s'entendre, assis dans les fauteuils, on perd ses repères. Dans chacune des salles, les puissantes toiles sont comme des trésors qui nous accompagnent. L'art, on ne peut plus vivant, nous a inoculé son venin.
Trois questions à Laurent Godard :
Quels artistes classiques te plaisent ou t'inspirent ?
Chaïm Soutine, Egon Schiele, Oskar Kokoschka, John Cassavetes, Tim Burton.
Est-ce que tu exposes dans des galeries, dans des lieux officiels ?
Un peu, mais pas beaucoup. Je suis un peu marginal, hors système. Je contourne le système pour mieux rentrer dedans. Je prépare la révolution, la révolution humaine.
Qu'as-tu l'intention de faire en peinture dans le futur ?
Des tapis, des portraits sur tapis.
Flateurville
24 cours des petites écuries
75010 Paris
http://www.flateurblog.com/
mardi 8 novembre 2011
Albert Albert
La galerie Cécile Charron expose les travaux d'Albert Albert, plasticien. L'artiste définit ses œuvres comme des "pheintures", à mi-chemin entre des photographies et des peintures. Il réalise en effet des compositions à partir de différents matériaux, qui, éclairés et photographiés de façon particulière, donnent naissance à des digigraphies sur papier, tirées en séries limitées.
Sur l'une des œuvres, de la série "La petite famille", un personnage est représenté. Nous voyons un maillot de corps gris, troué en son centre. Dans ce trou trône une sorte de haricot d'un marron chaud. La tête du personnage est figurée par une pipe pour le nez, des trames noires pour les yeux et la moustache, de la maille de fer pour les cheveux. L'ensemble est drôle et ironique. L'artiste joue avec les objets pour, en quelques manipulations, créer un monsieur aux cheveux hirsutes, moustachu, qui sent la pipe, et dont le maillot troué laisse voir ce que l'on croirait être son cœur.
Dans l'œuvre titrée "11 septembre - 1" se trouve un oiseau sur une branche verte, devant un paysage d'immeubles. Le haut du ciel est rouge, orageux semble-t-il avec des stries blanches. De la fumée s'échappe d'une cheminée ; un avion vole vers les tours. Dans l'angle supérieur gauche, une sorte d’œil, ou un soleil, regarde ou éclaire le paysage. Nous croyons voir dans ce tableau une scène dramatique. L'oiseau semble inquiet. La ville, tout d'abord, a une couleur laiteuse comme si elle était vue dans un brouillard menaçant l'environnement. Le ciel est menaçant. Quel est cet œil qui regarde le paysage ? Enfin, l'avion rouge vif s'approche trop près des immeubles d'un gris délicat.
Un troisième tableau évoque la guerre d'Espagne, avec du sang séché, un pistolet, des cartouches d'armes, de la poudre grise comme du ciment, un document d'identité espagnol, et les mots "Front", "facho", une phrase sur Franco. Nous voyons du rouge lumineux, du blanc qui transparaît entre les craquelures du sang, du gris dans les photos d'identité et le ciment, du noir sur le revolver. L'œuvre exprime la dureté des armes et les effusions de sang.
Le travail d'Albert Albert peut se voir sur plusieurs plans, avec plusieurs niveaux d'appréhensions. Il y a l'utilisation d'objets et de formes découpées par l'artiste, les agencements de poudres et de liquides, éclairés par dessous ou dessus. Puis vient la prise de vue, et le tirage sur papier. Ses "pheintures" sont bien le mélange de plusieurs concepts.
Trois questions à Albert Albert :
Quels artistes classiques vous plaisent ou vous inspirent ?
Il y en a beaucoup, la liste pourrait être très longue. Dali, Miro, je suis aussi très dadaïste. Il y a plein de choses, plein d'artistes. C'est vrai que je pioche un petit peu au niveau de ma source d'inspiration, mais après je créé des choses sans inspiration précise de quelqu'un.
J'ai vu qu'il y avait des lettres, des coupures de journaux. Qu'est ce que les lettres ou les mots apportent de plus à vos œuvres ?
