Aglaya Muravlov expose à Flateurville une installation, "Womanhood 2 – La Vie", deuxième volet de son travail sur la féminité. Aglaya Muravlov est une cinéaste russe. Elle montre ici une œuvre étrangement belle, qui inspire la réflexion.
Quatre vidéos sont projetées sur les murs. Il y a en plus deux écrans à l'entrée. Ils reprennent, pour l'un d'eux, l'une des vidéos projetée. Nous entendons des sons mixés par l'artiste. Sur la vidéo "La Baleine", projetée sur un mur, une main levée, à gauche, semble saluer une baleine vue au loin. La baleine blanche évolue dans l'eau verte. Ce vert remplit presque entièrement l'image.
"Piano" est un autre film projeté. Dans une pièce blanche, il y a un piano. Nous voyons les pieds d'une personne qui marche. Il y a une femme, étendue sur le ventre ou accroupie. La caméra tourne autour du piano, jouant à capter son ombre et sa surface sombre, de telle sorte que, par moment, l'image est presque en noir et blanc. Un noir profond, et un blanc éclatant.
Sur une autre vidéo, nous voyons de l'eau, la surface d'un fleuve dont les ondulations grises et noires sont comme les mouvements de cheveux. Une quatrième vidéo montre la vision qu'on a dans la cabine d'un conducteur de métro, les rails défilant devant nous.
C’est une œuvre dans laquelle il est difficile d'entrer, ou qui entre difficilement en nous. Il est presque impossible d'embrasser d'un seul regard l'ensemble de l'installation, nous devons nous déplacer pour en apprécier l'étendue, rester longtemps devant chaque film pour en voir les subtilités.
Ajoutons que le lieu d'exposition, Flateurville, est un lieu de passage, un lieu de détente. Les tableaux accrochés aux murs nous gênent dans la compréhension du travail d'Aglaya Muravlov. Il nous faut faire un effort d'abstraction des objets, des fauteuils, de la voiture qui se trouvent là pour apprécier les œuvres. Il est vrai que nous ne sommes pas dans ces espaces aseptisés des musées et galeries qui font tout pour que l'œuvre exposée soit bien visible, bien délimitée, trop délimitée parfois, trop contrainte.
Aglaya Muravlov a bien voulu répondre à nos questions. Nous l’en remercions.
Quelles sont les origines de vos travaux ici à
Flateurville ?
Ce sont des choses qui parlent de la féminité. Mais ce n'est pas féministe. C'est vraiment un sujet qui n'est pas assez exploré. Si on le fait tout le temps, cela peut être bien, parce qu'il y a beaucoup d'aspects. Par exemple, « motherhood » (être mère), ce n'est pas uniquement les jolies femmes de Rembrandt. Il y a beaucoup de souffrances, beaucoup de peurs, beaucoup de fatigue. Elles sont des êtres fragiles, et pour cela fortes. Si on se donne le droit d'être faible, on pleure, mais après on se lève et on est plus fort. Si on est fort tout le temps, on se casse et on meurt. Les femmes peuvent être plus fortes que les hommes, parce que les hommes pensent qu'il faut être fort tout le temps.
Quels artistes classiques vous plaisent ou vous
inspirent ?
Rembrandt, Leonard de Vinci, Vivaldi, Bach. Bach, c'est la raison pour laquelle je suis venu à Paris, parce que l'architecture, c'est le moment arrêté de la musique. Quand j'entends Bach, je vois des couleurs. C'est vraiment mon petit métronome intérieur. Les harmonies de Bach ne sont pas nombreuses, mais sont très organisées. C'est bien.
Vernissage le 15 décembre 2011
Flateurville
24, cour des Petites Ecuries
75010 Paris
www.flateurblog.com
vendredi 30 décembre 2011
mardi 20 décembre 2011
Cristina Iglesias
Cristina Iglesias expose à la galerie parisienne Marian Goodman jusqu'au 23 décembre 2011. Elle propose "Vers la terre", une sculpture en granit, bronze et inox. Au milieu de la grande salle de la galerie trône une structure cubique. Nous entendons de l'eau qui coule. En nous approchant, nous voyons que le cube de granit est creux avec, à l'intérieur, une sorte de paysage de pierres et de racines sculptées. De l'eau s'écoule sur cette surface métallique. Un trou plus profond s'enfonce dans le centre de la structure. L'eau s'y engouffre comme dans une grotte.
