Sur l'une des œuvres, de la série "La petite famille", un personnage est représenté. Nous voyons un maillot de corps gris, troué en son centre. Dans ce trou trône une sorte de haricot d'un marron chaud. La tête du personnage est figurée par une pipe pour le nez, des trames noires pour les yeux et la moustache, de la maille de fer pour les cheveux. L'ensemble est drôle et ironique. L'artiste joue avec les objets pour, en quelques manipulations, créer un monsieur aux cheveux hirsutes, moustachu, qui sent la pipe, et dont le maillot troué laisse voir ce que l'on croirait être son cœur.
Dans l'œuvre titrée "11 septembre - 1" se trouve un oiseau sur une branche verte, devant un paysage d'immeubles. Le haut du ciel est rouge, orageux semble-t-il avec des stries blanches. De la fumée s'échappe d'une cheminée ; un avion vole vers les tours. Dans l'angle supérieur gauche, une sorte d’œil, ou un soleil, regarde ou éclaire le paysage. Nous croyons voir dans ce tableau une scène dramatique. L'oiseau semble inquiet. La ville, tout d'abord, a une couleur laiteuse comme si elle était vue dans un brouillard menaçant l'environnement. Le ciel est menaçant. Quel est cet œil qui regarde le paysage ? Enfin, l'avion rouge vif s'approche trop près des immeubles d'un gris délicat.
Un troisième tableau évoque la guerre d'Espagne, avec du sang séché, un pistolet, des cartouches d'armes, de la poudre grise comme du ciment, un document d'identité espagnol, et les mots "Front", "facho", une phrase sur Franco. Nous voyons du rouge lumineux, du blanc qui transparaît entre les craquelures du sang, du gris dans les photos d'identité et le ciment, du noir sur le revolver. L'œuvre exprime la dureté des armes et les effusions de sang.
Le travail d'Albert Albert peut se voir sur plusieurs plans, avec plusieurs niveaux d'appréhensions. Il y a l'utilisation d'objets et de formes découpées par l'artiste, les agencements de poudres et de liquides, éclairés par dessous ou dessus. Puis vient la prise de vue, et le tirage sur papier. Ses "pheintures" sont bien le mélange de plusieurs concepts.
Trois questions à Albert Albert :
Quels artistes classiques vous plaisent ou vous inspirent ?
Il y en a beaucoup, la liste pourrait être très longue. Dali, Miro, je suis aussi très dadaïste. Il y a plein de choses, plein d'artistes. C'est vrai que je pioche un petit peu au niveau de ma source d'inspiration, mais après je créé des choses sans inspiration précise de quelqu'un.
J'ai vu qu'il y avait des lettres, des coupures de journaux. Qu'est ce que les lettres ou les mots apportent de plus à vos œuvres ?
Pour moi, c'est un message que j'ai envie de faire passer sur l'œuvre. Je trouve aussi qu'au niveau graphique, c'est intéressant. C'est une technique qui est vue et revue, certes, mais que je me suis approprié à ma sauce. Il y a certaines de ces écritures et de ces coupures de journaux qui sont mélangées avec la matière du tableau, donc ce n'est pas uniquement un collage. Déjà, ce n'est pas un collage, mais c'est quelque chose qui fait partie, qui vient se mélanger complètement avec l'œuvre.
Dans l'avenir, quelle direction artistique souhaitez-vous continuer à explorer ?
Continuer ce travail sur les matières, continuer à peindre avec des matières qui ne sont pas faites pour. Continuer à "pheinter", plus exactement. Continuer à m'amuser. Je travaille parfois à partir d'une thématique, parfois non. Je me fais alors guider par la matière et par l'émotion. L'émotion est toujours là, mais il y a des fois où il y a une thématique, et des fois où cette thématique n'est pas là. C'est alors plus le produit, ou le moment qui me guide.
Albert Albert - "11 septembre - 1"
Albert Albert
Exposition jusqu'au 25 novembre 2011
Galerie Cécile Charron
9, rue Alasseur - Village Suisse - 75015 Paris
www.galeriececilecharron.com
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