Pour moi, c'est un message que j'ai envie de faire passer sur l'œuvre. Je trouve aussi qu'au niveau graphique, c'est intéressant. C'est une technique qui est vue et revue, certes, mais que je me suis approprié à ma sauce. Il y a certaines de ces écritures et de ces coupures de journaux qui sont mélangées avec la matière du tableau, donc ce n'est pas uniquement un collage. Déjà, ce n'est pas un collage, mais c'est quelque chose qui fait partie, qui vient se mélanger complètement avec l'œuvre.
Dans l'avenir, quelle direction artistique souhaitez-vous continuer à explorer ?
Continuer ce travail sur les matières, continuer à peindre avec des matières qui ne sont pas faites pour. Continuer à "pheinter", plus exactement. Continuer à m'amuser. Je travaille parfois à partir d'une thématique, parfois non. Je me fais alors guider par la matière et par l'émotion. L'émotion est toujours là, mais il y a des fois où il y a une thématique, et des fois où cette thématique n'est pas là. C'est alors plus le produit, ou le moment qui me guide.
Albert Albert
Exposition jusqu'au 25 novembre 2011
Galerie Cécile Charron
9, rue Alasseur - Village Suisse - 75015 Paris
www.galeriececilecharron.com
Sur l'une des œuvres, de la série "La petite famille", un personnage est représenté. Nous voyons un maillot de corps gris, troué en son centre. Dans ce trou trône une sorte de haricot d'un marron chaud. La tête du personnage est figurée par une pipe pour le nez, des trames noires pour les yeux et la moustache, de la maille de fer pour les cheveux. L'ensemble est drôle et ironique. L'artiste joue avec les objets pour, en quelques manipulations, créer un monsieur aux cheveux hirsutes, moustachu, qui sent la pipe, et dont le maillot troué laisse voir ce que l'on croirait être son cœur.
Dans l'œuvre titrée "11 septembre - 1" se trouve un oiseau sur une branche verte, devant un paysage d'immeubles. Le haut du ciel est rouge, orageux semble-t-il avec des stries blanches. De la fumée s'échappe d'une cheminée ; un avion vole vers les tours. Dans l'angle supérieur gauche, une sorte d’œil, ou un soleil, regarde ou éclaire le paysage. Nous croyons voir dans ce tableau une scène dramatique. L'oiseau semble inquiet. La ville, tout d'abord, a une couleur laiteuse comme si elle était vue dans un brouillard menaçant l'environnement. Le ciel est menaçant. Quel est cet œil qui regarde le paysage ? Enfin, l'avion rouge vif s'approche trop près des immeubles d'un gris délicat.
Un troisième tableau évoque la guerre d'Espagne, avec du sang séché, un pistolet, des cartouches d'armes, de la poudre grise comme du ciment, un document d'identité espagnol, et les mots "Front", "facho", une phrase sur Franco. Nous voyons du rouge lumineux, du blanc qui transparaît entre les craquelures du sang, du gris dans les photos d'identité et le ciment, du noir sur le revolver. L'œuvre exprime la dureté des armes et les effusions de sang.
Le travail d'Albert Albert peut se voir sur plusieurs plans, avec plusieurs niveaux d'appréhensions. Il y a l'utilisation d'objets et de formes découpées par l'artiste, les agencements de poudres et de liquides, éclairés par dessous ou dessus. Puis vient la prise de vue, et le tirage sur papier. Ses "pheintures" sont bien le mélange de plusieurs concepts.
Trois questions à Albert Albert :
Quels artistes classiques vous plaisent ou vous inspirent ?
Il y en a beaucoup, la liste pourrait être très longue. Dali, Miro, je suis aussi très dadaïste. Il y a plein de choses, plein d'artistes. C'est vrai que je pioche un petit peu au niveau de ma source d'inspiration, mais après je créé des choses sans inspiration précise de quelqu'un.
J'ai vu qu'il y avait des lettres, des coupures de journaux. Qu'est ce que les lettres ou les mots apportent de plus à vos œuvres ?