Au sous-sol de la galerie, trois sculptures intitulées "Pozos" (puits) sont présentées. Nous retrouvons trois blocs de granit dans lesquels se trouvent des sculptures évoquant des racines, des feuilles séchées, le sol d'une forêt vierge. Là encore, de l'eau s'y écoule. Nous croyons être au ras du sol d'une jungle, à ceci près que les œuvres de Cristina Iglesias sont minérales. Nulle trace de vie n'est présente. Ce sont des racines, morceaux de bois, sols pierreux figés sculptés dans le bronze et l'inox. L'eau qui y coule est une eau sans vie, comme dans ces grottes sans lumière. Ces sculptures évoqueraient-elles la surface de la Terre quand le soleil aura cessé de briller ?
Ces quatre blocs de granit sont des "Black Cubes" qui prennent bien leur place dans les deux "White Cubes" de la galerie Marian Goodman. Les White Cubes sont ces salles d'exposition blanches et immaculées des galeries et musées. Ces cubes noirs sont eux-mêmes comme des écrins pour exposer des œuvres du passé. Dans un imaginaire musée futuriste, cela sera peut-être ainsi que la surface de la Terre sera présentée. Une surface sans vie, sans folie, sans art pourrait-on dire. Ces Black Cubes disent bien ce que sont les White Cubes : des univers chics, luxueux et froids.
Exposition jusqu'au 23 décembre 2011
Galerie Marian Goodman
79, rue du Temple
75003 Paris
Au sous-sol de la galerie, trois sculptures intitulées "Pozos" (puits) sont présentées. Nous retrouvons trois blocs de granit dans lesquels se trouvent des sculptures évoquant des racines, des feuilles séchées, le sol d'une forêt vierge. Là encore, de l'eau s'y écoule. Nous croyons être au ras du sol d'une jungle, à ceci près que les œuvres de Cristina Iglesias sont minérales. Nulle trace de vie n'est présente. Ce sont des racines, morceaux de bois, sols pierreux figés sculptés dans le bronze et l'inox. L'eau qui y coule est une eau sans vie, comme dans ces grottes sans lumière. Ces sculptures évoqueraient-elles la surface de la Terre quand le soleil aura cessé de briller ?
Ces quatre blocs de granit sont des "Black Cubes" qui prennent bien leur place dans les deux "White Cubes" de la galerie Marian Goodman. Les White Cubes sont ces salles d'exposition blanches et immaculées des galeries et musées. Ces cubes noirs sont eux-mêmes comme des écrins pour exposer des œuvres du passé. Dans un imaginaire musée futuriste, cela sera peut-être ainsi que la surface de la Terre sera présentée. Une surface sans vie, sans folie, sans art pourrait-on dire. Ces Black Cubes disent bien ce que sont les White Cubes : des univers chics, luxueux et froids.
Exposition jusqu'au 23 décembre 2011
Galerie Marian Goodman
79, rue du Temple
75003 Paris
mardi 13 décembre 2011
Mickaël Doucet
"Le Ventre de la Baleine", situé à Pantin en Seine-Saint-Denis, est un ancien bâtiment industriel occupé depuis plus de 15 ans par des ateliers d'artistes. C'est maintenant un lieu alternatif hébergeant une trentaine de plasticiens et musiciens. Nous y rencontrons le peintre Mickaël Doucet, dont les tableaux posent des énigmes sur la place de l'homme dans son environnement.
