Né à Paris en 1938, Michel Graff réalise des peintures brillantes et vibrantes. Elles sont actuellement visibles à la galerie Médiart à Paris.
« La marionnette au chapeau », acrylique sur toile, 92 * 73 cm. Des formes colorées, des bleus froids entourées de blancs. Il y a des traces d’ocre verte, des gris, des présences blanchâtres. Les formes sont peintes en superposition de couches transparentes. Il y a des traits blancs qui dessinent un chemin comme si c’était un paysage abstrait. En haut du tableau, on a un ciel d’hiver.
« Le sage assis », acrylique sur toile, 130 * 97 cm. Encore des formes bleues, mais plus marquées, plus grosses, elles se touchent. Leur bleu est plus profond, plus lourd. Il y a toujours de petits chemins blancs dans cette grande toile. Ici, c’est l’été avec des bleus et des verts chauds.
« Devant la coiffeuse », acrylique sur toile, 81 * 65 cm. Un tableau rouge vif. Si c’est un paysage, c’est de la lave qui sort d’un volcan. Une lave saturée de rouge orangé brillant. 100 % pur orange. La peinture bout dans son cadre. Il y a des volumes comme des murs en perspective : des surfaces blanches à l’avant (en bas du tableau) et à l’arrière (sur le bord haut). Une lave d’intérieur en quelque sorte.
« Gris sourire », acrylique sur toile, 146 * 114 cm. On passe au gris. Gris vert et ocre. Quelques traits noirs tracés sportivement dynamisent la toile. On croit deviner les deux carreaux d’une paire de lunette. Le format de la toile l’assagit, elle a grandi, elle a mûri. Il y a des formes grises colorées qui s’étendent dans ce paysage d’un certain chic. Sur la ligne d’horizon, un grand rectangle allongé, la force tranquille.
Trois questions à Michel Graff :
Nicolas Goulette : Je vois des paysages dans vos tableaux. Est-ce que ce sont des paysages pour vous ? Qu’est-ce qui vous inspire dans vos compositions ?
Michel Graff : J’ai fait des études artistiques et quand j’ai commencé, je ne faisais que du figuratif. De 28 à 30 ans, mon figuratif a beaucoup évolué. Et à 30 ans je me suis dit : « si c’est pour faire ça, autant faire de l’abstraction ». Aujourd’hui, 40 ans après, quand je commence une toile, c’est l’aventure. Je ne me raccroche à rien. La vérité se trouve là. La vérité, c’est simplement ce que j’ai vécu, ce à quoi j’ai pensé, ce que j’ai vu. Si je donne des titres à mes toiles, ils sont personnels. Quand on fait ce genre de peinture, il ne faut pas enfermer le regardeur dans quelque chose de très précis. Donc les titres sont évasifs.
Si les gens ne voient pas le rapport entre la toile et le titre, cela ne me gêne pas du tout. Vous voyez des paysages, d’autres personnes voient autre chose. C’est vrai que les paysages, c’est ce qui saute aux yeux tout de suite. On a envie de voir des paysages.
Vous utilisez les trois couleurs primaires alternativement sur chacun des tableaux, avec le rouge sur les petits formats, et le bleu et le jaune sur les grands formats.
Oui, mais ça c’est valable pour cette exposition. J’ai fait un grand tryptique rouge qui fait 3,60 m de long sur 1,70 m de haut. Ici, Le rouge ne s‘y prêtait pas. Le rouge vous saute à la figure. Le bleu repousse un peu les choses . Comme ce n’est pas très grand, le bleu s’imposait.
Mais lorsque je peins, je ne pense pas à tout ça. Il y a une chose que je ne m’explique pas, c’est pourquoi j’ai une toile d’une certaine couleur. La toile me pose des problèmes que je veux résoudre. Tout est bon pour résoudre ces problèmes, et c’est après que je m’aperçois qu’elle est bleue, jaune ou rouge, mais au départ, ce n’est pas ce que je recherche.
Il y a un mystère dans ce genre de chose, c’est très ancré. Ce n’est pas que je ne veux pas expliquer, mais je ne peux pas, je ne cherche pas. Maintenant, vous voyez ce que vous voulez. D’ailleurs, il y a une toile que j’ai appelé « Comme il vous plaira » (elle n’est pas dans l’exposition). Je comprends très bien que la personne passe et ne s’arrête pas. Mais si elle s’arrête, elle commence à se poser des questions et cela devient sa toile.
Quel grand maître de la peinture vous plait le plus ?
Tous. Tous ceux qui font du bon boulot. Aussi bien ceux qui datent du 15ème, 16ème et 18ème siècle voire du 20ème siècle. De toute façon, on s’appuie sur ce qui a déjà été fait. Comment les renier ? Je suis en train de lire un bouquin sur Gauguin et à l’époque, les artistes s’écrivaient entre eux, il n’y avait pas le téléphone. On a toutes les lettres de Gauguin qui écrivait à un de ces amis. Et ce qu’il disait de son travail, c’est un appel à l’abstraction. Le sujet est un prétexte à faire des formes de couleur. Pour Gauguin, cela représentait des vahinés, des paysages de Bretagne. Le côté suggestif, anecdotique, il n’existe plus aujourd’hui. On n’en a plus besoin.
Chaque siècle à des tendances différentes. Je ne renie pas ce qui a été fait avant. Un gars que j’aime beaucoup, c’est Vélasquez. Ce serait ridicule aujourd’hui de faire du Vélasquez. Aujourd’hui, c’est ça. C’est une organisation de taches, de lumières, de rythmes, qui n’est pas aidé par l’anecdote. Cela ne représente rien. C’est à vous de choisir, et si cela ne vous dit rien, je suis désolé.
Michel Graff – Peintures
Jusqu’au 20 octobre 2012
Galerie Médiart
109, rue Quincampoix
75003 Paris
http://www.galerie-mediart.com/
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