nicolasgoulette@yahoo.com

dimanche 1 décembre 2013

Mona Hatoum

Mona Hatoum expose à la galerie Chantal Crousel à Paris jusqu’au 18 janvier 2014. Née en 1952, Mona Hatoum a exposé en de nombreux endroits notamment la fondation Joan Miró à Barcelone en 2012 et la galerie White Cube à Londres en 2011. Mona Hatoum, dans cette exposition chez Chantal Crousel, montre les traces de personnes disparues, l’absence, la nostalgie du passé.

La disparition

Mona Hatoum
Untitled (coat hanger)
acier, aluminium recouvert de pastique et vinyle
54 x 53 x 28 cm

« Untitled (coat hanger) » est un portemanteau sur lequel sont accrochés une carte découpée en volume et un cintre. Cette œuvre, perdue sur le mur blanc de la galerie, évoque l’absence de la personne qui a oublié de décrocher ces objets du portemanteau.

« Hair mesh » (cheveux et acier) est une œuvre angoissante, presque invisible, qui semble sur le point de disparaître. Il s’agit de cheveux entrecroisés tressés en damier.

Avec « Hand made paper » (papier), la trace de la vie humaine s’efface dans la feuille de papier. Des empreintes dessinent une main étendue à plat. C'est une œuvre neutre où même le message, le geste, a disparu.

« Projection (velvet) » (velours et acier) est une carte du monde dessinée dans un rectangle de velours comme un étendard ou un drapeau international.

De quel oubli, de quelle disparition parle Mona Hatoum ? Quel territoire regretté est-il représenté par les cartes ? Comme toujours avec l’art conceptuel, les œuvres seules ne suffisent pas à appréhender complètement le contenu artistique de l’exposition. Le communiqué de presse de la galerie Chantal Crousel apporte une réponse en précisant que le cintre déformé de « Untitled (coat hanger) » représente « les contours de la carte historique de la Palestine ».


Mona Hatoum
« Reflection »
Galerie Chantal Crousel
10, rue Charlot
75003 Paris

samedi 16 novembre 2013

Carole Benzaken

Carole Benzaken expose à la galerie Nathalie Obadia à Paris jusqu’au 11 janvier 2014. L’exposition rassemble des peintures, dessins et installations de lambeaux d’images. Les sujets sont des végétations, des branchages, des fleurs. Les techniques utilisées, des lambeaux tombant devant une image ou de la peinture diluée coulant sur une toile, apportent flou et mystère.

Morte nature

Magnolias 4, 2013
Encre de chine et crayons, verre feuilleté
120 x 100 cm (47 1/4 x 39 3/8 in.)
Courtesy Galerie Nathalie Obadia Paris/Bruxelles

« Migrations temporaires 1 » (technique mixte) est un ensemble de lames de papier qui pendent du haut du mur vers le sol. Il semble y avoir plusieurs images les unes au-dessus des autres. Des images de branches d’arbres. Les lambeaux donnent une impression de déchiqueté, de violence.

« Od drzwi do drzwi (de porte en porte) 5 » (acrylique sur toile) montre des arbres sur un arrière-plan laiteux. La peinture comporte des coulures qui paraissent décomposer les branches d’arbres et les faire mourir.

Carole Benzaken se défend de ne faire que du noir et blanc dans cette exposition. D’ailleurs, dit-elle, le noir et le blanc sont aussi des couleurs. Il y a des formes rouges et orange dans ses dessins de fleurs comme dans la série des « Magnolias » (encre de chine et crayons feuilleté dans du verre). De plus, le blanc n’est pas qu’une seule couleur. C’est un scintillement, une multitude de couleurs.

En 2004, lorsqu’elle a reçu le prix Marcel Duchamp, Carole Benzaken présentait au Centre Pompidou des peintures plus colorées et plus pop. L’exposition à la galerie Nathalie Obadia fait plus peur, elle nous inquiète plus. Nous sommes au seuil d’une forêt de branchages dans laquelle l’artiste nous invite à entrer.


Carole Benzaken
« Oui, l’homme est un arbre des champs »

Jusqu’au 11 janvier 2014

Galerie Nathalie Obadia
3, rue du Cloître Saint-Merri
75004 Paris

dimanche 20 octobre 2013

Pierre Huyghe

Pierre Huyghe, né en 1962, expose au Centre Pompidou à Paris jusqu'au 6 janvier 2014. Les travaux de Pierre Huyghe évoquent la nature en montrant des animaux, des insectes qui se déplacent lentement. Dans cet espace parfois obscur, l’homme est un étranger au milieu de la nature éternelle, subtile, mystérieuse.

Artiste bio

Pierre Huyghe

L'exposition de Pierre Huyghe est trompeuse. Dans un musée, nous nous attendons à voir des œuvres d'art, pas des animaux. En plus, on se perd dans cet espace où certains endroits sont sombres. Nous voyons des abeilles agglutinées sur une statue, des poissons dans un aquarium, des araignées d'eau.

Dans cette nature éternelle, l'homme n'est qu'un spectateur. Un spectateur qui doit prendre son temps, flâner, s'arrêter, se reposer. Et on finit par voir que cela bouge et cela vit.

Il y a aussi une vidéo montrant des fourmis qui courent sur la terre. C'est le thème de l'absence de l'homme, du geste humain. Ici, la nature prend ses aises. L'exposition joue sur les ombres du parcours qui est dans l'obscurité à certains endroits. Le passage est alors étroit. On ne sait pas ce que l'on va trouver au bout.

A l'entrée, des blocs de pierre sculptés en formes géométriques. Ils sont enfoncés dans la terre qui se répand sur le socle. Les blocs forment des lettres abstraites, le mot d'une langue lointaine qui serait le titre de cette exposition. Un titre incompréhensible.

Pierre Huyghe
jusqu'au 6 janvier 2014
Centre Georges Pompidou, Paris

samedi 12 octobre 2013

Alberto Tristante

Alberto Tristante expose ses peintures à la « Vache Bleue » à Paris jusqu’au 13 octobre 2013. Les tableaux d’Alberto Tristante sont des mises en scènes qui flottent sur des sols instables. Les personnages ne sont jamais en sécurité. Alberto Tristante pose des énigmes qui, comme les contes de fées, nous font réfléchir.

Chercheur en contes de fées

« The passenger » - 130 x 97 cm - huile sur toile - 2013

La Vache Bleue est ce collectif d’ateliers d’artistes qui occupent les voutes de la voie de chemin de fer de la « petite ceinture » dans le 19 ème arrondissement de Paris. Le local d’exposition est un espace qui a été repeint en blanc. Le plafond vouté nous rappelle que nous sommes sous les arches d’un viaduc. Là, les tableaux sont accrochés.

Dans les tableaux d'Alberto Tristante, on remarque d'abord la couche de peinture. Une peinture travaillée, malaxée. Les tableaux représentent des personnages qui n’ont pas d’appuis. Ils sont en position instable. Ils semblent perdus. Les tableaux sont étranges comme un rêve.

Alberto Tristante explique : « C’est assez onirique. Je n’ai pas encore trouvé un langage propre à moi mais je suis toujours dans la recherche. Et dans cette recherche, j’aime bien les contes de fées, tout ce qui est onirique. Toujours toucher l’imaginaire. La plupart des fois, je peins d’imagination ».

Au fond de la pièce, une huile sur toile (« The passenger ») montre une étendue jaune sur laquelle glisse une barque avec trois personnages. Le traitement de l’aplat jaune est réalisé en plusieurs coups de pinceaux, verticalement et horizontalement. Le peintre ajoute : « J’essaie de faire une communication. Après chacun décide s’il veut voir la tristesse ou s’il veut voir la joie. Cela dépend du regard. Je pense que dans mes personnages, il y a des fois un côté ironique. »

Alberto Tristante partage cet espace d’exposition avec deux autres artistes : David Rodriguez et Santiago Ramirez.

Exposition jusqu’au 13 octobre 2013
La Vache Bleue
25, quai de l’Oise
75019 Paris

Site web : http://tristante00.blogspot.fr/

dimanche 6 octobre 2013

Le Bloc

Le Bloc est un squat d’artistes situé dans le 19ème arrondissement de Paris. Lors des journées portes ouvertes des 28 et 29 septembre 2013, nous avons interrogé trois artistes qui occupent un atelier dans cet ancien immeuble de la Direction régionale des affaires sanitaires et sociales.

Quel est l’intérêt pour un artiste de vivre dans un squat ? Quelles sont les difficultés ? En quoi le lieu influence-t-il leur travail ?