Mickaël Doucet joue des contrastes dans ses œuvres. Contrastes des techniques tout d'abord. Sur une même toile, il peut utiliser l'huile et l'acrylique, les encres, et d'autres matériaux comme la rouille, etc ... Contrastes de couleurs ensuite, chaudes et froides. Contrastes de traitements de la peinture : aplats unis, touches expressionnistes, coulures, encres plus ou moins diluées. Le blanc de la toile qui semble apparaître en certains endroits ajoute encore un contraste entre parties plus ou moins peintes. Ses tableaux allient, comme le dit l'artiste, le "fond, le sens et la forme".
Dans "Agra - Taj Mahal" (technique mixte sur toile, 2009), nous voyons le Taj Mahal peint en voiles dilués gris sur fond blanc. Un gros dirigeable couleur rouille semble se rapprocher du monument. C'est un tableau presque abstrait et minimaliste, avec un gros ovale rouge chaud, dans un environnement froid. L'artiste explique : "Ce tableau est représentatif de ma manière de travailler. J'écoute les infos, et j’entends un débat sur la montée des eaux, le changement climatique. Et quelqu'un a dit que peut être en 2100, il y aura une telle montée des eaux qu'il y aura des villes sous l'eau. Donc j'ai imaginé le côté Atlantide. Cela m'intéressait beaucoup quand j'étais plus jeune, le mythe de l'Atlantide et du royaume de Mu. Ces civilisations que la nature a entièrement recouvert et qui ont disparu. J'aime bien cette dualité de l'homme qui raisonne et qui peut se servir de son intelligence pour penser et devenir quelqu'un de grand, et en même temps qui peut se faire rattraper par la nature et être complètement éradiqué par sa bêtise parce qu'il a été trop loin."
Avec "On ne peux pas comprendre ce qu'on a pas vécu" (technique mixte sur toile, 2010), nous sommes devant un tableau énigmatique. Nous voyons une pièce qui ressemble à une cave, voûtée, avec une grande fenêtre et des barreaux, débouchant sur un blanc lumineux. Il y a une plus petite fenêtre sur la droite, sur le rebord de laquelle est assis un singe. Les murs de la pièce sont gris, coulants. Il y a des carrelages jaunes. Sur le sol se trouvent une boite rouge et une chaise traitées en aplats, un tas de débris informes, d’un gris coloré, peint en grosse touche. Nous y voyons une oeuvre surréaliste, où le singe nous interroge sur notre place. Il n'y a personne dans la pièce, pourtant quelqu'un a bien ouvert cette boite et utilisé cette chaise qui sont d'une réalité certaine (le traitement en aplat épais rend l'objet sûr et certain). Le tas d'immondices au milieu est plus pictural, moins réel. Le mur est fait de coulures qui pourraient passer pour fortuites. Quant au blanc à l'extérieur de la pièce, il ne s'apparente qu'au blanc de la toile. Est-on sur de la présence humaine ? Quand on voyage dans le tableau, cette présence devient de plus en plus douteuse. Même la peinture tend à s'effacer.
L'artiste nous parle de ce tableau : "J'ai un copain musicien qui a écris une chanson dans laquelle il y a cette phrase, "On ne peux pas comprendre ce qu'on a pas vécu". Je trouve cette phrase très intéressante. C'est par rapport à l'expérience. Si tu a vécu quelque chose, tu pourras facilement en parler. J'ai trouvé dans "Telerama" une photo d'une vielle abbaye abandonnée, très belle, et cela m'a rappelé un truc d'enfance. A côté de chez moi, à Vendôme dans le Loir-et-Cher, il y avait une vielle abbaye. Un clochard vivait là. C'était dans les bois, on passait devant étant gosse, et ce clochard nous faisait peur. Je me suis rappelé ce coté sordide.
Il y a le tas d'immondices, et puis la chaise et la valise. La valise pourrait rappeler ce clochard avec le fil où il pouvait mettre ses affaires. Pour ce qui est du petit singe, je voulais un élément organique, accentuer l'aspect de solitude, avec le regard du singe. Je voulais également exprimer la nature qui reprend ses droits, avec des singes qui passent. J'aime bien les singes, parce que je suis allé au Laos et au Cambodge. A Angkor au Cambodge, je me promenais en vélo, et il y avait des singes au bord de la route. Ce sont des images que j'aime bien intégrer."
