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samedi 29 juin 2013

« Boum Bang » au 59 Rivoli

Lou Ros, Julien Spianti, Edwige Fouvry et Pascal Vilcollet exposent au 59 Rivoli à Paris jusqu’au 1er juillet 2013. Ces quatre peintres allient virtuosité technique et poésie dramatique. L’exposition est organisée par « Boum Bang », magazine en ligne et créateur d’événements artistiques. Arrêtons-nous devant quatre peintures.

« Running for your life » par Lou Ros (2013 - technique mixte sur toile – 195 * 162 cm). Un travail vigoureux, bougeant et vibrant. Une peinture raclée, travaillée, malaxée, avec des coulures et des parties non peintes. Trois personnages font la course. A droite, un petit homme, les yeux fermés, en plein effort, est devant. Derrière lui court une infirmière avec sa croix sombre sur le blanc de son uniforme.

« Mother » par Julien Spianti  (2013 - huile sur toile – 195 * 162 cm). Une grande toile énigmatique et sombre. Nous sommes dans la nuit au bord d’une forêt. Trois personnages nus sont au sol. Une femme accroupie se penche sur un corps couché. Par endroit, la peinture ne recouvre pas le premier jus de peinture dilué sur la toile. Ces manques provoquent des ouvertures picturales et mentales, des échappatoires, des lumières dans la nuit.

« Rose » par Edwige Fouvry (2013 - huile sur toile – 150 * 150 cm). Au milieu d’un paysage de campagne froide, une forme rose bonbon. Mélangée de blanc, elle reste fraîche, mais elle apporte quand même joie et gaité. C’est un paysage gris-vert, avec des buissons, des étendues blanches comme de l‘eau. Une peinture presque abstraite, peinte en grosses touches de pinceau.

« Puppet Master » par Pascal Vilcollet (2013 - technique mixte sur toile – 195 * 162 cm). Une peinture mélancolique. On regarde vers un passé qui s’éloigne. Des petits oiseaux s’envolent et fuient une scène dramatique. Un personnage en jaune avec un masque à gaz étreint un homme accroupi. En haut, un homme en maillot de bain regarde la scène. A ses pieds, un quatrième personnage en chemise, dont la tête est invisible. 


« Peinture augmentée »
Du 20 juin au 1er juillet 2013
59 Rivoli
75001 Paris


Sites web :





dimanche 23 juin 2013

Corélia Roché

Corelia Roché réalise des peintures et sculptures qui grouillent de petits bonshommes ou de figurines dans des immeubles, au milieu de chiffres et de lettres. Elle nous a reçu cette semaine dans son atelier à Pantin en Seine Saint-Denis et nous a accordé un entretien.
Corelia Roché a exposé à la galerie Voskel à Paris, à l’Ambassade d’Argentine (Paris), au Musée del Tigre de Buenos-Aires, à la Zona Red-Hook à New York. Elle fait partie du groupe de peintres argentins « El Colectivo » et travaille avec les Ateliers-Est de la ville du Pré Saint-Gervais.

La cité de la récupération

Corélia Roché dans son atelier à Pantin

Nicolas Goulette : Pourquoi les bonshommes s’agitent les bras en l’air sur tes tableaux ?

Corélia Roché : Ils s’agitent les bras en l’air ? Pas tout le temps. Mais quand les bras sont en l’air, c’est qu’ils réclament quelque chose. C’est un peu tout le monde qui réclame des choses.
Mais pas seulement. « Mettre les bras en l’air » peut signifier beaucoup d’autres choses. Par exemple les mains ouvertes, pour montrer qu’on n’a pas d’armes, qu’on ne veut ni attaquer ni se défendre.

Ces signes enchevêtrés m’évoquent l’art précolombien. Est-ce que c’est quelque chose qui t’inspire ? Quelle forme d’art t’inspire ?

Je suis autodidacte, je n’ai fait aucune école d’art. Beaucoup de choses m’inspirent. Tout ce que j’ai emmagasiné depuis l’enfance. Au départ, on m’a un peu assimilé à l’art brut, avec cette façon spontanée de travailler. Je me retrouve aussi dans le courant de la Figuration Libre.
Je n’ai pas un truc particulier. Je fonctionne à l’impulsion. Je vais puiser partout et nulle part. Je n’en sais rien moi-même.