Le Bloc est un endroit où les gens sont généreux. On y vit au jour le jour sans faire de projet à long terme. Les conditions de vie sont difficiles mais la vie en collectivité apporte beaucoup.


Vulu est photographe. Il vit et travaille au Bloc depuis décembre 2012. Vulu réalise des photographies de nus dans lesquelles il cherche la grâce et la sensualité. Il souhaite se rapprocher des peintures classiques. Il joue avec les clair-obscur et la lumière dont il cherche le juste dosage.

3 questions à Vulu :
Nicolas Goulette : Travailler dans un squat, par rapport à un atelier normal, c’est comment ?

Vulu : Il y a une synergie artistique. On est tellement d’artistes. On vient tous d’horizons différents. Il y a certaines familles qui se regroupent tels que les grapheurs. Mais par exemple, pour tous les photographes du Bloc, il n’y en a pas un qui fait la même chose. Il y a des plasticiens. Il y a des chanteurs. Cela fait une émulation artistique. On s’inspire les uns des autres et c’est assez génial pour cela. Ce n’est pas tous les jours la fête parce que quand on vit en communauté, il y a des bons moments et des petits mauvais moments de temps en temps. Mais il y a une liberté. C’est un way of life que j’ai choisi et dans lequel je me sens très bien parce que je me sens libre.

Quelles sont les difficultés à travailler dans un squat ?

On doit faire avec le rythme du squat. On ne travaille pas forcément à son rythme. Si on veut dormir la nuit, c’est compliqué parce qu'il y en a d’autres qui vont travailler la nuit, qui vont faire du bruit, qui vont faire la fête. Cela vit 24 heures sur 24. C’est usant à ce niveau-là. Mais d’un autre côté, cela apporte beaucoup de joie. C’est un équilibre.

Est-ce que travailler dans un squat influe sur la production artistique ?

Oui. Par le biais de cette synergie artistique, on est influencé par d’autres artistes. Un peu comme les peintres au siècle dernier qui se piquaient chacun des idées entre eux. Là, on est tous en train de s’inspirer les uns des autres. C’est une richesse. Si j’étais dans mon coin seul, je n'aurais peut-être pas la même évolution. Il y a une vraie ouverture sur les uns les autres et c’est chouette.


Henri Aublet est peintre. Il a 37 ans et travaille au Bloc depuis juin 2013. Henri Aublet peint des univers futuristes où les immeubles n'ont plus de contact avec la terre, des mondes aseptisés où l'on perd ses racines. Pour Henri Aublet, la peinture permet de créer des espaces qui s'élèvent ou qui s'enfoncent. La peinture est pour lui un lieu de liberté.

3 questions à Henri Aublet :
Nicolas Goulette : Le fait de travailler dans un squat au lieu d’un atelier normal, est-ce que cela t'aide dans ton travail ?

Henri Aublet : Pour moi, cela reste un atelier normal. C’est un endroit ou bosser, dans un squat ou ailleurs. Un atelier, cela reste un atelier. Je ne fais pas de différence du tout là dessus.

Le fait que ce soit un squat, est-ce qu’il y a des difficultés ou des contraintes particulières ?

Oui comme tout. Il y a des avantages, un loyer pas cher. Il y a une vie de squat avec ses hauts et ses bas. Il y a des rencontres, il y a des contraintes. Les contraintes c’est que cela ferme : le soir c’est galère de rentrer, le matin aussi. Il y a des horaires d’ouvertures. Dans un mois, il y a le jugement. Le problème du jugement, c'est de savoir si cela va durer ou pas. Normalement, cela devrait durer l’hiver.

Tu as cherché à intégrer un squat ou pas ?

Oui et non. On m’a parlé d’ici. Je suis venu deux ou trois fois. La troisième fois j’ai eu un coup de bol, on m’a ouvert une pièce. Si j’avais les moyens d’avoir un super atelier, je l'aurais. Peut-être que je viendrais aussi dans un squat plus pour partager que pour bosser. J’ai bossé un peu dans des squats et je ne vois pas la différence avec des trucs d’Etat. A part qu'il y a les flics qui viennent. Il y a des procès. Il y a toujours des soucis, des échos assez forts. La vie n’est pas facile pour les gens. Chacun défend son bout de gras et ce n’est pas toujours évident. Il faut prendre sur soi et rester cool.


Stella a 26 ans. Elle occupe un logement et d’un atelier au Bloc depuis décembre 2012. Stella réalise des impressions sur affiches à partir de photographies sur lesquelles elle peint et gratte. Elle dessine des personnages qui ont la tête grosse, des œuvres qui évoquent la part sombre de l'enfance.

3 questions à Stella :
Nicolas Goulette : Le fait de travailler dans un squat par rapport à un atelier normal, cela change quoi ?

Stella : Je ne pourrais pas trop répondre dans le sens où je n’ai pas eu d’atelier normal. Ici, j’y habite. Ce n’est pas uniquement un atelier. Il y a le coté connection. Il y a mon travail personnel, ce qui m'anime au fond des tripes. Et il y a le fait de rencontrer tellement de gens différents qui ne sont pas forcément artistes. Au Bloc, il y a à la fois les gens qui sont artistes et qui n’ont que leur atelier, les gens qui ont un atelier logement et les gens qui ont juste un logement. Cela colore la vie de chacun. Le fait de discuter et de se rencontrer, cela créé des connections et des idées.

Il y a des difficultés à être dans un squat ?

Oui. Il y a l’incertitude. On ne sait pas si on va rester ou pas. On peut se faire expulser du jour au lendemain. Mais il y a quelque chose de tellement intergénérationnel avec des gens qui ont plusieurs d’expériences de squats, des novices, des gens qui n’avaient jamais entendu parler de squat. Il y a des artistes qui ont leur chez eux à l’extérieur et qui travaillent ici. On a un panel de chemins de vie très différents. Cela peut être explosif parce que ce ne sont pas les mêmes enjeux pour chacun. En même temps cela peut faire du bien parce qu’on n’est pas dans la monotonie. On propose quelque chose qui change de ce qu’on voit ailleurs.

Tu as vraiment cherché à être dans un squat ? C’est une démarche active ?

Non. C’est parce qu’à un moment donné, je n’avais pas du tout les moyens d’avoir un appartement ou d’être en coloc. Mon copain est ici aussi. C’est par lui que j’ai découvert le monde des squats. Au départ j'avais un recul, une peur, notamment par rapport aux drogues. Mais le Bloc, c’est tellement grand, il y a de l’espace. On peut être dedans et dehors (dans le patio). Il y a moyen de faire des choses.

Stella, encre sur papier

Le Bloc, au 58 rue de Mouzaïa dans le 19ème arrondissement de Paris, est un squat occupé par 150 personnes de 33 nationalités. Chacun s’acquitte d’un loyer de 63 euros par mois. Un juge dira prochainement si le lieu est expulsable ou non : jugement attendu le 7 novembre 2013.


Sites web :




mercredi 2 octobre 2013

Mickael Doucet




Le peintre Mickael Doucet nous a reçu en septembre 2013 dans son atelier du « Ventre de la Baleine » à Pantin en Seine-Saint-Denis.

La vidéo est réalisée par Aglaya Muravlov, membre du collectif «newFactory Paris».


Site web de Mickael Doucet :
http://www.mickaeldoucet.com

Les ateliers d'artistes du Ventre de la Baleine :
http://www.labaleine.org

Précédente vidéo de Nicolas Goulette et Aglaya Muravlov :
Marlène Ehrhard

dimanche 15 septembre 2013

Georg Baselitz

La galerie Thaddaeus Ropac expose dans son espace de Pantin les sculptures de Georg Baselitz, né en Allemagne en 1938. Ces pièces de bronze de plus de trois mètres de haut dépassent tout ce qu’on voit habituellement dans les expositions de sculptures. 

Géant noir

Georg Baselitz, « Louise Fuller », bronze, 2013
351,5 x 135,5 x 130 cm
Courtesy Galerie Thaddaeus Ropac Paris-Salzburg / Photo : Jochen Littkemann

Dans cet espace silencieux, le spectateur est au milieu des murs blancs comme dans du coton. Quelques bruits feutrés nous parviennent du dehors. Parmi les sculptures de Georg Baselitz, « Louise Fuller » représente une danseuse avec des cerceaux. 

La femme lève le bras gauche comme pour nous faire signe. Son bras droit est replié devant elle comme pour se protéger. C’est une sorte de totem chamanique. Une apparition surnaturelle. 