Avec « Inlandsis » (technique mixte sur toile, 2011), nous sommes dans un paysage glacé avec un ours blanc sur la neige. Une maison chaude, rouge et orange, réchauffe l'atmosphère. De forts contrastes se dégagent de ce tableau. Une longue partie noire contraste avec le paysage blanc, la maison est traitée en aplat alors que le paysage est en voiles dilués, les couleurs chaudes contrastent ave les tons blancs froids.
L'artiste explique sa démarche : "Le tableau pose le problème de l'humanité qui s'agglomère de plus en plus dans les villes. Beaucoup de gens commencent à avoir envie de grands espaces, de partir, de s'installer ailleurs. La nature, on se l'approprie de plus en plus et finalement on s'étend, on prend de plus en plus les espaces et on laisse moins d'espace libre naturel. On recule tellement, et on a tellement besoin de pouvoir trouver de nouveaux espaces pour s'installer qu’on en viendra peut-être un jour à s'installer près de la banquise. On aura peut-être une maison contemporaine, avec un ours blanc qui passe à côté, parce qu'il n'y aura plus de place."
"Sans titre" (technique mixte sur toile, 2010) fait partie d’une série sur laquelle travaille toujours Mickaël Doucet. Sur un fond gris uniforme, nous voyons un singe noir derrière deux fauteuils ronds orange. Un brin d'ADN se trouve dans la main du singe. Ce brin d'ADN passe entre les sièges. La seule présence est celle du singe. Où est l'homme ? Dans le brin d'ADN ? Il s’agit encore d’une œuvre énigmatique.
"On est aussi dans cette trinité fond, sens, forme", explique l'artiste. "Le sens, c'est évidemment le chimpanzé qui tient le modèle moléculaire d'ADN. Les chimpanzés sont à 99,5% proches de nous, donc on pourrait faire le rapprochement entre l'humanité et les singes. Ce sont toujours les mêmes idées, la dualité de l'homme. Les Ball Chair représentent les objets manufacturés par l'homme. Ce sont de très belles choses, des années 1970, qui reviennent à l'heure actuelle. Il y aussi le cote très futile de notre société, le coté très brillant. Avec le chimpanzé qui est dans cette pièce, il y a un coté animal de laboratoire qu'on utilise, c'est pour cela que je parle de l'éthique et l'esthétique."
Dans les sujets de ses toiles, Mickaël Doucet met une tension entre les éléments, une architecture sophistiquée dans une nature vierge par exemple. Ou des animaux dans un environnement humain.
On retrouve toujours un questionnement, une interrogation dans le travail de Mickaël Doucet. Où est l'homme, où est l'humain ? C'est une énigme qu'il nous pose. A nous de la résoudre.
Il y a un autre questionnement dans ses toiles qui alternent les aplats de peinture et les encres diluées. Où est le peintre, quel est l'avenir de la peinture ? Certains tableaux laissent apparaître le blanc de la toile comme si le peintre n'était plus là.
Avec Mickaël Doucet, la peinture a de l'avenir, dans notre monde dominé par les écrans. Le plaisir de travailler les bons matériaux, d'utiliser la bonne technique est toujours là.
Site web : www.mickaeldoucet.com
L'artiste est représenté par la galerie parisienne Cecile Charron : www.galeriececilecharron.com
Le Ventre de la Baleine, ateliers d’artistes à Pantin (93) : www.labaleine.org
Mickaël Doucet joue des contrastes dans ses œuvres. Contrastes des techniques tout d'abord. Sur une même toile, il peut utiliser l'huile et l'acrylique, les encres, et d'autres matériaux comme la rouille, etc ... Contrastes de couleurs ensuite, chaudes et froides. Contrastes de traitements de la peinture : aplats unis, touches expressionnistes, coulures, encres plus ou moins diluées. Le blanc de la toile qui semble apparaître en certains endroits ajoute encore un contraste entre parties plus ou moins peintes. Ses tableaux allient, comme le dit l'artiste, le "fond, le sens et la forme".
