nicolasgoulette@yahoo.com

mercredi 2 novembre 2011

Akiko Toriumi

Akiko Toriumi, artiste peintre née à Tokyo, réalise des œuvres brutes et primaires. Elle a exposé ses dessins, gravures, et peintures jusqu'en septembre 2011 à Pontoise, au musée Tavet. Les peintures sur toiles ont été réalisées au début des années 2000, les dessins sur papier sont plus récents.

En regardant cette exposition, on voit de l'art brut, de l'art abstrait avec des traces noires sur fond blanc, des collages de matières, de torchons, de chiffons sur la toile.

Nous avons des techniques mixtes sur toile, des techniques mixtes sur papier. Des formes chaudes, ocres, mal identifiées, avec parfois des éclaircies blanches. Ailleurs, des tons laiteux, verdâtres, avec toujours une sorte de grand ovale noir, et une couleur claire au centre. Nous croyons voir des formes organiques.

Les peintures sur toile sont travaillées en matières, craquelées. Sur une grande toile, nous avons des traces blanches épaisses, sur des fonds noirs avec des consonances vertes. De fins traits noirs évoquent des branches d'arbres. Nous voyons un étrange ovale allongé, entouré d'un trait noir, avec un intérieur blanc, une sorte d'ouverture.

Les travaux sur papier semblent plus chauds. Ils ont un fond ocre rouge, avec toujours des grosses traces noires. Sur un des dessins, nous voyons des triangles avec dans l'un d'eux des coulures noires verticales. On pense à une architecture médiévale grossière, avec une trace blanche qui refroidit l'ensemble. Sans ces touches blanches, le tableau pourrait s'embraser.

Sur une autre œuvre sur papier, on retrouve de gros traits rouges, avec au centre une matière plus solide. Deux rectangles blancs sont entourés de noir. On trouve un point rouge sur l'un d'eux, et une masse moins précisée sur l'autre, un étalage d'ocre. Le point rouge fixe le tableau, lui donne une assise.

Dans un autre dessin, nous avons carrément un fond très sombre. Des tons marron très chauds, avec des traces claires qui évoquent un paysage blanchâtre vu dans le brouillard. Une sorte de paysage qui émerge d'une tempête.

Le travail de Akiko Toriumi exprime des chaleurs, des formes organiques brutes, où percent des lumières froides.

On pense aux traces préhistoriques de charbon noir et de terre rouge. Le travail semble grossier. Il évoque les quatre éléments : le feu (le noir), la terre (l'ocre), l'air et l'eau (le blanc). Il semble que ce sont des visions oniriques, hors de la modernité.

Si la beauté a sa place dans ces œuvres, c'est une beauté primaire.




Trois questions à Akiko Toriumi :


Quels artistes classiques vous plaisent ou vous inspirent ?

J'aime beaucoup Giotto. Parmi les modernes, j'aime beaucoup Lucio Fontana, qui a coupé les toiles. J'aime aussi beaucoup Cy Twombly.


Je trouve que vos toiles les plus anciennes sont dans les tons froids, plus froids que les dessins les plus récents.

Oui, avant, j'utilisais des couleurs bleues, du bleu très foncé. Je n'ai jamais été fanatique d'utiliser des couleurs très vives. Au fur et à mesure, j'ai enlevé des petites choses, pour voir ce que cela donne. Le résultat est que c'est devenu presque noir et blanc, presque monochrome. Mais quand on regarde, sur les gris, il y a quand même des nuances. Je fabrique des gris différents.


Pour l'avenir, qu'est ce que vous aurez envie de faire en peinture, en art ?

J'ai envie de travailler sur papiers, carrément sur un grand papier. J'en ai un peu marre de cadrer les choses. Pour une exposition, on est obligé d'encadrer. J'aimerais un petit peu sortir ailleurs, travailler sur un objet par exemple. Et explorer de nouveaux matériaux.

Aucun commentaire: