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vendredi 30 décembre 2011

Aglaya Muravlov

Aglaya Muravlov expose à Flateurville une installation, "Womanhood 2 – La Vie", deuxième volet de son travail sur la féminité. Aglaya Muravlov est une cinéaste russe. Elle montre ici une œuvre étrangement belle, qui inspire la réflexion.

Quatre vidéos sont projetées sur les murs. Il y a en plus deux écrans à l'entrée. Ils reprennent, pour l'un d'eux, l'une des vidéos projetée. Nous entendons des sons mixés par l'artiste. Sur la vidéo "La Baleine", projetée sur un mur, une main levée, à gauche, semble saluer une baleine vue au loin. La baleine blanche évolue dans l'eau verte. Ce vert remplit presque entièrement l'image.

"Piano" est un autre film projeté. Dans une pièce blanche, il y a un piano. Nous voyons les pieds d'une personne qui marche. Il y a une femme, étendue sur le ventre ou accroupie. La caméra tourne autour du piano, jouant à capter son ombre et sa surface sombre, de telle sorte que, par moment, l'image est presque en noir et blanc. Un noir profond, et un blanc éclatant.

Sur une autre vidéo, nous voyons de l'eau, la surface d'un fleuve dont les ondulations grises et noires sont comme les mouvements de cheveux. Une quatrième vidéo montre la vision qu'on a dans la cabine d'un conducteur de métro, les rails défilant devant nous.

C’est une œuvre dans laquelle il est difficile d'entrer, ou qui entre difficilement en nous. Il est presque impossible d'embrasser d'un seul regard l'ensemble de l'installation, nous devons nous déplacer pour en apprécier l'étendue, rester longtemps devant chaque film pour en voir les subtilités.

Ajoutons que le lieu d'exposition, Flateurville, est un lieu de passage, un lieu de détente. Les tableaux accrochés aux murs nous gênent dans la compréhension du travail d'Aglaya Muravlov. Il nous faut faire un effort d'abstraction des objets, des fauteuils, de la voiture qui se trouvent là pour apprécier les œuvres. Il est vrai que nous ne sommes pas dans ces espaces aseptisés des musées et galeries qui font tout pour que l'œuvre exposée soit bien visible, bien délimitée, trop délimitée parfois, trop contrainte.

Aglaya Muravlov a bien voulu répondre à nos questions. Nous l’en remercions.


Quelles sont les origines de vos travaux ici à
Flateurville ?


Ce sont des choses qui parlent de la féminité. Mais ce n'est pas féministe. C'est vraiment un sujet qui n'est pas assez exploré. Si on le fait tout le temps, cela peut être bien, parce qu'il y a beaucoup d'aspects. Par exemple, « motherhood » (être mère), ce n'est pas uniquement les jolies femmes de Rembrandt. Il y a beaucoup de souffrances, beaucoup de peurs, beaucoup de fatigue. Elles sont des êtres fragiles, et pour cela fortes. Si on se donne le droit d'être faible, on pleure, mais après on se lève et on est plus fort. Si on est fort tout le temps, on se casse et on meurt. Les femmes peuvent être plus fortes que les hommes, parce que les hommes pensent qu'il faut être fort tout le temps.


Quels artistes classiques vous plaisent ou vous
inspirent ?


Rembrandt, Leonard de Vinci, Vivaldi, Bach. Bach, c'est la raison pour laquelle je suis venu à Paris, parce que l'architecture, c'est le moment arrêté de la musique. Quand j'entends Bach, je vois des couleurs. C'est vraiment mon petit métronome intérieur. Les harmonies de Bach ne sont pas nombreuses, mais sont très organisées. C'est bien.


Vernissage le 15 décembre 2011
Flateurville
24, cour des Petites Ecuries
75010 Paris
www.flateurblog.com

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