Le lieu d’exposition, l’immense cité de l’art créé par le galeriste Thaddaeus Ropac en 2012, rend le visiteur minuscule. Face aux œuvres géantes de Georg Baselitz, le spectateur est presque perdu et déstabilisé.


Georg Baselitz
« Le côté sombre »
Jusqu'au 31 octobre 2013

Galerie Thaddaeus Ropac
69, avenue du Général Leclerc 93500 Pantin

mardi 3 septembre 2013

Roy Lichtenstein

Le Centre Pompidou à Paris expose une rétrospective des œuvres de Roy Lichtenstein (1923 - 1997) jusqu'au 4 novembre 2013. Roy Lichtenstein, peintre et sculpteur américain, réalise des peintures aux traits noirs et aux aplats uniformes caractéristiques de la bande dessinée. En 1974, sa toile « Atelier d'artiste - soin du pied » fait se répondre plusieurs éléments dans le tableau, et contient des références à l’histoire de l’art. 

Références circulaires

Roy Lichtenstein, « Atelier d'artiste, soin du pied », huile et magna sur toile, 1974

Dans ce tableau, des éléments se retrouvent d'un endroit à l'autre dans des dimensions différentes. Les fruits de la nature morte accrochée au mur répondent aux citrons dans l’assiette. La trame de la surface de la table répond à celle du mur.

Les tableaux de cet atelier sont des surfaces verticales et s'opposent aux plans horizontaux que sont le sol et la table. Le radiateur, dessiné en traits verticaux, répond à la colonne antique à droite.  

Concernant les couleurs et le traitement des aplats, mis à part le blanc, nous avons une trame noire qui forme un gris. Le jaune est un stimulant. Il donne vie, chaleur et volume au tableau. Il l’habille et l'enrichit. 

Dans cet intérieur d'atelier d'artiste, dessiné en traits géométriques, nous trouvons de multiples références à l'histoire de l'art, avec des tableaux représentant un portait, une nature morte, une abstraction, une colonne antique. Roy Lichtenstein nous montre des tableaux qui s'inscrivent dans un tableau, comme une sorte de sorte de référence circulaire. 

Roy Lichtenstein
Exposition jusqu’au  4 novembre 2013
Centre Pompidou, Paris

dimanche 25 août 2013

Tomohito Ishii

Tomohito Ishii, né au Japon en 1981, expose actuellement au 59 Rivoli à Paris. Il réalise des peintures à l’huile difficile à interpréter. Tomohito Ishii peint à partir de photographies qui lui servent de base. Les photographies sont pour lui comme une partition pour un musicien. 

Auteur compositeur interprète

« Lost and Found » – huile sur toile - 162 x 97 cm

Quand il peint, il y a une  relation entre Tomohito Ishii et sa peinture. De même, il veut créer une relation particulière entre sa peinture et le public.

C’est pourquoi il ne veut pas exposer des photographies. La photographie, pour Tomohito Ishii, est seulement comme une partition de musique. Il fait une photographie puis il peint, comme un musicien ferait une partition puis jouerait de la musique.  



Exposition  « Day(s) dreaming »
Jusqu’au 2 septembre 2013
  
59 Rivoli
59, rue de Rivoli
75001 Paris

samedi 17 août 2013

Aurélie William Levaux

Aurélie William Levaux redonne une seconde vie aux gravures populaires, en les détournant, en réinterprétant les paroles des personnages de façon grossière et subversive. Elle expose actuellement au « Point Ephémère », à Paris, ses dessins sur tissus. 

Tissage décalé


Avec ses travaux, Aurélie William Levaux avoue avoir « le désir de raconter, lié à la pratique de l'illustration, proche du langage bande dessinée. »


Aurélie William Levaux « redonne une seconde vie » aux gravures anciennes, elle « les met en scène pour servir [son] propos. »


Les images de Aurélie William Levaux sont finement élaborées. Elle dessine sur le tissu blanc. Elle coud également avec des fils de couleurs. Cela forme des traits cassés qui semblent mal contrôlés, hésitants. C’est frais, drôle, impertinent et décalé.


Aurélie William Levaux & Moolinex
Exposition jusqu’au 15 septembre 2013

Point Ephémère
200, quai de Valmy
75010 Paris

http://aureliewilliamlevaux.be


samedi 3 août 2013

Marlène Ehrhard




Nicolas Goulette propose un entretien avec une artiste peintre, Marlène Ehrhard, dans son atelier de Pantin en Seine-Saint-Denis. La vidéo est réalisée par Aglaya Muravlov, membre du collectif « newFactory Paris ».

mardi 30 juillet 2013

Yann Do

Yann Do, né en Vietnam en 1973, nous a ouvert les portes de son atelier à « la Vache Bleue », collectif d’ateliers d’artistes à Paris. Yann Do peint des scènes de naufrages et de bateaux perdus dans les tempêtes, avec une technique classique de peinture à l'huile sur toile.

Les rescapés

Yann Do – Sans titre – Huile sur toile

Sur cette toile horizontale, la silhouette du bateau est noyée dans les gros nuages épais. Une peinture forte et lumineuse. Ciel et mer brillent d’une blancheur inquiétante. A gauche, une embarcation est figurée par une petite tache de même couleur que le bateau.


Yann Do – Sans titre – Huile sur toile

Avec ce diptyque, nous sommes au bord de la mer, la nuit, sous un ciel plombé. L’écume des vagues forme une longue bande blanche. Une barque est échouée sur la plage avec deux naufragés. Au-dessus d’eux, une falaise menaçante.


La Vache Bleue - 25 Quai de l'Oise - 75019 Paris

http://associationlavachebleue.blogspot.fr

http://yann-do.com/

mardi 23 juillet 2013

Zofia Blazko

Au 59 Rivoli à Paris, nous pouvons admirer actuellement les peintures de la polonaise Zofia Blazko. Dans les portraits à l’huile de Zofia Blazko, La chaleur des tons et la sensualité des lumières cohabitent avec une fraîcheur d’ensemble, une distance froide, mystérieuse et insaisissable.

Chaleur fraîche

Zofia Blazko dans son atelier au 59 Rivoli à Paris

« Kasia » (huile sur toile) est le portrait d’une femme dont la robe contient des motifs sombres qui structurent le tableau. Derrière elle, le bleu du ciel nous montre qu’elle est à l’extérieur. 

Avec Zofia Blazko, il y a toujours des très forts contrastes. Elle explique : « Je travaille chaque fois avec la lumière. Je fais des photos le matin, quand il y a des grands contrastes entre ombres et lumières. J’aime bien les contrastes dans les couleurs, dans les lumières, dans les compositions. »

« Jawat » (huile sur toile) est le portrait d’un homme barbu qui nous regarde. Sa bouche apporte un rougeoiement qui reste frais. L’ensemble de la toile est peinte avec des couleurs secondaires : fond vert, casquette violette, visage orange.

Zofia Blazko travaille en fondant les couleurs les unes dans les autres. Il n’y a pas de traces de pinceau. Elle explique qu’elle n’y « a pas réfléchi, c’est [son] style de travail. Pour [elle], le plus important, c’est ce qu’[elle] dessine. La technique, c’est important, mais pas trop ».


Zofia Blazko
En résidence au 59 Rivoli
75001 Paris

www.zofiablazko.com

mardi 16 juillet 2013

Daniel Jackson

Daniel Jackson est sociologue américain et photographe. Jusqu’au 9 août 2013, il expose ses photographies de ciels étoilés à la galerie « Mémoire de l’avenir » à Paris. Avec Daniel Jackson, le ciel de nuit n’est jamais noir, mais multicolore.

Lumière céleste

« Neguev – Galactic center »

Daniel Jackson utilise une technique particulière. La photographie d’astronomie se fait avec un appareillage complexe. On prend une série de plusieurs clichés à intervalles réguliers en suivant le mouvement des étoiles. Un traitement informatique permet de superposer et reconstituer l’image finale dans laquelle le ciel semble immobile et le sol mouvant. 

Daniel Jackson explique : « Le ciel a des couleurs. Il faut du temps, quand vous êtes dans un endroit sombre, pour que vos yeux s’habituent à l’obscurité. Quand je faisais de la photo, je sortais dehors, je m’asseyais à un endroit pendant une heure le temps que mes yeux s’habituent. Et je voyais des couleurs incroyables, plein de lumières ».

« Plus jeune, j’ai étudié l’art. J’ai étudié les impressionnistes. J’ai beaucoup été inspiré par Monet, particulièrement ses études des différences de lumières. Et je voulais utiliser une  technique où je pourrais capturer les différences de qualité de la lumière à des moments différents ».

