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jeudi 27 octobre 2011

Eugène Delacroix

Eugène Delacroix est un peintre français, né en 1798, décédé en 1863, dans la lignée de la peinture classique. Ses peintures reprennent les sujets dramatiques qui font la force de la tradition. Dans ses scènes oniriques, orientalistes et symboliques, le héros est perdu dans ses pensées, au milieu du fracas des passions humaines.

Dans "Le Tasse dans l'hôpital Saint Anne", peinture de 1839, nous voyons un poète seul dans sa cellule, soumis aux railleries de trois personnages qui le regardent. C'est un clair obscur. Le poète est dans la lumière, alors que les murs de sa chambre sont dans l'ombre. L'éclairage vient d'en haut, d'au delà de la cellule, comme l'intelligence et le génie de l'artiste. Le poète est immobile, il pense, son esprit s'élève dans la colonne de lumière.

"La mort de Sardanapale", datée de 1828, représente une mêlée, un massacre en cours. Dans ce tumulte, un homme, Sardanapale, reste stoïque. Il médite comme si le présent n'était rien. C'est une vision orientaliste, une scène de tuerie collective dont l'horreur et l'érotisme très forts sont éloignés de nous dans le temps - l'antiquité babylonienne - et l'espace - la Mésopotamie. Comme souvent chez Delacroix, l'excitation, le tumulte ambiant sont relativisés par le personnage central qui regarde au loin, qui réfléchit en son for intérieur.

La "Liberté guidant le peuple" (1830), est une scène d'émeute dans Paris. Les insurgés s'avancent vers nous, qui sommes aux premières loges. La femme qui guide le peuple est un symbole. C'est une allégorie avec sa toge grecque. Les révolutionnaires sont en pleine action violente. Les figures sont expressives, hurlantes, fermées, passionnées ; les yeux exorbités, les bouches pincées. Nous voyons tout un système de dessin issu de la culture classique. Seul un homme, en habit noir et haut de forme, semble s'être arrêté un instant. Il regarde devant, en un point hors du tableau.

Dans ces tableaux, Delacroix place un personnage intellectuel au milieu de la violence physique, érotique, antique. Un personnage qui semble méditer, en regardant le spectateur actuel que nous sommes, comme pour penser à l'avenir. Comme pour dire au spectateur : "Ici, les passions humaines sont déchaînées. L'art classique est fondé sur la dramaturgie. A toi de t'exprimer maintenant".

mardi 18 octobre 2011

Christelle Ponnet

Dans le bar parisien "Le Bearn", on peut admirer une belle série de photographies. Des photos en noir et blanc, encadrées de noir, accrochés sur le grand miroir qui couvre tout un mur du bar. Ce sont des portraits de consommateurs. Des portraits urbains, sympathiques, vivants, frais et heureux. Une galerie de personnages, hommes et femmes, tous souriants. On est soi-même partie prenante de cette joyeuse foule, car on se voit dans le miroir, entre les photos.

Sur l'une d'elle, un gars au tee-shirt marqué "Jumbo", cheveux noirs, bouc au menton. Accoudé au bar, il nous regarde, amusé. La série de photos se voit, floue en arrière-plan, et apporte une richesse à une photo qui en fait elle-même partie.

C'est Christelle Ponnet qui est l'auteur de cette œuvre. Elle continue toujours de prendre des photos de personnes qu'elle choisit elle-même. Elle poursuit ce travail, décrochant les anciennes photos et les remplaçant par des nouvelles.

Ces photographies racontent la vie du bar, lieu de vie et de convivialité. C'est un endroit bougeant, humain. Les photos rendent hommage à la richesse humaine, au quartier. Enfin de l'art utile et enrichissant pour notre vie quotidienne.


Christelle Ponnet, "Portraits de bar"
"Le Bearn", place Saint-Opportune, 75001 Paris

mardi 4 octobre 2011

Georg Baselitz

Le Musée d'Art moderne de la Ville de Paris présente une exposition des sculptures de Georg Baselitz, né en Allemagne en 1938.

Dans toute son oeuvre, Georg Baselitz a créé des formes brutes, primitives, qui vont contre l'art classique. Encore plus que son oeuvre peinte, cette exposition de ses sculptures montre une intention de plonger dans les racines de l'art, de l'homme, avec des formes non finies, qui ramènent à l'enfance.

Au début de l'exposition, nous voyons de grosses sculptures en bois, aux couleurs chaudes, jaune, marron, ocre rouge. Trois têtes en bois, dont l'une est présentée allongée, clin d’œil à ses peintures retournées. "Modèle pour une sculpture", datée de 1980, est une grande statue en bois représentant un personnage le bras levé, mi-assis, mi allongé. Les jambes ne sont pas précisées, on trouve à la place un gros bloc de bois. L'artiste déclare avoir voulu faire une oeuvre en "suspension, imprécise, ni debout, ni assise, ni allongée".
Ces sculptures sont chaudes, boisées, vivantes, colorées. Le bois dévoile son intérieur coloré et lumineux.

Un grande sculpture datée de 1983, "Sans titre", représente un personnage debout, mince, très allongé. Elle semble comprimée verticalement, tant elle est étirée en hauteur. Elle porte des couleurs bleues et des marques sur le bois, au niveau des genoux, des pieds, des doigts, mais surtout de la tête. La bouche est tracée par trois traits horizontaux. Cette pièce est porteuse d'une grande énergie intérieure, elle paraît prête à exploser.

La série des "Femmes de Dresde" est un ensemble de six grosses têtes jaunes, marquées de traits enfoncés dans le visage. De grosses têtes en bois, dont les éléments du visage sont en profondeur par rapport à la face. Cette couleur jaune est le contraire de la vie. Un jaune citron, minéral, éclairant comme ces cristaux que l'on trouve dans les grottes. Les "Femmes de Dresde" sont des grandes têtes mutilées. Les emplacements des yeux, de la bouche et du nez sont creusés. Ce sont des totems immobiles, des gardiens du temple d'une histoire passée.

En fin d'exposition, nous avons de grands personnages silencieux. Une sculpture représente un garçon aux grosses chaussures, portant une casquette, les mains dans le dos. Un personnage plus grand que nature taillé dans le bois, avec des éléments humoristiques, comme l'ancre de bateau dessiné sur la casquette.

C'est une exposition à multiples clins d’œil, aux arts premiers, aux jouets en bois, qui s'oppose à la sculpture classique. Georg Baselitz le dit : "la sculpture a quelque chose à voir avec l'archéologie, on creuse et on trouve quelque chose."


Baselitz sculpteur
Exposition du 30/09 /2011 au 29/01/2012

Musée d'Art moderne de la Ville de Paris
11, av. du président Wilson
75016 Paris