Christopher Wool expose ses grandes toiles au musée d’art moderne de la ville de Paris. Né en 1955 aux Etats-Unis, il a étudié la photographie et la peinture. Il a réalisé de nombreuses expositions : musée Boymans – van Beuningen à Rotterdam en 1991, museum of contemporary art à Los Angeles en 1998, musée d'art moderne et contemporain de Strasbourg en 2006, ainsi que plusieurs accrochages à la galerie Luhring Augustine à New York.
Dans la première salle du musée d’art moderne de la ville de Paris, nous voyons ce qui fait l’essence du travail de Christopher Wool : des tableaux en noir et blanc abstraits. Pas tout à fait en noir et blanc. Sur certaines toiles, nous avons des traits marron. Précisons que ces images ne sont pas comme les photographies en noir et blanc que nous avons l’habitude de voir. Chez Christopher Wool, le blanc et le noir ne sont pas sur le même plan, ils ne sont pas dans la même dimension.
Les noirs, les traits, les masses noires, sont traités en sérigraphie. Cela donne un côté lointain, éthéré. Ce sont comme des photographies figuratives. L’impression numérique de pigments sur support fait que nous interprétons le sujet comme étant « lointain », car vu à travers le prisme de la technique. Quant aux blancs, il s’agit de « vraie » peinture que l’artiste a étalé. C’est un médium très proche de nous, c'est du pigment bien réel qui a une épaisseur.
Dans la deuxième salle, il y a des séries, des reprises du même tableau. Une toile abstraite est « représentée » en sérigraphie. Une toile abstraite, que l’on reconnaît comme telle parce que l’on y voit des aplats de peinture. Les taches de peinture, abstraites, nous renseignent sur le fait qu’il s’agisse d’un tableau. Ces motifs sont sérigraphiés sur un autre « tableau » (que nous avons plus de mal à appeler ainsi). Disons sérigraphie sur toile. Nous voyons la trame de la sérigraphie apparaître en gros plan.
L’abstraction entendait rapprocher l’art du spectateur en lui proposant un niveau de compréhension « réel », hors de l’imagination des scènes figuratives. Avec Christopher Wool, même les toiles abstraites acquièrent un statut d’images rêvées, attirantes, érotiques.
Dans la troisième salle, nous pouvons retracer un parcours chronologique. Sur une grande toile, Christopher Wool a tracé en peinture des lignes orange. C’est une sorte de grand geste arrondi, minimaliste. Puis, sur une autre toile plus grande, l’artiste a reproduit la première forme en technique sérigraphique noire. C’est plus lointain. D’une certaine façon, c’est moins abstrait (c’est un tableau figuratif qui représente une toile abstraite). C’est donc plus joli, moins inquiétant, moins « agressif » pour le spectateur. Le geste brutal de l’artiste minimaliste, le geste qui s’impose par l’objet réel, le geste qui s’oppose à nos références quotidiennes, bref, la présence de l’œuvre d’art, est ici illustré de façon littéraire.
Alors, Christopher Wool, ne seriez-vous pas en train de réaliser des œuvres gentilles, qui résonnent avec nos valeurs habituelles, justement le contraire de ce que nous attendons de l’art ? Ne seriez-vous pas en train de fabriquer de beaux tableaux lisses, de beaux objets dont l’aspect révoltant n’est qu’une image ? De belles images qui rejoignent les affiches publicitaires.
Avouez, Christopher. Vous faites des affiches pour présenter votre travail. Des affiches au design blanc qui prennent superbement leurs places dans ce bel espace d’exposition du musée d’art moderne. Très intellectuel. Il ne manque que nous, spectateurs, regardeurs d’art.
Finalement, vous voulez remettre en cause la façon dont nous faisons et regardons l’art. Avec l’art plastique, nous nous regardons nous-mêmes. Et cela a quelque chose d’effrayant.
Christopher Wool
jusqu’au 19 août 2012
Musée d’art moderne de la ville de Paris
http://wool735.com
Dans la première salle du musée d’art moderne de la ville de Paris, nous voyons ce qui fait l’essence du travail de Christopher Wool : des tableaux en noir et blanc abstraits. Pas tout à fait en noir et blanc. Sur certaines toiles, nous avons des traits marron. Précisons que ces images ne sont pas comme les photographies en noir et blanc que nous avons l’habitude de voir. Chez Christopher Wool, le blanc et le noir ne sont pas sur le même plan, ils ne sont pas dans la même dimension.
Les noirs, les traits, les masses noires, sont traités en sérigraphie. Cela donne un côté lointain, éthéré. Ce sont comme des photographies figuratives. L’impression numérique de pigments sur support fait que nous interprétons le sujet comme étant « lointain », car vu à travers le prisme de la technique. Quant aux blancs, il s’agit de « vraie » peinture que l’artiste a étalé. C’est un médium très proche de nous, c'est du pigment bien réel qui a une épaisseur.
Dans la deuxième salle, il y a des séries, des reprises du même tableau. Une toile abstraite est « représentée » en sérigraphie. Une toile abstraite, que l’on reconnaît comme telle parce que l’on y voit des aplats de peinture. Les taches de peinture, abstraites, nous renseignent sur le fait qu’il s’agisse d’un tableau. Ces motifs sont sérigraphiés sur un autre « tableau » (que nous avons plus de mal à appeler ainsi). Disons sérigraphie sur toile. Nous voyons la trame de la sérigraphie apparaître en gros plan.
L’abstraction entendait rapprocher l’art du spectateur en lui proposant un niveau de compréhension « réel », hors de l’imagination des scènes figuratives. Avec Christopher Wool, même les toiles abstraites acquièrent un statut d’images rêvées, attirantes, érotiques.
Dans la troisième salle, nous pouvons retracer un parcours chronologique. Sur une grande toile, Christopher Wool a tracé en peinture des lignes orange. C’est une sorte de grand geste arrondi, minimaliste. Puis, sur une autre toile plus grande, l’artiste a reproduit la première forme en technique sérigraphique noire. C’est plus lointain. D’une certaine façon, c’est moins abstrait (c’est un tableau figuratif qui représente une toile abstraite). C’est donc plus joli, moins inquiétant, moins « agressif » pour le spectateur. Le geste brutal de l’artiste minimaliste, le geste qui s’impose par l’objet réel, le geste qui s’oppose à nos références quotidiennes, bref, la présence de l’œuvre d’art, est ici illustré de façon littéraire.
Alors, Christopher Wool, ne seriez-vous pas en train de réaliser des œuvres gentilles, qui résonnent avec nos valeurs habituelles, justement le contraire de ce que nous attendons de l’art ? Ne seriez-vous pas en train de fabriquer de beaux tableaux lisses, de beaux objets dont l’aspect révoltant n’est qu’une image ? De belles images qui rejoignent les affiches publicitaires.
Avouez, Christopher. Vous faites des affiches pour présenter votre travail. Des affiches au design blanc qui prennent superbement leurs places dans ce bel espace d’exposition du musée d’art moderne. Très intellectuel. Il ne manque que nous, spectateurs, regardeurs d’art.
Finalement, vous voulez remettre en cause la façon dont nous faisons et regardons l’art. Avec l’art plastique, nous nous regardons nous-mêmes. Et cela a quelque chose d’effrayant.
Christopher Wool
jusqu’au 19 août 2012
Musée d’art moderne de la ville de Paris
http://wool735.com
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