Dans « Neguev – Galactic center », la voie lactée monte dans le ciel comme une fumée. C’est une forme fantomatique qui s’élève au-dessus d’une colline sombre. Le ciel est clair à force de superposer des photos qui ont des temps d’exposition différents. 

« J’ai commencé l’astronomie quand j’étais enfant, raconte Daniel Jackson. Mon père était marin. Il m’a parlé du ciel. Il m'a montré comment trouver son chemin n’importe où au milieu de la mer avec les étoiles. Pour moi, les étoiles, c’est ce qu’on utilise pour guider les bateaux. C’est comme un GPS. »


Daniel Jackson
SMILES
Jusqu’au 9 août 2013

Espace interculturel Mémoire de l’avenir
45/47, rue Ramponeau
75020 Paris

http://www.memoire-a-venir.org


samedi 6 juillet 2013

Le chic de l’art chez Marine Veilleux

La galerie parisienne Marine Veilleux présente actuellement les travaux de onze artistes, des créations éthérées, des dessins minimalistes, des sculptures blanches sur fond blanc. Chic et sobre, cette exposition est raffinée, travaillée, professionnelle.

« Performer » de Sylvain Bourget (2005 – impressions sur papier – 30 * 40 cm). Sur les impressions de Sylvain Bourget, une silhouette noire se trouve au milieu du blanc du papier. Un blanc insondable, profond, infini. Nous voyons notamment un homme dont le menton relevé tient treize formes géométriques. Sylvain Bourget créé des silhouettes de personnages qui exécutent les records du « Livre Guiness des records ».

« Sans titre » de Antoine Dessailly (2013 – liner sur papier quadrillé – 21 * 29,7 cm). Dans ses dessins, Antoine Dessailly reproduit des séries de motifs. Le même dessin se répète sur toute une ligne et se poursuit à la ligne suivante. De façon cyclique, c’est la reproduction répétitive d’un même univers.

« Gants » de Adélaïde Fériot (2013 – argile auto-durcissante, carton, acier – 30 * 22 cm). Une paire de gants en argile évoque, en creux, le personnage qui pourrait les enfiler, artiste ou spectateur. Les gants sont tournés en direction du mur. C’est par là qu’ils vont. Mur et gants semblent faits de la même matière, un plâtre blanc friable. 

« Sans titre » de Balyc (2012 – encre de chine sur papier kraft – 50 * 70 cm). Des immeubles lointains se devinent. Ils se détachent à peine au-dessus de la ligne d’horizon. La signature de Balyc a la même teneur que le dessin lui-même : une fine ligne acérée tracée à l’encre de chine. Balyc lance des traits fulgurants qui lacèrent la feuille de papier kraft. 


« Tricoter la ritournelle »
Jusqu’au 27 juillet 2013

Galerie Marine Veilleux
47, rue de Montmorency
75003 Paris

samedi 29 juin 2013

« Boum Bang » au 59 Rivoli

Lou Ros, Julien Spianti, Edwige Fouvry et Pascal Vilcollet exposent au 59 Rivoli à Paris jusqu’au 1er juillet 2013. Ces quatre peintres allient virtuosité technique et poésie dramatique. L’exposition est organisée par « Boum Bang », magazine en ligne et créateur d’événements artistiques. Arrêtons-nous devant quatre peintures.

« Running for your life » par Lou Ros (2013 - technique mixte sur toile – 195 * 162 cm). Un travail vigoureux, bougeant et vibrant. Une peinture raclée, travaillée, malaxée, avec des coulures et des parties non peintes. Trois personnages font la course. A droite, un petit homme, les yeux fermés, en plein effort, est devant. Derrière lui court une infirmière avec sa croix sombre sur le blanc de son uniforme.

« Mother » par Julien Spianti  (2013 - huile sur toile – 195 * 162 cm). Une grande toile énigmatique et sombre. Nous sommes dans la nuit au bord d’une forêt. Trois personnages nus sont au sol. Une femme accroupie se penche sur un corps couché. Par endroit, la peinture ne recouvre pas le premier jus de peinture dilué sur la toile. Ces manques provoquent des ouvertures picturales et mentales, des échappatoires, des lumières dans la nuit.

« Rose » par Edwige Fouvry (2013 - huile sur toile – 150 * 150 cm). Au milieu d’un paysage de campagne froide, une forme rose bonbon. Mélangée de blanc, elle reste fraîche, mais elle apporte quand même joie et gaité. C’est un paysage gris-vert, avec des buissons, des étendues blanches comme de l‘eau. Une peinture presque abstraite, peinte en grosses touches de pinceau.

« Puppet Master » par Pascal Vilcollet (2013 - technique mixte sur toile – 195 * 162 cm). Une peinture mélancolique. On regarde vers un passé qui s’éloigne. Des petits oiseaux s’envolent et fuient une scène dramatique. Un personnage en jaune avec un masque à gaz étreint un homme accroupi. En haut, un homme en maillot de bain regarde la scène. A ses pieds, un quatrième personnage en chemise, dont la tête est invisible. 


« Peinture augmentée »
Du 20 juin au 1er juillet 2013
59 Rivoli
75001 Paris


Sites web :





dimanche 23 juin 2013

Corélia Roché

Corelia Roché réalise des peintures et sculptures qui grouillent de petits bonshommes ou de figurines dans des immeubles, au milieu de chiffres et de lettres. Elle nous a reçu cette semaine dans son atelier à Pantin en Seine Saint-Denis et nous a accordé un entretien.
Corelia Roché a exposé à la galerie Voskel à Paris, à l’Ambassade d’Argentine (Paris), au Musée del Tigre de Buenos-Aires, à la Zona Red-Hook à New York. Elle fait partie du groupe de peintres argentins « El Colectivo » et travaille avec les Ateliers-Est de la ville du Pré Saint-Gervais.

La cité de la récupération

Corélia Roché dans son atelier à Pantin

Nicolas Goulette : Pourquoi les bonshommes s’agitent les bras en l’air sur tes tableaux ?

Corélia Roché : Ils s’agitent les bras en l’air ? Pas tout le temps. Mais quand les bras sont en l’air, c’est qu’ils réclament quelque chose. C’est un peu tout le monde qui réclame des choses.
Mais pas seulement. « Mettre les bras en l’air » peut signifier beaucoup d’autres choses. Par exemple les mains ouvertes, pour montrer qu’on n’a pas d’armes, qu’on ne veut ni attaquer ni se défendre.

Ces signes enchevêtrés m’évoquent l’art précolombien. Est-ce que c’est quelque chose qui t’inspire ? Quelle forme d’art t’inspire ?

Je suis autodidacte, je n’ai fait aucune école d’art. Beaucoup de choses m’inspirent. Tout ce que j’ai emmagasiné depuis l’enfance. Au départ, on m’a un peu assimilé à l’art brut, avec cette façon spontanée de travailler. Je me retrouve aussi dans le courant de la Figuration Libre.
Je n’ai pas un truc particulier. Je fonctionne à l’impulsion. Je vais puiser partout et nulle part. Je n’en sais rien moi-même.

Je trouve que tu fais du all over. Tu remplis toute la surface … 

Comme les êtres humains remplissent la planète.

Tu remplis toute la surface des toiles avec des signes. 

Avec des signes, avec des bonshommes, avec des immeubles. Souvent, je me bats pour laisser du blanc. Parfois j’y arrive, parfois je n’y arrive pas. J’essaie de laisser un peu d’air, mais j’ai beaucoup de mal. Je pense qu’il y a cette surpopulation dans mon travail qui est en corrélation avec l’homme sur terre. Mais c’est plus complexe que ça. Alors, je ne réfléchis pas trop. Je fais et je n’analyse pas.

Certains tableaux sont très grands, plus grand que la taille humaine. Pourquoi ? 

J’ai commencé à travailler sur des petits formats. J’ai mis longtemps à arriver aux grands formats. C’est vrai que le grand format est assez exaltant parce qu’on part dedans, on ne sait pas où l’on va.
Avec le petit format, on peut se perdre aussi, mais on est comme dans un petit cadre. On reste dedans. On flotte. Alors qu'avec le grand format, on nage, on ne sait pas si on va arriver quelque part.
Au départ, j’ai fait un grand format parce qu’on s’attaque aux choses. Je me suis attaqué au grand format.

Tes supports sont multiples, il n’y a pas que de la toile sur châssis. Il y a une toile tendue entre deux barres.