Dans "Agra - Taj Mahal" (technique mixte sur toile, 2009), nous voyons le Taj Mahal peint en voiles dilués gris sur fond blanc. Un gros dirigeable couleur rouille semble se rapprocher du monument. C'est un tableau presque abstrait et minimaliste, avec un gros ovale rouge chaud, dans un environnement froid. L'artiste explique : "Ce tableau est représentatif de ma manière de travailler. J'écoute les infos, et j’entends un débat sur la montée des eaux, le changement climatique. Et quelqu'un a dit que peut être en 2100, il y aura une telle montée des eaux qu'il y aura des villes sous l'eau. Donc j'ai imaginé le côté Atlantide. Cela m'intéressait beaucoup quand j'étais plus jeune, le mythe de l'Atlantide et du royaume de Mu. Ces civilisations que la nature a entièrement recouvert et qui ont disparu. J'aime bien cette dualité de l'homme qui raisonne et qui peut se servir de son intelligence pour penser et devenir quelqu'un de grand, et en même temps qui peut se faire rattraper par la nature et être complètement éradiqué par sa bêtise parce qu'il a été trop loin."
Avec "On ne peux pas comprendre ce qu'on a pas vécu" (technique mixte sur toile, 2010), nous sommes devant un tableau énigmatique. Nous voyons une pièce qui ressemble à une cave, voûtée, avec une grande fenêtre et des barreaux, débouchant sur un blanc lumineux. Il y a une plus petite fenêtre sur la droite, sur le rebord de laquelle est assis un singe. Les murs de la pièce sont gris, coulants. Il y a des carrelages jaunes. Sur le sol se trouvent une boite rouge et une chaise traitées en aplats, un tas de débris informes, d’un gris coloré, peint en grosse touche. Nous y voyons une oeuvre surréaliste, où le singe nous interroge sur notre place. Il n'y a personne dans la pièce, pourtant quelqu'un a bien ouvert cette boite et utilisé cette chaise qui sont d'une réalité certaine (le traitement en aplat épais rend l'objet sûr et certain). Le tas d'immondices au milieu est plus pictural, moins réel. Le mur est fait de coulures qui pourraient passer pour fortuites. Quant au blanc à l'extérieur de la pièce, il ne s'apparente qu'au blanc de la toile. Est-on sur de la présence humaine ? Quand on voyage dans le tableau, cette présence devient de plus en plus douteuse. Même la peinture tend à s'effacer.
L'artiste nous parle de ce tableau : "J'ai un copain musicien qui a écris une chanson dans laquelle il y a cette phrase, "On ne peux pas comprendre ce qu'on a pas vécu". Je trouve cette phrase très intéressante. C'est par rapport à l'expérience. Si tu a vécu quelque chose, tu pourras facilement en parler. J'ai trouvé dans "Telerama" une photo d'une vielle abbaye abandonnée, très belle, et cela m'a rappelé un truc d'enfance. A côté de chez moi, à Vendôme dans le Loir-et-Cher, il y avait une vielle abbaye. Un clochard vivait là. C'était dans les bois, on passait devant étant gosse, et ce clochard nous faisait peur. Je me suis rappelé ce coté sordide.
Il y a le tas d'immondices, et puis la chaise et la valise. La valise pourrait rappeler ce clochard avec le fil où il pouvait mettre ses affaires. Pour ce qui est du petit singe, je voulais un élément organique, accentuer l'aspect de solitude, avec le regard du singe. Je voulais également exprimer la nature qui reprend ses droits, avec des singes qui passent. J'aime bien les singes, parce que je suis allé au Laos et au Cambodge. A Angkor au Cambodge, je me promenais en vélo, et il y avait des singes au bord de la route. Ce sont des images que j'aime bien intégrer."