Je trouve que tu fais du all over. Tu remplis toute la surface … 

Comme les êtres humains remplissent la planète.

Tu remplis toute la surface des toiles avec des signes. 

Avec des signes, avec des bonshommes, avec des immeubles. Souvent, je me bats pour laisser du blanc. Parfois j’y arrive, parfois je n’y arrive pas. J’essaie de laisser un peu d’air, mais j’ai beaucoup de mal. Je pense qu’il y a cette surpopulation dans mon travail qui est en corrélation avec l’homme sur terre. Mais c’est plus complexe que ça. Alors, je ne réfléchis pas trop. Je fais et je n’analyse pas.

Certains tableaux sont très grands, plus grand que la taille humaine. Pourquoi ? 

J’ai commencé à travailler sur des petits formats. J’ai mis longtemps à arriver aux grands formats. C’est vrai que le grand format est assez exaltant parce qu’on part dedans, on ne sait pas où l’on va.
Avec le petit format, on peut se perdre aussi, mais on est comme dans un petit cadre. On reste dedans. On flotte. Alors qu'avec le grand format, on nage, on ne sait pas si on va arriver quelque part.
Au départ, j’ai fait un grand format parce qu’on s’attaque aux choses. Je me suis attaqué au grand format.

Tes supports sont multiples, il n’y a pas que de la toile sur châssis. Il y a une toile tendue entre deux barres.

C’est fonctionnel pour l’enrouler et la transporter plus facilement. C’est aussi une question financière, monter sur châssis, cela coûte cher. Je ne sais pas quand je vais arrêter la toile, c’est pour ces raisons que l’aspect bâche convient à mon travail. Je me suis arrêté là, j’aurais pu continuer. Cela peut monter encore et encore, il n’y a pas réellement de fin. Je pourrais faire le pan d’un immeuble, c’est une question de temps et d’envie bien sûr.

Pourquoi peins-tu avec des mots et des lettres ?

Quand je pense à un truc, je le marque. Tout à coup, il y a « 2 » qui vient, « à bientôt », « donde esta el rey ». Je ne sais pas pourquoi, c’est comme ça. Je ne me censure pas. Parfois j’écris un truc, et après cela se fond, cela disparaît.

Il y a toujours des personnages et des immeubles. C’est pour évoquer la ville, l’univers urbain ? 

Je vis dans la ville. J’habite à Aubervilliers, je travaille à Pantin. Je suis dans la ville, donc forcément, je regarde autour de moi et ce que je vois, ce sont des immeubles, des gens, des voitures, des cafés.

Est-ce que tu fais de la culture populaire, de la contre-culture, avec tes jouets, tes petits personnages ? 

C’est la matière qui me dirige. Je parcours les vides greniers. Je regarde les choses qui traînent par terre dans les rues. Je ramasse. Cette fois, c’était des jouets en brocante. J’ai acheté un énorme sac de jouets. Puis un deuxième et un troisième.
C’est la multitude qui m’intéresse. Je ne savais pas ce que j’allais faire avec ces jouets. C’est la matière d’abord. J’ai trouvé ça rigolo, ludique. Mon travail n’est pas du tout intellectuel.

Tu utilises toujours du bleu de céruléum et du jaune. 

J’aime les couleurs franches, vives. Le rouge, rouge sang, le jaune soleil, le bleu céleste, les couleurs opaques et couvrantes. Parfois aussi, je malaxe tout ça. Mais j’aime bien quand ça pète.


Site web : http://corelia.roche.free.fr

L’atelier de Corélia Roché est situé au Ventre de la Baleine à Pantin
http://www.labaleine.org


samedi 15 juin 2013

« Substance » à la galerie Antoine Levi

La galerie parisienne Antoine Levi présente « Substance », une exposition de groupe, jusqu’au 4 juillet 2013. Chaque œuvre interagit physiquement avec le lieu d’exposition, que soit le sol, les murs ou l’air ambiant. Nous trouvons notamment les travaux du suisse Kilian Ruthemann, des américains G. Küng et Sean Townley, de l’italien Davide Bertocchi ainsi que du collectif France Fiction.