C’est fonctionnel pour l’enrouler et la transporter plus facilement. C’est aussi une question financière, monter sur châssis, cela coûte cher. Je ne sais pas quand je vais arrêter la toile, c’est pour ces raisons que l’aspect bâche convient à mon travail. Je me suis arrêté là, j’aurais pu continuer. Cela peut monter encore et encore, il n’y a pas réellement de fin. Je pourrais faire le pan d’un immeuble, c’est une question de temps et d’envie bien sûr.

Pourquoi peins-tu avec des mots et des lettres ?

Quand je pense à un truc, je le marque. Tout à coup, il y a « 2 » qui vient, « à bientôt », « donde esta el rey ». Je ne sais pas pourquoi, c’est comme ça. Je ne me censure pas. Parfois j’écris un truc, et après cela se fond, cela disparaît.

Il y a toujours des personnages et des immeubles. C’est pour évoquer la ville, l’univers urbain ? 

Je vis dans la ville. J’habite à Aubervilliers, je travaille à Pantin. Je suis dans la ville, donc forcément, je regarde autour de moi et ce que je vois, ce sont des immeubles, des gens, des voitures, des cafés.

Est-ce que tu fais de la culture populaire, de la contre-culture, avec tes jouets, tes petits personnages ? 

C’est la matière qui me dirige. Je parcours les vides greniers. Je regarde les choses qui traînent par terre dans les rues. Je ramasse. Cette fois, c’était des jouets en brocante. J’ai acheté un énorme sac de jouets. Puis un deuxième et un troisième.
C’est la multitude qui m’intéresse. Je ne savais pas ce que j’allais faire avec ces jouets. C’est la matière d’abord. J’ai trouvé ça rigolo, ludique. Mon travail n’est pas du tout intellectuel.

Tu utilises toujours du bleu de céruléum et du jaune. 

J’aime les couleurs franches, vives. Le rouge, rouge sang, le jaune soleil, le bleu céleste, les couleurs opaques et couvrantes. Parfois aussi, je malaxe tout ça. Mais j’aime bien quand ça pète.


Site web : http://corelia.roche.free.fr

L’atelier de Corélia Roché est situé au Ventre de la Baleine à Pantin
http://www.labaleine.org


samedi 15 juin 2013

« Substance » à la galerie Antoine Levi

La galerie parisienne Antoine Levi présente « Substance », une exposition de groupe, jusqu’au 4 juillet 2013. Chaque œuvre interagit physiquement avec le lieu d’exposition, que soit le sol, les murs ou l’air ambiant. Nous trouvons notamment les travaux du suisse Kilian Ruthemann, des américains G. Küng et Sean Townley, de l’italien Davide Bertocchi ainsi que du collectif France Fiction.


France Fiction
Bibelots sur tapis vert

De multiples figurines cohabitent entre des plaques de verre. L’installation, un empilement d’objets sur une table de jeu, parait immobile et mystérieuse. Mais, à force de regarder, nous pensons à la maquette d’un immeuble dans lequel vivent et évoluent des petits personnages. Les objets, des bibelots, des cailloux, des pelotes, soutiennent par superposition quatre plaques de verre.


Kilian Ruthemann
Le passe muraille

Deux vitres sont collées au mur sans le toucher. La colle noire, bien visible, possède en effet une épaisseur. Avec cette œuvre, nous sommes dans la dimension du mur. Celui-ci acquiert un souffle, une présence. Les vitres font office de cadres. Cadres rectangulaires marqués par le bord du verre. Mais aussi cadres de l’espace « de vie » de l’œuvre. Les vitres enserrent contre le mur une épaisseur d’air et de colle qui le met en perspective. 


G. Küng
Vapeur d’artiste

Une feuille de plastique transparente est remplie d’eau et d’encre. L’évaporation du liquide dans l’air est marquée par la diminution du niveau dans le cône de plastique. Nous avons un mouvement physique vers le spectateur qui va respirer les particules issues de l’œuvre d’art. Avec cette installation, le geste artistique s’éloigne du mur : le plastique pointe vers le centre de la pièce. Il prend également de la hauteur, étant fixé plus haut que la taille humaine. 


Davide Bertocchi
Objets volants non identifiés

Deux sphères contenant un liquide visqueux sont chacune posées sur un piédestal. Elles surplombent deux disques vinyles dont on imagine entendre la musique. Ici, on vole dans l’espace. Chaque boule est montée sur un trépied. Dans les sphères, le liquide est profond et sombre. Il y apparait une immensité comme un ciel de nuit. On croit sentir du mouvement avec les disques prêts à tourner et le liquide frémissant à la moindre secousse. 


Sean Townley
D’après l’antique

Une sculpture de patte de chat est posée sur le sol. Elle parait inspirée de l’antiquité égyptienne, comme si le Louvre faisait une apparition à la galerie Antoine Levi. C’est une statue terrienne, qui vient du sous-sol, des bas-fonds, du fond des âges. La sculpture est doublement immobile. Elle ne bouge pas. De plus, comme elle représente une patte de chat privée d’un corps et des autres pattes, elle ne « peut pas » se mouvoir. Une œuvre énigmatique, qui questionne. Comme un point d’interrogation sur le sol de la galerie.


« SUBSTANCE »
Jusqu’au 4 juillet 2013
Galerie Antoine Levi
44, rue Ramponeau
75020 Paris 

samedi 8 juin 2013

Mike Kelley

Le Centre Pompidou à Paris présente jusqu’au 5 août 2013 les travaux de l’américain Mike Kelley (1954 – 2012). L’exposition est un capharnaüm bruyant et débridé de dessins, de vidéos et de peintures reprenant les codes, images et textes de la culture populaire.

Contre-culture californienne

« Memory were flat #18 » (résine synthétique, bois, bijoux - 2001) est un grand panneau de résine dans lequel sont fixés des objets. Il y a des badges, des montres, des bracelets, des pièces de monnaie, des stylos, etc … Un des badges porte la mention « I eat California raisins ». Ce sont des résidus de ce qu’un californien moyen pourrait avoir chez lui au fond d’un tiroir. Un tableau proche des gens, compréhensible.

« Rainbow Coalition » (acrylique sur toile – 1985) est chaleureux et agréable, abstrait. Des ronds cannelés aux couleurs de l’arc en ciel forment, sur un fond blanc, une grande boule colorée. Autour, quelques mots, « Rainbow afrowigs » font penser que l’artiste s’est inspiré d’une perruque multicolore pour cette peinture.

L’œuvre de Mike Kelley est une ménagerie de formes et de sons. De nombreux textes sont inscrits sur les œuvres. Nous voyons aussi des dessins à caractère sexuel ou scatologique. En plus de voir des sculptures, installations et dessins, nous entendons des sons sortant de haut-parleurs. Le tout forme une sorte de zoo des beaux-arts, multiforme, populaire, étonnant.

vendredi 31 mai 2013

Danh Vo

Danh Vo, né en 1975 au Vietnam, expose au Musée d’Art moderne de la Ville de Paris jusqu’au 18 août 2013. L’artiste, qui a fui son pays avec sa famille à l’âge de 4 ans, montre des objets qui évoquent la guerre du Vietnam et la colonisation française en Indochine. 

Vietnam conceptuel

Danh Vo expose des objets ayant appartenu à Robert McNamara, secrétaire à la défense des Etats-Unis entre 1961 et 1968 durant la guerre du Vietnam. Nous voyons des fauteuils, des plumes de stylo, un recueil de photographies, la lettre d’acceptation par Robert McNamara du poste de secrétaire à la défense. Chaque objet présente une grande richesse d’expression et une grande profondeur. Ce protagoniste de la guerre a bouleversé la vie de Danh Vo. Cette évocation des événements historiques qui ont forgé son parcours est très touchante.

Danh Vo fait resurgir le passé. C’est un art d’histoire, comme la peinture d’histoire des 18ème et 19ème siècles, qui prend la forme d’art conceptuel, d’objets ayant réellement servis.

Nous voyons d’autres pièces qui sont des témoignages de la guerre du Vietnam : par exemple les lustres de l’hôtel parisien où fut signée la fin de la guerre en janvier 1973.

A travers une lettre de Théophane Vénard, prêtre missionnaire envoyé en Indochine au 19ème siècle, Danh Vo évoque la colonisation française en Asie.

Dans cette exposition, la présentation des objets est simple, rustique. Ils sont vieux et abîmés. Les lustres sont présentés dans des échafaudages de chantier. Ici, le musée joue bien son rôle qui est de figer les objets. Ainsi statufiés, ils peuvent parler, mais parler une langue « d’amateurs d’art ». Une langue profonde et riche qui serait inaudible en dehors du musée.