Avec « Inlandsis » (technique mixte sur toile, 2011), nous sommes dans un paysage glacé avec un ours blanc sur la neige. Une maison chaude, rouge et orange, réchauffe l'atmosphère. De forts contrastes se dégagent de ce tableau. Une longue partie noire contraste avec le paysage blanc, la maison est traitée en aplat alors que le paysage est en voiles dilués, les couleurs chaudes contrastent ave les tons blancs froids.
L'artiste explique sa démarche : "Le tableau pose le problème de l'humanité qui s'agglomère de plus en plus dans les villes. Beaucoup de gens commencent à avoir envie de grands espaces, de partir, de s'installer ailleurs. La nature, on se l'approprie de plus en plus et finalement on s'étend, on prend de plus en plus les espaces et on laisse moins d'espace libre naturel. On recule tellement, et on a tellement besoin de pouvoir trouver de nouveaux espaces pour s'installer qu’on en viendra peut-être un jour à s'installer près de la banquise. On aura peut-être une maison contemporaine, avec un ours blanc qui passe à côté, parce qu'il n'y aura plus de place."
"Sans titre" (technique mixte sur toile, 2010) fait partie d’une série sur laquelle travaille toujours Mickaël Doucet. Sur un fond gris uniforme, nous voyons un singe noir derrière deux fauteuils ronds orange. Un brin d'ADN se trouve dans la main du singe. Ce brin d'ADN passe entre les sièges. La seule présence est celle du singe. Où est l'homme ? Dans le brin d'ADN ? Il s’agit encore d’une œuvre énigmatique.
"On est aussi dans cette trinité fond, sens, forme", explique l'artiste. "Le sens, c'est évidemment le chimpanzé qui tient le modèle moléculaire d'ADN. Les chimpanzés sont à 99,5% proches de nous, donc on pourrait faire le rapprochement entre l'humanité et les singes. Ce sont toujours les mêmes idées, la dualité de l'homme. Les Ball Chair représentent les objets manufacturés par l'homme. Ce sont de très belles choses, des années 1970, qui reviennent à l'heure actuelle. Il y aussi le cote très futile de notre société, le coté très brillant. Avec le chimpanzé qui est dans cette pièce, il y a un coté animal de laboratoire qu'on utilise, c'est pour cela que je parle de l'éthique et l'esthétique."
Dans les sujets de ses toiles, Mickaël Doucet met une tension entre les éléments, une architecture sophistiquée dans une nature vierge par exemple. Ou des animaux dans un environnement humain.
On retrouve toujours un questionnement, une interrogation dans le travail de Mickaël Doucet. Où est l'homme, où est l'humain ? C'est une énigme qu'il nous pose. A nous de la résoudre.
Il y a un autre questionnement dans ses toiles qui alternent les aplats de peinture et les encres diluées. Où est le peintre, quel est l'avenir de la peinture ? Certains tableaux laissent apparaître le blanc de la toile comme si le peintre n'était plus là.
Avec Mickaël Doucet, la peinture a de l'avenir, dans notre monde dominé par les écrans. Le plaisir de travailler les bons matériaux, d'utiliser la bonne technique est toujours là.
Site web : www.mickaeldoucet.com
L'artiste est représenté par la galerie parisienne Cecile Charron : www.galeriececilecharron.com
Le Ventre de la Baleine, ateliers d’artistes à Pantin (93) : www.labaleine.org
Agra - Taj Mahal
On ne peux pas comprendre ce qu'on a pas vécu
Inlandsis
vendredi 9 décembre 2011
Ingrid Luche
Ingrid Luche expose actuellement ses œuvres à la galerie "Air de Paris", située rue Louise Weiss dans le 13ème arrondissement parisien. L'exposition rassemble des tuniques, dessins et sculptures.
"Ghost Dress : le Rêve de la Halle Bibliothèque" est une tunique blanche portant des images de papillons et de meubles, des bibliothèques. Cette tunique est comme un objet de musée. Elle semble avoir été portée dans le passé, à une autre époque, en un autre lieu. Et elle est ici, actuellement, dans cet espace d'exposition. Nous ressentons une dualité des intentions (l'intention du porteur de la robe, et l'intention du spectateur actuel), une dualité des époques, des lieux, à l'instar des objets de musées, et notamment des arts premiers.
