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vendredi 22 février 2013

Paul Wallach


Art Vivant

La galerie parisienne Jaeger Bucher présente jusqu’au 27 avril 2013 des sculptures de Paul Wallach, né aux Etats-Unis. L’artiste utilise le bois et la ficelle pour des créations en trois dimensions accrochées aux murs. 

« Half Empty » consiste en une construction de bois dont certains montants sont peints en blanc. Au bas, deux morceaux formant un angle droit sont de couleur ocre clair presque transparente. Une longue ficelle part du bout de la structure, pend dans le vide puis remonte au niveau du départ. La ficelle continue ensuite le long du mur en traçant une ligne horizontale. Cette œuvre est donc un paysage.

« Color War » est une excroissance du mur, un empilement de planches, un ver qui sort de son trou. A l’extrémité, nous voyons la tête de la sculpture. Une tête rouge et verte, biologique. La sculpture vit. On croit l’apercevoir bouger, se détendre, allonger son cou en accordéon. 

Avec « Begining to End », nous avons une structure de bois qui s’avance élégamment dans l’espace de la galerie. L’œuvre se détache du mur pour aller vers le monde des vivants. Elle respire, elle vibre. 

Paul Wallach réalise des installations qui s’extirpent des murs sur lesquels elles sont accrochées avec une sorte d’instinct animal. C’est une exposition vivifiante et aérée, simple, géniale. 


Paul Wallach
« h e r e t o f o re »
Galerie Jaeger Bucher
5 & 7, rue de Saintonge
75003 Paris

lundi 18 février 2013

Hannah Villiger


Le Centre Pompidou à Paris présente actuellement dans sa collection contemporaine des photographies de Hannah Villiger. Cette artiste suisse, née en 1951 et décédée en 1997, a réalisé des photographies du corps humain et de paysages enneigés. Les travaux présentés sont de grands tirages photographiques dans lesquels nous voyons des images violentées, penchées, enivrantes. 

« Skulptural n° 344 » (1989) montre deux mains qui se rejoignent. Les pouces se touchent. Le courant passe d’une main à l’autre.

« Skulptural n° 352 » (1989) est un jeu de miroirs dans lequel une main saisit le bord d’une porte. Tout est vitré. Ce ne sont plus deux mains mais quatre ou cinq mains qui, grâce aux reflets, se touchent. C’est sensuel et chaud avec de profondes parties noires. 

« Platz » (1985) est une photographie de voitures garées sous la neige. L’arrière des véhicules créé des présences sombres. A gauche, la route est une trace verticale comme une raclure dans une peinture abstraite. Les ombres apportent une teinte bleutée. La neige commence à fondre et des zones noires apparaissent ça et là. L’œuvre vit, bouge, tremble.

« Platz » (1985) est une vue de haut. Une vue urbaine sous la neige. La rue dessine deux traits noirs. Les arbres sont des silhouettes cristallisées et figées, carbonisées. Il y a aussi des maisons, penchées comme la photo, aux façades et aux toits blancs, inexistants. Deux personnages vont faire leurs courses. Des panneaux routiers sont eux aussi les signes d’une circulation dans cet étrange monde renversé. 

Avec Hannah Villiger, les formes humaines sont maltraitées. Nous risquons de nous blesser avec les miroirs ou en tombant dans les photos retournées. Nous perdons la raison. Notre tête tourne. Sommes-nous malades ? Ou sommes-nous simplement artistes ?

samedi 9 février 2013

Gonzalez Bravo


En flânant à la galerie Frédéric Got rue de Seine à Paris, nous nous arrêtons devant les toiles mal habillées de Gonzalez Bravo, né en Espagne en 1944.

« Ocres » (2011, huile sur toile) est un grand carré clair entouré d’une bordure marron. Deux présences verticales apparaissent. La peinture est violentée, retournée. Nous voyons des traces de lettres bleues. L’ensemble est chaleureux. Des hallucinations dans le désert.

