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dimanche 19 janvier 2014

Laure Tixier

La galerie parisienne Polaris expose le travail de Laure Tixier jusqu’au 8 février 2014. Poursuivant sa recherche sur l’urbanisme, Laure Tixier radicalise sa pratique en évoquant les murs des prisons avec des techniques telles que la peinture à l’eau et le patchwork.

Entre quatre murs

« Ras Al Khaimah Central Prison, Emirats Arabes Unis »
Peinture murale acrylique
dimensions variables
2014

« Map with a view » est une série d’aquarelles dessinant les plans de plusieurs prisons. Les dessins sont traités en dégradés avec l’intérieur laissé en blanc. On imagine l’enfermement carcéral qui est loin de la poésie véhiculée habituellement par l’aquarelle.

« Ras Al Khaimah Central Prison, Emirats Arabes Unis » est peint sur le mur de la galerie. Laure Tixier explique qu’ « on n’est plus dans une technique assez douce qui contraste avec le propos. Avec le mur, la violence de la prison revient directement. Le mur est quelque chose d’assez caractéristique de la prison. »

« Tapis quartier » est une maquette de la prison de la Santé à Paris faite en patchwork et tissus cousus. Cela ressemble à un tapis de jeu pour enfant. On est au-dessus du tissu rembourré comme si on jouait à la prison. Cette œuvre présente un contraste entre le sujet traité, la prison, et la technique servant aux jeux enfantins.

Laure Tixier raconte la genèse de cette œuvre : « J’étais dans le quartier et je cherchais une adresse donc je regardais Google Earth. Et je vois que j’étais à côté d’une zone floutée. Très vite j’ai pensé à la prison de la Santé. J’ai voulu redonner vie et corps à ce morceau de ville, à ce trou noir, à cette zone floutée. Le tissu était important pour donner un aspect chatoyant, pour lui redonner une forme, une existence. Ce sont des superpositions entre le palimpseste et le patchwork. Pour moi la ville est construite comme cela, avec des couches superposées. Donc la technique s’y prêtait. Il y avait aussi l’idée de sculpture transitionnelle au sens de Winnicott. Il parle d’objet transitionnel pour le doudou des enfants. Je voulais donner un aspect mou et réconfortant. »

« J’ai utilisé des tissus de différentes origines. A la prison de la Santé, au moins jusqu’en 2000, ils mettaient les prisonniers dans les blocs par ethnies. Il y avait un bloc européen. J’ai utilisé des tissus européens. Un bloc Afrique noire, donc j’ai utilisé les wax africains, un bloc nord-africain et un quatrième bloc pour le reste du monde. L’origine du tissu a une importance dans cette sculpture. »


Laure Tixier
« Map with a view - Géométrie de l'enfermement »
jusqu'au 8 février 2014

Galerie Polaris
15, rue des Arquebusiers
75003 Paris

vendredi 10 janvier 2014

Albert Marquet

Le musée Tavet de Pontoise en Ile-de-France montre une exposition des peintures d’Albert Marquet (1875 – 1947). Albert Marquet a peint la Seine à Paris et en Normandie. Nous voyons des paysages où l’eau fait office de fondement à des structures austères et massives.

Forteresses d'eau

Notre-Dame sous la neige
1928-1929
Huile sur toile, 81 x 65 cm
Paris, musée Carnavalet
Cat.17
Copyright : RMN (Agence Bulloz)

« Notre-Dame sous la neige » est un paysage vertical. Les tours de Notre-Dame surplombent la place qui elle-même surplombe la Seine enjambée par un pont.

Les paysages d’Albert Marquet sont construits grâce aux traits noirs. Les ombres sous les ponts, les virgules formées par les personnages et les bâtiments sont autant de briques et de fondations des tableaux.

Albert Marquet est né en 1875 à Bordeaux. Il peint Paris et les bords de Seine, l’Ile de France et la Normandie. Il peint aussi l’Algérie à l’occasion de plusieurs voyages. Il a fait de nombreuses expositions en France et à l’étranger.

Albert Marquet voit l’eau comme un miroir, la création d’un deuxième univers. La surface de l’eau est peinte comme un tableau abstrait. Le fleuve est toujours là. Il traverse la ville et irrigue la campagne. Les tableaux de rivières de Marquet sont intemporels et toujours d’actualité. Comme le fleuve, ils traversent les lieux et les époques.

« Le bassin du Roy, Le Havre » (1906, huile sur toile) est une étendue d’eau encadrée par deux alignements d’immeubles. Au fond se trouve une ouverture vers le ciel. Chez Marquet, les immeubles finissent toujours par s’arrêter au bord de l’eau, immuable force motrice.


Albert Marquet - « Les bords de Seine, de Paris à la côte normande »
jusqu'au 16 février 2014
Musée Tavet-Delacour
4, rue Lemercier
95300 Pontoise