"Blue Moon, bleu de travail" est un vêtement en jean accroché au mur blanc de la galerie. Des petits carrés de tissus, semblables à des post-it, sont collés dessus. Sur ces pense-bêtes sont écrites des notes, comme des futurs projets : "Maquette", "Cartes Plans", "Photos". Ce vêtement semble être l'habit de travail de l'artiste, l'habit qu'elle porte quand elle créé des œuvres. Il s'agirait alors d'une sorte d'autoportrait.
"Projection + eau + percée + envers" est un dessin sur papier. Le titre nous éclaire sur le sujet : une vue en perspective de quatre piliers (la projection), un plafond bleu (l'eau), un trou dans le plafond d'où sort une colonne bleue verticale (percée), la colonne verticale semble descendre du plafond (envers). C'est une œuvre surréaliste, étrange, avec laquelle nous perdons nos repères.
"Monsieur Pigman" est une sculpture représentant une tête, un buste et deux bras. Le personnage, avec ses longues oreilles et son groin, a une tête de cochon. La sculpture est noire, mais porte des taches colorées bleues, oranges, jaunes, blanches. Nous croyons voir un animal de foire, exposé dans cette salle de la galerie.
Ingrid Luche a bien voulu répondre à nos questions. Nous l'en remercions.
Je trouve que votre travail évoque l'absence de l'humain dans les objets d'exposition, dans les objets placés dans les musées. Est-ce que cela a été votre intention ? Quelles ont été vos intentions avec ces œuvres ?
C'est vrai que la présence physique en tant que telle est absente. En revanche, les objets évoquent une présence, que ce soit avec la présentation des robes, ou dans l'espace qu'occupe "Monsieur Pigman". On imagine autrement avec un costume, un objet rituel comme le témoignage d'une activité (humaine ?).
Quel artistes classiques vous plaisent ou vous inspirent ?
Il y en a trop. Si je voulais parler des robes, je pourrais parler d'une référence au manteau d'Etienne Martin, qui est une forme de restitution du plan de sa maison d'enfance. C'est le souvenir d'un espace qui a disparu. Les différents éléments peuvent se recombiner, les éléments textiles, des corps, des matériaux. Quand on voit l'objet, on est loin de se douter de ce que c'est.
Ingrid Luche
Exposition jusqu'au 21 janvier 2012
Galerie Air de Paris
32, rue Louise Weiss
75013 Paris
www.airdeparis.com
"Ghost Dress : le Rêve de la Halle Bibliothèque" est une tunique blanche portant des images de papillons et de meubles, des bibliothèques. Cette tunique est comme un objet de musée. Elle semble avoir été portée dans le passé, à une autre époque, en un autre lieu. Et elle est ici, actuellement, dans cet espace d'exposition. Nous ressentons une dualité des intentions (l'intention du porteur de la robe, et l'intention du spectateur actuel), une dualité des époques, des lieux, à l'instar des objets de musées, et notamment des arts premiers.
"Blue Moon, bleu de travail" est un vêtement en jean accroché au mur blanc de la galerie. Des petits carrés de tissus, semblables à des post-it, sont collés dessus. Sur ces pense-bêtes sont écrites des notes, comme des futurs projets : "Maquette", "Cartes Plans", "Photos". Ce vêtement semble être l'habit de travail de l'artiste, l'habit qu'elle porte quand elle créé des œuvres. Il s'agirait alors d'une sorte d'autoportrait.
"Projection + eau + percée + envers" est un dessin sur papier. Le titre nous éclaire sur le sujet : une vue en perspective de quatre piliers (la projection), un plafond bleu (l'eau), un trou dans le plafond d'où sort une colonne bleue verticale (percée), la colonne verticale semble descendre du plafond (envers). C'est une œuvre surréaliste, étrange, avec laquelle nous perdons nos repères.
