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samedi 19 mai 2012

La Triennale du Palais de Tokyo

Le Palais de Tokyo à Paris expose sur ses 22 000 m² la Triennale, vaste instantané de l’art contemporain. Nous avons butiné et goûté une dizaine d’œuvres.

Thomas Struth, né en Allemagne en 1954.
« Paradise 1, Pilgrim Sands, Daintree, Australia », 1998, tirage photographique. 
Nous sommes dans une jungle luxuriante. Les grandes feuilles éclairées par le soleil sont autant de ponctuations vertes. Il y a aussi des zones sombres sous les arbres. Avec Thomas Struth, la végétation envahit tout, du haut en bas de la photographie. Heureusement qu’elle s’arrête au cadre, sans cela, c’est nous, les spectateurs, qui serions vraiment en pleine jungle.

Chris Ofili, né au Royaume-Uni en 1968.
« Afro Lily Lovers », 2002 – 2003, peinture acrylique, peinture à l’huile, résine de polyester, épingles.
Deux grands personnages s’embrassent dans cette peinture sombre. Le rouge et le vert, ainsi que leur mélange, le marron, composent cette œuvre chaude dans sa couleur et dans son sujet.

Lothar Baumgarten, né en Allemagne en 1944.
« Fragmenta Brasil », 1977 – 2005, installation vidéo.
Des images sont projetées sur les murs. Ce sont des dessins d’oiseaux. Sont-ce des croquis d’explorateurs étudiant la faune de contrées lointaines ? Puis les images projetées changent. Nous voyons des dessins plus modernes, des traits arrondis au pinceau, comme une évocation abstraite de plumes d’oiseaux. Ce travail pourrait être une métaphore de l’art moderne et contemporain, exploration de terres artistiques inconnues.

Emmanuelle Lainé, née en France en 1978.
« Stellatopia », 2011, impressions sur papier.
C’est une vaste photographie représentant le coin d’une pièce aux murs blancs. Sur le sol gisent des objets, cartons, bouteilles, ballon jaune, tiges de plantes vertes. C’est sale et en désordre. Il y a une vitre cassée contre le mur, une feuille de papier froissé et mal scotchée au mur. Cette œuvre résonne avec son environnement. Elle est en effet imprimée sur de grandes feuilles collées sur un mur, en bas d’un des escaliers du Palais de Tokyo, un mur formant un angle. Un vieux mur, décrépi et sale.

Selma Ouissi, née en Tunisie en 1975, et Sofiane Ouissi, né en Tunisie en 1972.
« Laaroussa », 2011, vidéo.
Sur fond de ciel bleu, un homme et une femme sont accroupis sur un rocher. Ils miment des gestes de la main, peut-être la préparation d’un plat. Ils ne parlent pas. Nous voyons leurs mains en gros plan, des mains pleines de terre. Que fabriquent-ils, ces modestes ouvriers qui répètent toujours le même geste ? C’est une vidéo calme, douce, sensible. Ici, pas de passions déchaînées, pas de dramatisation inutile, comme on en trouve habituellement dans les œuvres d’art. Laissons nos travailleurs réaliser de « vraies » choses, même si c’est en mime, et continuons notre visite du musée.

Yto Barrada, née en France en 1978.
« Hand-me-Downs », 2011, vidéo.
La vidéo, aux vieilles images sépia, montre des enfants. Une femme nous parle et nous raconte son histoire, son enfance à la campagne, sur des images champêtres. C’est l’été. Ce sont des souvenirs de vacances dans les années 1950, si l’on en croit le commentaire. Cette vidéo est une évocation de la vie d’une famille nombreuse. Une œuvre nostalgique qui revient vers le passé. On aime voir ces vieux films en imaginant que nous nous remémorons notre enfance.

Luc Delahaye, né en France en 1972.
« House to House (Tawargha) », 2011, photographie.
C’est une grande photographie. Sur le seuil d’une maison ensoleillée, aux murs de couleur ocre, deux personnages rentrent à l’intérieur. Ils s’enfoncent dans ce rectangle noir qu’est la porte d’entrée. Une composition qui apporte de la profondeur à cette œuvre.

Jewyo Rhii, né en Corée du Sud en 1971.
« Two », 1999, stylo et crayons de couleur sur papier.
Des dessins au stylo représentant un homme et une femme dans diverses positions. C’est sexy, érotique et drôle. D’après ce qui est écrit en haut des dessins (« migraine », « mal au dos »), les positions semblent être des thérapies pour remédier à différents maux. Une œuvre stimulante.

Claude Closky, né en France en 1963.
« Town & Country (to die) », 2009 – 2010, collages et crayon sur papier.
Une série de photos, issues de publicités chic et brillantes. Sous chaque image sont écrit les mots « To die » suivi de l’évocation de la photo : « To die in a park », « To die in a sect », « To die in the street », etc. Claude Closky recycle des photographies de pub, et les montre ainsi comme des œuvres, sous verre, rangées le long d’un mur. Ces photos, semble nous dire l’artiste, sont des œuvres mortes, où il n’y a aucun avenir. Ne pourrait-on pas écrire les mots « To die… » sous toutes les œuvres exposées dans les musées, qui rassemblent sur leurs murs des séries d’images encadrées, figées, silencieuses ?

Aurélien Porte, né en France en 1981.
« Incantatory Combinations », 2012, huile et vernis sur toile.
Sur de grands tableaux de couleurs sombres, l’artiste a tracé dans la peinture des lettres, des mots : « Earth » et « Fire », « Tree » et « Earth ». Ces quatre grandes toiles sont presque des monochromes. Les bordures des lettres sont plus épaisses, c’est ainsi que nous pouvons les lire. Nous voyons surtout des « E » et des « F », des traits verticaux et horizontaux qui structurent et construisent ces tableaux modestes et pas tape-à-l’œil, mais d’une grande profondeur.


La Triennale. Exposition jusqu’au 26 août 2012

Palais de Tokyo
13, avenue du Président Wilson,
75 116 Paris

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