Ses toiles semblent être des éclaboussures rouges sur fond bleu, le chaud sur le froid, l’organique sur le minéral, le sang sur la glace. Il peint des paysages abstraits, toujours en mouvement comme si l’œuvre voulait sortir des limites du tableau.
Mais ce qui a le plus retenu notre attention, ce sont ses dessins. Pour Nikola Kovacevic, dessiner est comme faire ses gammes pour un pianiste. Ce sont des exercices réguliers. Mais quels exercices ! Des merveilles de spontanéité, de drôlerie, d’humour décalé. En quelques traits, notre artiste exprime une ambiance, une idée, érotique ou dramatique.
« Dessin 2004 ». L’artiste a dessiné une forme suggestive sur une feuille de papier millimétré. La grossièreté du sujet contraste avec la finesse du support. C’est farceur. Cela ne se prend pas au sérieux.
« Dessin 2007 ». C’est un dessin à l’encre qui présente une forme à caractère sexuel. Le dessin est recouvert de grands traits de plume. Sombres et clairs, aplats au lavis et traces de plume, formes verticales et traits horizontaux. On s’évade.
« Les têtes 2007 ». Une œuvre originale et personnelle. Sur des feuilles blanches, des têtes sont tracées en violet. Cette couleur apporte une très belle profondeur. Les traits de pinceau sont rudes et rugueux. Dans ce concert de dessins, les têtes ont chacune leurs expressions. A trois reprises sur les vingt feuilles que compte l’œuvre, la tête est tracée en mélangeant des traits rouges et bleus. Le décalage et la tension qui en résultent n’en sont que plus forts.
Nikola Kovacevic a bien voulu répondre à nos questions. Nous l’en remercions.
Nicolas Goulette : Je vois des symboles sexuels dans vos dessins.
Nikola Kovacevic : Oui, sur quelques dessins qui sont ici, il y a de l’érotisme, parce que l’érotisme nous accompagne toute la vie et tout le temps. C’est vraiment le sujet de l’art et de la vie, chez plusieurs artistes, tout le temps. La sexualité, l’érotisme, on peut dire que c’est une part inséparable de l’humain.
Concernant les têtes, est-ce que vous avez voulu faire des portraits de personnes que vous connaissez ?
Non. J’ai passé du temps dans un endroit où il y a beaucoup de gens, je voyais leurs visages. En fait, les gens m’ont inspiré. J’ai enregistré dans mon cerveau les contours des visages. J’ai déformé et j’ai donné une petite souffrance qu’il y a à l’intérieur de moi.
Pourquoi le violet ?
Le violet parce qu’on est un peu violet, bleu, rouge. L’humain est comme cela. Si on enlève la peau, on est rouge, les veines sont bleues ou violettes. Mais en fait, c’est symbolique. Je ne peux pas expliquer en détail, parce que c’est un peu intime. C’est un portrait de moi, en fait, tous ces portraits.
Et à chaque fois, l’expression change.
L’expression, parce que différents caractères m’ont inspiré. Mais à chaque fois, c’est un petit détail qui se répète, comme un détail du nez. C’est en fait quelque chose de moi qui se répète dans chaque portrait.
L’ambiance change dans chaque dessin.
Oui, parce que chaque portrait a besoin de temps pour être réalisé, et l’ambiance est complètement différente. C’est ce que j’ai essayé de faire avec mes tableaux : pour le premier plan, je reproduis l’ambiance qu’il y a autour de moi. Si je suis dans un paysage, tout seul, je fais une sublimation de ce que j’écoute, de ce que je vois, de ce que je pense. Je fais une ambiance, pour quelqu’un qui va regarder et ressentir la même chose.
On a l’impression que vous dessinez très vite.
Oui, parce qu’à chaque fois, c’est simplement pour enregistrer mes pensées, et cultiver l’expression. Il faut cultiver le travail manuel, cultiver une manière de s’exprimer. Si on ne s’entraîne pas, on ne peut pas s’exprimer. Les dessins, ce sont vraiment les pensées enregistrées. Si on pense à différentes choses en quelques minutes, on peut réaliser des dessins vite fait, qui sont vraiment chargés d’énergie et de messages. Et cela, je le cultive tout le temps.
Nikola Kovacevic
Exposition du 28/06 au 07/07/2012
4, rue Audubon
75012 Paris
nikola-art.com
Dessin 2004
Dessin 2007
Les têtes 2007
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