« Orange et Noir » (2011, huile sur toile). Nous passons au rouge, un rouge sang entouré de noir. Une peinture raclée en trames. De fines traces blanches cohabitent avec des traits noirs. Quelques mots que nous distinguons mal.

« Noir / Jaune / Vert » (2010, huile sur toile). Le noir maintenant, d’où jaillit un jaune mordant. Egalement un vert descendant et une  écriture qui barre la peinture comme une revendication. 

« Orange et Noir » (2001, huile sur toile). Une tête rouge avec un œil. Une peinture usée jusqu’à la toile grossièrement entourée de noir. Une apparition fantomatique. 

La peinture de Gonzalez Bravo est rude et chaude. La violence bat sous sa croute comme un volcan. 

dimanche 3 février 2013

Salvador Dali


Le Centre Pompidou présente une rétrospective des travaux de Salvador Dali. Multi-artiste, peintre génial, réalisateur de films, acteur de performances, créateur d’installations plus ou moins kitch, Salvador Dali montre dans ses œuvres des univers fantasmés et torturés, passant de l’érotisme à l’évocation de la religion et de l’art classique.

Dali est né en 1904 en Catalogne. Ses premières peintures subissent diverses influences : les grands aplats de Ingres, les personnages cubistes de Picasso, les villes idéales de Chirico, les natures mortes de Morandi. 

A partir de 1929, il intègre le mouvement surréaliste d’André Breton. Mais, contrairement à ce dernier qui comprend le surréalisme comme la représentation d’indices de formes non explicitées, Dali montre réellement les objets qu’il souhaite exprimer en dessinant leur métamorphose d’un univers à l’autre. 

« La mémoire de la femme enfant » (1929, huile et collage sur toile) représente un buste de femme, la tête penchée vers la droite, les yeux clos. De ce buste sort une grande statue de cire avec des mains et des têtes à moitié fondues. Des cavités apparaissent avec, en creux, l’image de la Joconde et de Napoléon. En bas du tableau, des ruines antiques, des sapins, tout un monde de folie. Au fond, on retrouve l'homme et la femme priant que Jean-François Millet a peint dans son « Angélus »  en 1858.

« Apparition d’un visage et d’un compotier sur une plage » (1938, huile sur toile) montre une étendue de sable plate comme une nappe sur une table. Au dessus, une scène orientale fait penser aux aquarelles d’Eugène Delacroix au Maroc. Une grosse tête de chien apparaît devant le paysage de rochers au bord de la mer. On devine un grand visage au devant de la scène avec un compotier en guise de front. L’ambiance est chaude, méridionale, espagnole. 

Avec « la tentation de Saint Antoine » (1946, huile sur toile), Dali peint un homme aux cheveux hirsutes, nu, tenant une croix le bras tendu. Il veut repousser le cheval et la horde d’éléphants qui s’avancent vers lui.  Les éléphants portent des objets sur leurs dos: un socle de statue, une colonne triangulaire, un temple antique. Face à l’invasion des éléments païens, Dali se représente en Saint Antoine résistant vaillamment. 

« Portrait de mon frère mort » (1963, huile sur toile) est un paysage plat à l'horizon lointain. C'est une grande étendue où se trouvent des soldats moyenâgeux qui pourraient sortir d'un tableau de Vélasquez. Vu de loin se dessine une grande tête de garçon faite de multiples points. Points qui se transforment en casques de soldats, en cerises ou en atomes reliés entre eux. Une peinture étrange dans laquelle il y a beaucoup de détails à découvrir. 

Les toiles de Dali ont toujours une duplicité. Elles montrent deux mondes à la fois et les formes passent de l’un à l’autre. Dali recréé ses expériences vécues en les entourant de riches atours, en les exhibant et en s'exhibant lui-même. Avec cette démarche, il exprime ses désirs en les plaçant dans des scènes bizarres.

Salvador Dali s'éteint en 1989.


Salvador Dali
Jusqu’au 25 mars 2013
Centre Pompidou
Paris