Danh Vo
« Go Mo Ni Ma Da »
Du 24 mai au 18 août 2013
Musée d’Art moderne de la Ville de Paris

samedi 25 mai 2013

Raymond Cazes

Raymond Cazes peint depuis une quinzaine d’année. Cet auvergnat expose ses aquarelles au château de Grouchy dans le Val d’Oise jusqu'au 9 juin 2013. Avec ses tableaux aux tons ocres représentant des forêts d’automne ou des vieux outils, il maintient la tradition du rust art , l’art de la rouille. Ses maîtres sont David Poxon, Angus mc Ewan ou Marc Folly.

Feux d’automne

« Souches » – aquarelle

« Souches » est une aquarelle de grand format. C’est un mouvement vers le haut emmené par une souche d’arbre. La souche est foncée, faite de multiples traits entrelacés. Elle prend place sur un fond ocre jaune et orange. Un fond dilué, mélangé, bouillonnant. En haut, il y a un rouge rosé qui refroidit l’ensemble.

Le tableau est presque abstrait. Raymond Cazes explique qu’il part de couleurs et qu’il va vers « quelque chose ». Même si il n’est pas dans l’anti figuratif, cela peut donner des formes très personnelles. 


Raymond Cazes
Exposition du 3 mai au 9 juin 2013
Château de Grouchy – Osny (95)

http://www.raymondcazes.com/

samedi 18 mai 2013

Roger Mühl

La galerie de la bouquinerie de l'Institut, à Paris, présentait jusqu'au 10 mai 2013 des tableaux de Roger Mühl. Avec « Murets et Oliviers », une grande peinture sur toile, ce peintre nous entraîne dans un paysage de Provence baigné de soleil. En utilisant des tons très blancs, il rend sa peinture fraîche et aérienne. 

Soleil blanc

« Murets et Oliviers » – huile sur toile - 150 x 160 cm

La force de ce tableau tient au contraste entre le sujet représenté, un paysage méditerranéen, et les tons froids et blancs utilisés. Chez Roger Mühl, le soleil est rafraîchissant. 

L'œuvre de Roger Mühl est radicale. Il nous impose ses silhouettes d’arbres monstrueuses, cubistes, réduites à des aplats. Nous ne pouvons pas échapper à ses couleurs légères qui nous attirent. Les tons blanc créent un espace, apportent une profondeur, accentuent la perspective aérienne.

Roger Mühl est né en 1929 à Strasbourg. Il a exposé dans différentes galeries à Paris, à New York, à Tokyo, en Suisse. Il est décédé en 2008.


Roger Mühl
Exposition à la galerie de la Bouquinerie de l’Institut
3bis, rue des Beaux-Arts
75006 Paris

http://www.bouquinerie-institut.com

dimanche 12 mai 2013

Karin Olesen

Karin Olesen est danoise. Elle peint des motifs cubistes colorés sur de vieux tableaux représentant son Danemark natal. Avec une démarche rappelant celle de Pablo Picasso, Karin Olesen imprime sa marque sur son environnement, fut-ce au mépris du travail des autres peintres. Elle semble dénigrer et piétiner le passé avec fougue et violence. 

Elle expose jusqu’au 5 mai 2013 ses œuvres au 59 Rivoli à Paris. 

Acrylique sur toile

« Picnic » – 100 x 120 cm

Pour Karin Olesen, la vie et l’art sont durs. Etre trop mou ou trop consensuel n’avance à rien. « Picnic » est un tableau qui appartenait à son grand-père et qui représente un paysage d'eau et de verdure. Sur cette belle toile encadrée, elle a peint des motifs géométriques à l'acrylique. Et tant pis si le peintre d’origine ou ses héritiers ne sont pas d’accord. Elle ne leur a pas demandé leur avis. 

Vis ta vie, peins ta vie. Telle semble être la devise de Karin Olesen. Avec cette exposition au 59 Rivoli, elle apparaît comme une artiste suractive, obsédée par l’idée de laisser sa trace, ne respectant rien ni personne et certainement pas le travail de ses prédécesseurs. L’art est quelque chose de trop sérieux pour s’encombrer de vieux tableaux. 

Pour recouvrir de peinture à l’eau des tableaux initialement peint à l’huile, elle a gratté et poncé la peinture. Elle a ensuite utilisé un liant acrylique. 

Karin Olesen ne se soucie pas de la valeur des œuvres d’art, en tout cas pas de celles des autres. Quand on lui demande si quelqu’un dans le futur pourrait recouvrir ses propres œuvres, elle répond : « Non, c’est impossible, elles coûtent trop cher. »


Karin Olesen
« Déjeuner sous l'herbe »
Jusqu’au 5 mai 2013

59 Rivoli
75001 Paris

http://www.karinolesen.dk

samedi 4 mai 2013

Les frères Chapuisat

Les frères Chapuisat présentent leur dernière installation à l'abbaye de Maubuisson, dans le Val d'Oise, jusqu'au 3 novembre 2013. Ces artistes suisses ont créé un parcours labyrinthique en bois dans lequel le visiteur est amené à participer physiquement.

Parcours du combattant

Gregory et Cyril Chapuisat ont construit un long boyau de bois dans lequel les visiteurs se perdent, s'essoufflent, se contorsionnent, se parlent entre eux pour s'indiquer les impasses et les bons passages. Le tout à trois mètres de haut sous les voutes des salles de l'abbaye. 

Cette œuvre est d’abord composée de sons. Le son des pas sur les planches de bois. Les souffles forts, signes de la fatigue ou de la lassitude des visiteurs. Les indications du guide, resté en bas, à travers les parois : « Combien êtes-vous ? Tournez à droite. »

C'est une installation ludique et cocasse. Nous adorons nous faire peur en rampant la tête la première dans ces passages étroits. Nous sommes un peu hors du monde, dans une cabane merveilleuse. Nous touchons le plafond des hautes salles de l'abbaye habituellement inaccessibles.

Reste le sentiment de s'être perdu dans un univers créatif foisonnant. Le temps d’une traversée, nous avons fait confiance à ces artistes que sont les frères Chapuisat. A certains endroits, il n’y a pas moyen de faire demi-tour. Les épaules passent à peine. Nous sommes obligés d'avancer.


« Le Buisson Maudit »
Exposition des Frères Chapuisat

Abbaye de Maubuisson
avenue Richard-de-Tour
95310 Saint-Ouen-l'Aumône

Jusqu’au 3 novembre 2013

dimanche 28 avril 2013

Marcos Brêtas

Marcos Brêtas est un peintre brésilien installé en région parisienne depuis vingt ans. Il nous a ouvert les portes de son atelier dans le « Ventre de la Baleine », un ensemble d'ateliers d'artistes situé à Pantin.

Les peintures de Marcos Brêtas sont des grandes compositions classiques dans lesquelles les personnages sont dominés par le paysage, par l'obscurité et par la peinture. 

Pâte de peintre

« Incommunicabilité » – Peinture sur toile – 162 * 228 cm

Les tableaux de Marcos Brêtas sont sombres et dramatiques. Plus que le sujet ou le style, ce qui l'intéresse, c'est la technique et le métier du peintre, artisan avant tout. Marcos Brêtas explique qu'il faut que « le premier plan soit une pâte, avec la tension de la surface de la peinture sur laquelle il faut toujours marcher. »

Marcos Brêtas s'inspire des peintres de la Renaissance : Titien, Tintoret, Le Nain, Watteau. Il considère que ses tableaux sont baroques, c'est à dire comme une façade qui cache la réalité intérieure. Il explique : « Quand tu vois une façade, tu imagines à peu près l’intérieur. Avec le baroque, quand tu vois la façade, tu ne sais pas du tout ce qu’il y a à l’intérieur. »

Les personnages de Marcos Brêtas sont toujours un peu fantomatiques. Le fond du tableau transparaît à travers eux. « Ce ne sont pas les personnages qui doivent exister, c’est la peinture qui doit exister », explique l'artiste. « Tout se confond, les personnages, les fonds, les paysages. » Et de conclure : « Pour l’instant, j’arrive à défaire beaucoup plus les paysages que les personnages. Il faut que je change cela. »


Marcos Brêtas
Ateliers du « Ventre de la Baleine »
22 rue du Pré-Saint-Gervais
93100 Pantin

samedi 20 avril 2013

Dave Sheehan

Dave Sheehan, artiste irlandais de 45 ans, peint des boxeurs qui se battent. Nous l'avons rencontré cette semaine dans son atelier de Pantin en Seine-Saint-Denis. Ses peintures sont des images de la violence politique et sociale.