Pour moi, c'est un message que j'ai envie de faire passer sur l'œuvre. Je trouve aussi qu'au niveau graphique, c'est intéressant. C'est une technique qui est vue et revue, certes, mais que je me suis approprié à ma sauce. Il y a certaines de ces écritures et de ces coupures de journaux qui sont mélangées avec la matière du tableau, donc ce n'est pas uniquement un collage. Déjà, ce n'est pas un collage, mais c'est quelque chose qui fait partie, qui vient se mélanger complètement avec l'œuvre.
Dans l'avenir, quelle direction artistique souhaitez-vous continuer à explorer ?
Continuer ce travail sur les matières, continuer à peindre avec des matières qui ne sont pas faites pour. Continuer à "pheinter", plus exactement. Continuer à m'amuser. Je travaille parfois à partir d'une thématique, parfois non. Je me fais alors guider par la matière et par l'émotion. L'émotion est toujours là, mais il y a des fois où il y a une thématique, et des fois où cette thématique n'est pas là. C'est alors plus le produit, ou le moment qui me guide.
Albert Albert - "11 septembre - 1"
Albert Albert
Exposition jusqu'au 25 novembre 2011
Galerie Cécile Charron
9, rue Alasseur - Village Suisse - 75015 Paris
www.galeriececilecharron.com
mercredi 2 novembre 2011
Akiko Toriumi
Akiko Toriumi, artiste peintre née à Tokyo, réalise des œuvres brutes et primaires. Elle a exposé ses dessins, gravures, et peintures jusqu'en septembre 2011 à Pontoise, au musée Tavet. Les peintures sur toiles ont été réalisées au début des années 2000, les dessins sur papier sont plus récents.
En regardant cette exposition, on voit de l'art brut, de l'art abstrait avec des traces noires sur fond blanc, des collages de matières, de torchons, de chiffons sur la toile.
Nous avons des techniques mixtes sur toile, des techniques mixtes sur papier. Des formes chaudes, ocres, mal identifiées, avec parfois des éclaircies blanches. Ailleurs, des tons laiteux, verdâtres, avec toujours une sorte de grand ovale noir, et une couleur claire au centre. Nous croyons voir des formes organiques.
Les peintures sur toile sont travaillées en matières, craquelées. Sur une grande toile, nous avons des traces blanches épaisses, sur des fonds noirs avec des consonances vertes. De fins traits noirs évoquent des branches d'arbres. Nous voyons un étrange ovale allongé, entouré d'un trait noir, avec un intérieur blanc, une sorte d'ouverture.
Les travaux sur papier semblent plus chauds. Ils ont un fond ocre rouge, avec toujours des grosses traces noires. Sur un des dessins, nous voyons des triangles avec dans l'un d'eux des coulures noires verticales. On pense à une architecture médiévale grossière, avec une trace blanche qui refroidit l'ensemble. Sans ces touches blanches, le tableau pourrait s'embraser.
Sur une autre œuvre sur papier, on retrouve de gros traits rouges, avec au centre une matière plus solide. Deux rectangles blancs sont entourés de noir. On trouve un point rouge sur l'un d'eux, et une masse moins précisée sur l'autre, un étalage d'ocre. Le point rouge fixe le tableau, lui donne une assise.
Dans un autre dessin, nous avons carrément un fond très sombre. Des tons marron très chauds, avec des traces claires qui évoquent un paysage blanchâtre vu dans le brouillard. Une sorte de paysage qui émerge d'une tempête.
Le travail de Akiko Toriumi exprime des chaleurs, des formes organiques brutes, où percent des lumières froides.
On pense aux traces préhistoriques de charbon noir et de terre rouge. Le travail semble grossier. Il évoque les quatre éléments : le feu (le noir), la terre (l'ocre), l'air et l'eau (le blanc). Il semble que ce sont des visions oniriques, hors de la modernité.
Si la beauté a sa place dans ces œuvres, c'est une beauté primaire.
Trois questions à Akiko Toriumi :
Quels artistes classiques vous plaisent ou vous inspirent ?
J'aime beaucoup Giotto. Parmi les modernes, j'aime beaucoup Lucio Fontana, qui a coupé les toiles. J'aime aussi beaucoup Cy Twombly.
Je trouve que vos toiles les plus anciennes sont dans les tons froids, plus froids que les dessins les plus récents.