"Monsieur Pigman" est une sculpture représentant une tête, un buste et deux bras. Le personnage, avec ses longues oreilles et son groin, a une tête de cochon. La sculpture est noire, mais porte des taches colorées bleues, oranges, jaunes, blanches. Nous croyons voir un animal de foire, exposé dans cette salle de la galerie.
Ingrid Luche a bien voulu répondre à nos questions. Nous l'en remercions.
Je trouve que votre travail évoque l'absence de l'humain dans les objets d'exposition, dans les objets placés dans les musées. Est-ce que cela a été votre intention ? Quelles ont été vos intentions avec ces œuvres ?
C'est vrai que la présence physique en tant que telle est absente. En revanche, les objets évoquent une présence, que ce soit avec la présentation des robes, ou dans l'espace qu'occupe "Monsieur Pigman". On imagine autrement avec un costume, un objet rituel comme le témoignage d'une activité (humaine ?).
Quel artistes classiques vous plaisent ou vous inspirent ?
Il y en a trop. Si je voulais parler des robes, je pourrais parler d'une référence au manteau d'Etienne Martin, qui est une forme de restitution du plan de sa maison d'enfance. C'est le souvenir d'un espace qui a disparu. Les différents éléments peuvent se recombiner, les éléments textiles, des corps, des matériaux. Quand on voit l'objet, on est loin de se douter de ce que c'est.
Ingrid Luche
Exposition jusqu'au 21 janvier 2012
Galerie Air de Paris
32, rue Louise Weiss
75013 Paris
www.airdeparis.com
mardi 6 décembre 2011
Linda McCluskey
Suite de notre visite au 59 Rivoli : nous faisons la rencontre de Linda McCluskey, artiste peintre. Ses tableaux sont des vues de bâtiments parisiens, qui ondulent, dansent, sont mouvants. Les immeubles sont parfois allongés, grands, gros, maigres. Leurs traits, contrairement à ce que nous en savons, ne sont pas droits, mais courbés, sinueux, expansifs ou timides. Les bâtiments haussmanniens se révèlent ainsi à nous dans une nature qui leur est propre, que nous n'avions jamais soupçonné. Merci à Linda McCluskey de nous ouvrir les yeux sur une ville que nous croyions connaître.
L'Institut de France, vu du pont des Arts, n'est pas rigide et droit, le saviez-vous ? Linda nous révèle que le dôme a la grosse tête, que les bâtiments s'écrasent, que les lampadaires du pont font la java. Vu de sa fenêtre, vous pensez que les cheminées sont verticales, que les toits sont simples et mornes ? Détrompez-vous. Ils se font une joie de se courber devant notre vue pour qu'elle se fraie un passage royal, drolatique et poétique sur Paris, la ville, la vie.
Paris bouge, vibre, change chez Linda McCluskey. Paris est un chewing-gum, Paris se montre. Arriverons-nous à naviguer dans cette ville, enfin débarrassée de sa rigidité, mais où les murs sont comme des vagues sur lesquelles nous devons maintenant surfer ? Nous allons apprendre.
www.lindamccluskey.com
Le travail de Linda McCluskey est visible au 59 Rivoli
59, rue de Rivoli
75001 Paris
59rivoli.org
L'Institut de France, vu du pont des Arts, n'est pas rigide et droit, le saviez-vous ? Linda nous révèle que le dôme a la grosse tête, que les bâtiments s'écrasent, que les lampadaires du pont font la java. Vu de sa fenêtre, vous pensez que les cheminées sont verticales, que les toits sont simples et mornes ? Détrompez-vous. Ils se font une joie de se courber devant notre vue pour qu'elle se fraie un passage royal, drolatique et poétique sur Paris, la ville, la vie.
Paris bouge, vibre, change chez Linda McCluskey. Paris est un chewing-gum, Paris se montre. Arriverons-nous à naviguer dans cette ville, enfin débarrassée de sa rigidité, mais où les murs sont comme des vagues sur lesquelles nous devons maintenant surfer ? Nous allons apprendre.
www.lindamccluskey.com
Le travail de Linda McCluskey est visible au 59 Rivoli
59, rue de Rivoli
75001 Paris
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