Du goudron et des gants de boxe

Dave Sheehan - « Come and get it » - goudron et médium acrylique sur toile

Les toiles de Dave Sheehan sont peintes avec du goudron. Il utilise aussi de l'huile et du médium acrylique. Dans sa série de tableaux sur les boxeurs, la peaux des personnages possède la couleur grise du goudron. Les shorts et les gants de boxe sont peints en bleu et rouge.

Sur certains tableaux, Dave Sheehan représente des petits soldats autour des boxeurs. Il montre la violence politique, l’affrontement entre pays qui sacrifient des soldats dans les conflits. La violence sociale s’exprime aussi dans ses tableaux primaires. Primaires comme les trois couleurs jaune, rouge et bleu et qu'il utilise.

Dave Sheehan s'est formé à l'école des beaux arts de Limerick en Irlande. Il a vécu en Afrique, en Amérique du Sud et en Bosnie. Il occupe depuis dix ans un atelier à Pantin au « Ventre de la Baleine », ancien bâtiment industriel reconverti en ateliers d'artistes.

Les toiles de Dave Sheehan sont fortes, brutes, radicales. Avec elles, nous sommes dans un rapport de force, elles sentent la sueur et le sang.

http://www.davesheehan.net/

http://www.labaleine.org/

samedi 13 avril 2013

Jean Brault

Le peintre Jean Brault expose actuellement à la galerie Cour Carrée à Paris. Ses toiles sont des constructions géométriques marquées par la légèreté et la blancheur.

Léger mur blanc

Jean Brault

Dans les tableaux de Jean Brault, le fond est blanc comme le mur sur lequel ils sont accrochés. L'artiste considère le mur blanc comme une extension du fond de ses toiles. Les formes rectangulaires qu'il peint vivent dans l'espace d'exposition. Elles semblent sortir des tableaux.

Jean Brault est inspiré par les œuvres géométriques d’Aurélie Nemours et d’Agnès Martin, ainsi que par le travail humoristique de François Morellet. Les toiles de Jean Brault sont structurées, tenues, très construites.

Pour composer ses peintures, il utilise des papiers découpés. Il cherche les compositions en assemblant les fragments de papier.

Les tableaux de Jean Brault forment une architecture blanche. Une architecture sereine et libre.


Jean Brault
Peintures
Exposition du 3 avril au 11 mai 2013

Galerie Cour Carrée
107, rue Quincampoix
75003 Paris

samedi 6 avril 2013

Christelle Téa


Christelle Téa a remporté le 28 mars 2013 le deuxième prix de dessin lors du prix Art School. Cette étudiante à l’école des Beaux-Arts de Paris réalise des dessins à l’encre de chine profonds et riches de détails. 

Foisonnement baroque


Christelle Téa, « La Raie, entre autres », 2012, Galerie de morphologie aux Beaux-Arts de Paris

Les dessins de Christelle Téa représentent différents lieux d’exposition, comme le cabinet de morphologie à l’école des Beaux-Arts de Paris ou le musée du Louvre. La fine ligne qui serpente sur le papier laisse de grands espaces blancs qui sont autant de profondeurs et d’ouvertures. 

Christelle Téa explique qu’elle « aime les lieux chargés d’histoire où il y a plein de détails. J’aime bien le baroque, les ornementations. »

Avec Christelle Téa, nous passons de l’œuvre au musée, contrairement au circuit classique du visiteur d’exposition qui entre dans un musée pour voir des œuvres. 

Le prix Art School se tient au 59 Rivoli à Paris du 29 mars au 21 avril 2013. Pour cette troisième année, il récompense de jeunes artistes en décernant des prix de dessin, peinture et photographie. 

Dans son dessin « La Raie, entre autres », Christelle Téa dessine des animaux dans un musée d’histoire naturelle. C'est une galerie d’animaux figés et en désordre. C'est la vie suspendue et embaumée dans l’espace d’exposition. 

Avec « Le jugement dernier et le Colleone », elle nous fait visiter un intérieur muséal avec la représentation d’une fresque de Michel-Ange et une statue de cavalier en armure. Tout autour, des statues, des vases, des colonnes, un gisant. 

Christelle Téa est plus intéressée par l’ensemble et par l’espace que par  les œuvres individuelles. « Je prends un détail précis et après je commence mon dessin », indique-t-elle. 

Et quand on lui demande ce qu’elle recherche dans le premier détail : « C’est quand il y a beaucoup de choses, quand c’est chargé. Quand c’est vide, cela me plaît un peu moins. »


Prix Art School
du 29 mars au 21 avril 2013

59 Rivoli
59, rue de Rivoli
75001 Paris 

http://christelletea.wordpress.com/

samedi 30 mars 2013

Marine Guizy et Chloé Bruhat

Marine Guizy et Chloé Bruhat sont photojournalistes. Elles ont exposé au 59 Rivoli des photographies prises lors d’un tour de France. Du Havre à Marseille en passant par l’Auvergne, le Tarn et la Bretagne, elles ont réalisé des séries de paysages et de portraits tous plus légers et rafraichissants les uns que les autres.

Douce France 



        Marine Guizy et Chloé Bruhat - Arcachon

Pendant un mois, en septembre 2012, elles ont fait un tour de France des campagnes et bords de mer et ont photographié les paysages et les habitants au hasard de leurs rencontres. 

Marine Guizy et Chloé Bruhat souhaitent montrer la vie, l’humanité, témoigner de la vibration et de l’émotion ressenties dans ces campagnes loin de la frénésie parisienne. Elles avouent être inspirées par les photographies de Sabine Weiss et de Gilles Caron.

A la galerie du 59 Rivoli, elles ont montré un reportage photographique sur les sœurs de la communauté Saint Jean en Picardie. Nous y voyons le contraste entre la vie spirituelle vouée au silence et les scènes de travaux quotidiens des sœurs qui tondent la pelouse ou ramassent les pommes de terre.  

La série « Salmigondis » est un ensemble de photos en noir et blanc montrant des pêcheurs, des vues campagnardes, des portraits souriants, des images détendues et ensoleillées. 

La série « Pâle » est composée de cinq tirages photo en couleur montrant des paysages laiteux sous un ciel de nuages. A chaque fois, la ligne d’horizon est très basse sur la photo, donnant plus de présence au ciel, plus de légèreté à l’image.

Après leur tour de France, Marine Guizy et Chloé Bruhat prévoient de voyager plus loin, à l’étranger. Cette fois, la préparation sera plus longue, et le recours au hasard plus délicat.


Marine Guizy & Chloé Bruhat (MGCB Photographie)
« Pérégrinations »
Exposition du 4 au 11 mars 2013
Galerie 59
59, rue de Rivoli
75001 Paris

samedi 23 mars 2013

Alina Szapocznikow

Alina Szapocznikow est une artiste polonaise née en 1926 et décédée en 1973. Le Centre Pompidou à Paris présente jusqu’au 20 mai 2013 une série de ses dessins, gravures et aquarelles. Ses œuvres montrent des formes organiques imprécises, des fragments de corps humains monstrueux, bizarres, malades.

Grand corps malade

Les dessins d’Alina Szapocznikow sont des esquisses. Sur chacun, elle trace en quelques traits le corps d’une personne. Un corps déformé, difficilement reconnaissable, avec des nombreuses excroissances comme des pans de chairs qui partent en lambeaux.

Elle est surtout connue pour ses sculptures en résine. Née en Pologne en 1926, elle est venue se former à l’école des beaux-arts de Paris en 1947. Elle est retournée en Pologne entre 1951 et 1962, date à laquelle elle revient définitivement à Paris. Elle a exposé à la biennale de Venise en 1962.

Alina Szapocznikow montre des corps défigurés par la maladie. Une maladie rendue visible grâce à l’art, seul moyen de l’exprimer et de la dédramatiser.

Ses dessins paraissent être des œuvres cubistes. Ils ne sont pas sans rappeler les corps déformés et vus sous plusieurs angles des personnages de Picasso.


dimanche 17 mars 2013

Meredyth Sparks


L’artiste américaine Meredyth Sparks expose à la galerie Frank Elbaz à Paris jusqu’au 30 mars 2013. Meredyth Sparks découpe des trous dans des toiles montées sur châssis, de sorte que ceux-ci deviennent visibles. Il en résulte pour le spectateur une inquiétante impression d’oubli du passé et de nostalgie. 