France Fiction
Bibelots sur tapis vert

De multiples figurines cohabitent entre des plaques de verre. L’installation, un empilement d’objets sur une table de jeu, parait immobile et mystérieuse. Mais, à force de regarder, nous pensons à la maquette d’un immeuble dans lequel vivent et évoluent des petits personnages. Les objets, des bibelots, des cailloux, des pelotes, soutiennent par superposition quatre plaques de verre.


Kilian Ruthemann
Le passe muraille

Deux vitres sont collées au mur sans le toucher. La colle noire, bien visible, possède en effet une épaisseur. Avec cette œuvre, nous sommes dans la dimension du mur. Celui-ci acquiert un souffle, une présence. Les vitres font office de cadres. Cadres rectangulaires marqués par le bord du verre. Mais aussi cadres de l’espace « de vie » de l’œuvre. Les vitres enserrent contre le mur une épaisseur d’air et de colle qui le met en perspective. 


G. Küng
Vapeur d’artiste

Une feuille de plastique transparente est remplie d’eau et d’encre. L’évaporation du liquide dans l’air est marquée par la diminution du niveau dans le cône de plastique. Nous avons un mouvement physique vers le spectateur qui va respirer les particules issues de l’œuvre d’art. Avec cette installation, le geste artistique s’éloigne du mur : le plastique pointe vers le centre de la pièce. Il prend également de la hauteur, étant fixé plus haut que la taille humaine. 


Davide Bertocchi
Objets volants non identifiés

Deux sphères contenant un liquide visqueux sont chacune posées sur un piédestal. Elles surplombent deux disques vinyles dont on imagine entendre la musique. Ici, on vole dans l’espace. Chaque boule est montée sur un trépied. Dans les sphères, le liquide est profond et sombre. Il y apparait une immensité comme un ciel de nuit. On croit sentir du mouvement avec les disques prêts à tourner et le liquide frémissant à la moindre secousse. 


Sean Townley
D’après l’antique

Une sculpture de patte de chat est posée sur le sol. Elle parait inspirée de l’antiquité égyptienne, comme si le Louvre faisait une apparition à la galerie Antoine Levi. C’est une statue terrienne, qui vient du sous-sol, des bas-fonds, du fond des âges. La sculpture est doublement immobile. Elle ne bouge pas. De plus, comme elle représente une patte de chat privée d’un corps et des autres pattes, elle ne « peut pas » se mouvoir. Une œuvre énigmatique, qui questionne. Comme un point d’interrogation sur le sol de la galerie.


« SUBSTANCE »
Jusqu’au 4 juillet 2013
Galerie Antoine Levi
44, rue Ramponeau
75020 Paris 

samedi 8 juin 2013

Mike Kelley

Le Centre Pompidou à Paris présente jusqu’au 5 août 2013 les travaux de l’américain Mike Kelley (1954 – 2012). L’exposition est un capharnaüm bruyant et débridé de dessins, de vidéos et de peintures reprenant les codes, images et textes de la culture populaire.

Contre-culture californienne

« Memory were flat #18 » (résine synthétique, bois, bijoux - 2001) est un grand panneau de résine dans lequel sont fixés des objets. Il y a des badges, des montres, des bracelets, des pièces de monnaie, des stylos, etc … Un des badges porte la mention « I eat California raisins ». Ce sont des résidus de ce qu’un californien moyen pourrait avoir chez lui au fond d’un tiroir. Un tableau proche des gens, compréhensible.

« Rainbow Coalition » (acrylique sur toile – 1985) est chaleureux et agréable, abstrait. Des ronds cannelés aux couleurs de l’arc en ciel forment, sur un fond blanc, une grande boule colorée. Autour, quelques mots, « Rainbow afrowigs » font penser que l’artiste s’est inspiré d’une perruque multicolore pour cette peinture.

L’œuvre de Mike Kelley est une ménagerie de formes et de sons. De nombreux textes sont inscrits sur les œuvres. Nous voyons aussi des dessins à caractère sexuel ou scatologique. En plus de voir des sculptures, installations et dessins, nous entendons des sons sortant de haut-parleurs. Le tout forme une sorte de zoo des beaux-arts, multiforme, populaire, étonnant.