Oui, avant, j'utilisais des couleurs bleues, du bleu très foncé. Je n'ai jamais été fanatique d'utiliser des couleurs très vives. Au fur et à mesure, j'ai enlevé des petites choses, pour voir ce que cela donne. Le résultat est que c'est devenu presque noir et blanc, presque monochrome. Mais quand on regarde, sur les gris, il y a quand même des nuances. Je fabrique des gris différents.
Pour l'avenir, qu'est ce que vous aurez envie de faire en peinture, en art ?
J'ai envie de travailler sur papiers, carrément sur un grand papier. J'en ai un peu marre de cadrer les choses. Pour une exposition, on est obligé d'encadrer. J'aimerais un petit peu sortir ailleurs, travailler sur un objet par exemple. Et explorer de nouveaux matériaux.
En regardant cette exposition, on voit de l'art brut, de l'art abstrait avec des traces noires sur fond blanc, des collages de matières, de torchons, de chiffons sur la toile.
Nous avons des techniques mixtes sur toile, des techniques mixtes sur papier. Des formes chaudes, ocres, mal identifiées, avec parfois des éclaircies blanches. Ailleurs, des tons laiteux, verdâtres, avec toujours une sorte de grand ovale noir, et une couleur claire au centre. Nous croyons voir des formes organiques.
Les peintures sur toile sont travaillées en matières, craquelées. Sur une grande toile, nous avons des traces blanches épaisses, sur des fonds noirs avec des consonances vertes. De fins traits noirs évoquent des branches d'arbres. Nous voyons un étrange ovale allongé, entouré d'un trait noir, avec un intérieur blanc, une sorte d'ouverture.
Les travaux sur papier semblent plus chauds. Ils ont un fond ocre rouge, avec toujours des grosses traces noires. Sur un des dessins, nous voyons des triangles avec dans l'un d'eux des coulures noires verticales. On pense à une architecture médiévale grossière, avec une trace blanche qui refroidit l'ensemble. Sans ces touches blanches, le tableau pourrait s'embraser.
Sur une autre œuvre sur papier, on retrouve de gros traits rouges, avec au centre une matière plus solide. Deux rectangles blancs sont entourés de noir. On trouve un point rouge sur l'un d'eux, et une masse moins précisée sur l'autre, un étalage d'ocre. Le point rouge fixe le tableau, lui donne une assise.
Dans un autre dessin, nous avons carrément un fond très sombre. Des tons marron très chauds, avec des traces claires qui évoquent un paysage blanchâtre vu dans le brouillard. Une sorte de paysage qui émerge d'une tempête.
Le travail de Akiko Toriumi exprime des chaleurs, des formes organiques brutes, où percent des lumières froides.
On pense aux traces préhistoriques de charbon noir et de terre rouge. Le travail semble grossier. Il évoque les quatre éléments : le feu (le noir), la terre (l'ocre), l'air et l'eau (le blanc). Il semble que ce sont des visions oniriques, hors de la modernité.
Si la beauté a sa place dans ces œuvres, c'est une beauté primaire.
Trois questions à Akiko Toriumi :
Quels artistes classiques vous plaisent ou vous inspirent ?
J'aime beaucoup Giotto. Parmi les modernes, j'aime beaucoup Lucio Fontana, qui a coupé les toiles. J'aime aussi beaucoup Cy Twombly.
Je trouve que vos toiles les plus anciennes sont dans les tons froids, plus froids que les dessins les plus récents.
Oui, avant, j'utilisais des couleurs bleues, du bleu très foncé. Je n'ai jamais été fanatique d'utiliser des couleurs très vives. Au fur et à mesure, j'ai enlevé des petites choses, pour voir ce que cela donne. Le résultat est que c'est devenu presque noir et blanc, presque monochrome. Mais quand on regarde, sur les gris, il y a quand même des nuances. Je fabrique des gris différents.
Pour l'avenir, qu'est ce que vous aurez envie de faire en peinture, en art ?
J'ai envie de travailler sur papiers, carrément sur un grand papier. J'en ai un peu marre de cadrer les choses. Pour une exposition, on est obligé d'encadrer. J'aimerais un petit peu sortir ailleurs, travailler sur un objet par exemple. Et explorer de nouveaux matériaux.
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