L’art d’oublier

Meredyth Sparks

La galerie Frank Elbaz expose un grand paravent qui se déplie le long de la salle. Il est constitué de plusieurs cloisons de bois recouvertes de toiles imprimées. D’un côté du paravent se trouvent les images d’une émission télévisée de 1983 dans laquelle une chanteuse, Bette Midler, interprète une chanson des Rolling Stones. Ces images sont percées de multiples trous carrés laissant voir à travers le paravent.

S’ajoutant aux images, une musique lente, presque mortuaire, se fait entendre. A la vue de ces vielles photographies des années 1980, nous ressentons de la tristesse. Ces toiles découpées, immobiles, évoquent la nostalgie d’un passé incomplet. Nous croyons vieillir et oublier une partie de notre environnement. Nous pensons aux travaux de Christian Boltanski en voyant cette installation de Meredyth Sparks, oppressante et inquiétante.

Meredyth Sparks est née aux Etats-Unis en 1972. Elle s’inspire de la musique underground et punk. Ses œuvres sont des installations prenant pour sujet différents chanteurs et groupes des années 70 et 80.

Les autres pièces exposées à la galerie Franck Elbaz sont des toiles imprimées montées sur châssis représentant des intérieurs de maisons. Les châssis sont visibles car l’artiste a découpé les toiles selon des espaces qui correspondent aux ouvertures dans les images. Il s’agit par exemple des espaces horizontaux formés par des stores devant une fenêtre.

Derrière nous sur le mur du fond pendent des lambeaux de toiles. Ils proviennent d’une photographie de paravent en bois. La partie qui reste après découpage est une série de rectangles mous, flasques, presque liquides. Comme notre mémoire que nous perdons en vieillissant. 

Meredyth Sparks
"Accordion"
Jusqu'au 30 mars 2013

Galerie Frank Elbaz
66, rue de Turenne
75003 Paris

dimanche 10 mars 2013

Julio Le Parc


Formule couleur

La galerie Bugada et Cargnel, située dans le 19ème arrondissement de Paris, présente des toiles de Julio Le Parc jusqu’au 13 avril 2013. Il s’agit d’une série de tableaux commencée en 1970 intitulée « surface – couleur ». Les toiles colorées sont formulées selon des règles de composition très précises. 

Julio Le Parc est argentin. Il est âgé de 84 ans. Dans les années 1960, à Paris, il a été le promoteur d’un art engagé et collectif luttant contre les formes de peinture traditionnelles qui font la part belle à l’originalité et à l’individualité de l’artiste. Il a fondé en 1960 le GRAV, le « groupe de recherche d’art visuel », avec les argentins Horacio Garcia-Rossi et Francisco Sobrino et les français François Morellet, Joël Stein et Yvaral.

Pour Julio Le Parc, l’art doit s’adapter au monde moderne et proposer au spectateur des expériences innovantes. Avec ses des peintures, sculptures, mobiles et installations de lumière, il créé des œuvres instables qui semblent bouger selon les déplacements des spectateurs. 

En 1966, il obtient le grand prix de la biennale de Venise. C’est la consécration de l’ « op art », l’art optique. Le GRAV est dissous en 1968, mais les travaux de Julio Le Parc deviennent encore plus politique, critiquant l’impérialisme américain et le militarisme. Il refuse en 1972 l’invitation à exposer au musée d’art moderne de la ville de Paris en jouant sa participation à pile ou face. 

A la galerie Bugada et Cargnel, nous voyons des tableaux abstraits colorés, des formes géométriques nettement délimitées. Les couleurs sont très fortes, très saturées, et donnent à l’ensemble un caractère violent et agressif. Julio Le Parc semble vouloir faire entrer dans ses toiles plus de choses qu’elles ne peuvent en contenir.

Les œuvres de Julio Le Parc nous envahissent comme le numérique et les écrans envahissent notre vie. Ses touches de couleur sont des pixels de peinture. A s’approcher trop près, à regarder trop longtemps les toiles, nous risquons de nous abîmer les yeux. 


Virginie Barbier, directrice de la galerie Bugada et Cargnel, a bien voulu répondre à nos questions. Nous l’en remercions.

Nicolas Goulette : Les œuvres exposées sont très colorées, très saturées. Est-ce que les couleurs ne sont pas trop saturées ?


Virginie Barbier : C’est une série que Julio Le Parc a élaboré dès 1958. La série s’appelle « surface - couleur ». Julio Le Parc faisait des recherches sur la couleur et le plan des toiles. Il a mis en place un système très rigoureux de combinaisons numérotées. Il a défini quatorze couleurs du spectre chromatique qu’il peut combiner. Julio Le Parc souhaite éliminer toute trace de composition subjective en utilisant un système unitaire dépendant d'un programme déterminé afin de régir la surface, les formes et leur relation au plan. Cela n'a rien d'aléatoire et vise à augmenter la distance entre l'artiste et l'œuvre (contrairement à Victor Vasarely, par exemple, qui revendiquait le droit d'intervenir et d'exprimer la personnalité créatrice de l'artiste).

Il  a calculé que pour réaliser à la gouache les variations résultant d'un seul système et au rythme de deux jours par gouache, il lui aurait fallu 150 ans pour exécuter toutes les combinaisons.

NG : Comment vous avez choisi ces toiles ? 


VB : C'est Julio Le Parc lui-même qui a décidé de mettre à l'honneur la « Couleur » comme le titre de notre exposition l'indique. Il a opéré un choix de quinze toiles de la série «surface - couleur » et d'un ensemble sculptural coloré pour cette exposition.

Il y a une très grosse rétrospective de Julio Le Parc sur 2000 m² au Palais de Tokyo en ce moment. Grâce à ses espaces incroyables, le Palais de Tokyo fait la part belle aux œuvres monumentales et environnements de l'artiste. Les toiles de la série « surface - couleur » y sont moins présentes mais on peut y retrouver une toile monumentale, « Longue marche » (1974, 200 x 2000 cm), et une salle regroupant quelques cibles.

A la galerie, nous avons des toiles de cette série en grand format. Celles du fond (de la galerie) qui font trois mètres sont des toiles anciennes qui datent des années 1970. Et puis  il y a un mélange avec des œuvres plus récentes : les « cibles » sont datées de 2012 ou plus précisément bi-datées 1970-2012.

NG : Il a fait aussi des œuvres moins colorées. 

VB : Oui, il a fait des toiles qui sont noires et blanches mais d’une autre série, intitulée « modulation ». Et d’ailleurs au tout début de ses recherches sur la toile, le plan et les combinaisons en 1958, Julio avait commencé avec des teintes que l’on appelle des non couleurs, le gris, le noir et le blanc. Et en 1959, il a décidé d’étendre ses recherches avec la couleur. 

NG : Il était quand même assez libertaire et anti institutions au début. 

VB : Il l’est toujours, c’est un artiste très engagé. 

NG : Pourquoi a-t-il accepté d’exposer en galerie ? 

VB : Il a toujours exposé en galerie. Julio n’est pas vraiment contre le circuit commercial mais plutôt contre le circuit institutionnel. Pour Julio, l’œuvre se suffit à elle-même. Les aspects littéraires, ce que l’on peut écrire sur ses œuvres à côté, ce sont des plus, des ajouts, mais cela ne doit pas servir l’œuvre. Quand le spectateur arrive devant une œuvre de Julio, il est censé l’apprécier à sa juste valeur et la saisir dans l’instant. Pour l’art conceptuel d’aujourd’hui, on a besoin de beaucoup de textes pour expliciter les œuvres. Ce n’est pas du tout le cas de Julio Le Parc. 

On a beaucoup parlé de Julio et de son art engagé anti institutionnel parce que son exposition au musée d’art moderne il y a trente ans s’est jouée sur une pièce à pile ou face. Il a décidé de ne pas exposer. C’est pour prouver aussi qu’il n’est pas lié et soumis à ces institutions. Son œuvre perdure, continue. Il vit et créé par lui-même dans son atelier. Il a 84 ans mais il n’a jamais cessé de créer. 

Il a une production actuelle comme le montre les toiles datées de 2012-2013. C’est une façon aussi de dire qu’un courant marquant et emblématique de l’histoire de l’art n’a pas forcément besoin du support assidu des institutions pour perdurer et survivre. C’est un très bel exemple. 


Galerie Bugada et Cargnel
7-9, rue de l'Équerre
75019 Paris

Julio Le Parc
« Couleurs »
Exposition jusqu'au 13 avril 2013