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dimanche 13 janvier 2013

Chloé Tallot


Chloé Tallot réalise des vidéos, photographies et installations qui expriment une sensibilité, une intimité. La galerie parisienne Suzanne Tarasieve expose actuellement ses travaux. Pour cette exposition, Chloé Tallot nous propose un portrait de Jérôme Clément, écrivain et fondateur de la chaîne de télévision Arte. 

Avec « Interview » (vidéostills en bandes, tirage digital sur papier, 2012), l’artiste a produit des tirages photographiques d'un enregistrement vidéo de Jérôme Clément. Nous le trouvons dans des attitudes variées : pensif, amusé, légèrement en retrait. Ces photos présentent un personnage d’une grande intériorité. 

« Mot rouge » (cire gravée, cadres, éclairage au dos, 2012) est une série de cinq rectangles rouges lumineux sur lesquels sont écrits des mots en lettres majuscules : honneur, engagement, rire, révolte, blessure. Ces mots se retrouvent dans la vidéo.  

« Forcément on pense au rouge » (installation vidéo, 2 vidéoprojecteurs, 2 écrans plasma, 2010 – 2012) est une installation d’une beauté à couper le souffle. Les couleurs sont vives et saturées. Elles remplissent les images de paysages que nous traversons en regardant cette vidéo. A droite, une autre projection. L’artiste interroge Jérôme Clément en lui citant des mots :  blessure, honneur, Darwin, etc…  Il répond en donnant des noms de couleurs : vert, gris, rouge nuance vermillon, … 

Ce qui rend cette œuvre très belle, c’est que l’homme ne remue pas les lèvres. On entend sa voix, mais il reste impassible, calme, apaisant. A gauche de la grande projection, deux petits écrans sont posés sur le sol. On y retrouve la figure de l’écrivain, en noir et blanc. Les images apparaissent en décalé par rapport à la vidéo de droite. Cela enlève tout effet de surprise à l’installation et la rend très reposante. 

« Bras cassées »  (cinq moulages de plâtre, bandages, 2012) sont des mains blanches suspendues. Elles sont enroulées de bandes rouges qui tombent jusqu’à terre. Ici encore, rien n’est agressif. Le blanc des mains est très neutre. Les délicates bandes rouges apportent une vie, un léger frémissement. 

Le travail de Chloé Tallot est sensuel et éthéré comme de la dentelle. Le rouge brillant apporte richesse et noblesse. C’est une exposition saturée, pleine, qui remplit notre vue. Nous sommes en extase.  


Entretien avec Chloé Tallot : 

Nicolas Goulette : Vous semblez aimer les couleurs primaires saturées. Pourquoi ? Qu’est-ce qu’elles vous apportent ?

Chloé Tallot : J’ai travaillé sur le RVB : le rouge, vert, bleu qui sont constitutives de la vidéo. C’est un travail vidéo sur le portrait. C’est un choix. Ces trois couleurs construisent toutes les couleurs qui existent. J’aime bien cette idée de reprendre les couleurs vidéo et les bâtonnets, parce que cela constitue aussi la manière dont notre œil fonctionne physiquement. On a des petits bâtonnets qui perçoivent ces couleurs-là, le rouge, le vert et le bleu. Je les transcris dans mon expérience de photographe, de vidéaste.

Vous semblez préférer les univers confortables, beaux, sécurisants, où l’on se sent bien. Est-ce que c’est quelque chose que vous recherchez,  cette sécurité, cette beauté,  dans votre travail ?

Je ne sais pas si vous dites cela par rapport à la personne de Jérôme Clément que j’interviewe. C’est un travail sur le portrait. J’ai cherché à lui poser des questions qui m’intéressaient. J’ai eu envie d’apprendre de cette personne, de faire un portrait un peu particulier. Est-ce que c’est chercher la sécurité ? Je ne sais pas. C’est chercher à comprendre, chercher à s’approcher de gens qui attirent des ondes intéressantes. 

C’est un écrivain, un homme de télévision, un homme public, fondateur d’une télévision culturelle, qui a dit « l’intelligence c’est possible », qui a dit « la confiance, c’est possible », qui a dit des choses assez utopiques qui ont un rayonnement européen. Il écrit des livres qui m’ont touché à différents niveaux. Il y a aussi toute son histoire personnelle qu’il a écrit dans « Plus tard, tu comprendras ». Il a fait un livre sur le suicide de Pierre Bérégovoy. Je ne trouve pas cela très confortable. C’est juste très intéressant humainement. Alors, est-ce que je cherche à faire des choses confortables ? Je ne me suis pas du tout posé la question comme cela.

Quel artistes vous plaisent ou vous inspirent ? 

Beaucoup. Il y a des premières références d’enfance. Il y a des références en vidéo, des références plus contemporaines, sans frontière, différentes pièces de différents artistes. La liste serait trop longue.




Chloé Tallot
"Forcément on pense au rouge" Jérôme Clément
Jusqu'au 9 février 2013

Galerie Suzanne Tarasieve Paris / Loft 19
Passage de l'Atlas / 5, Villa Marcel Lods
75019 Paris

http://www.chloetallot.com

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