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dimanche 28 octobre 2012

Adel Abdessemed


Adel Abdessemed, né en 1971 en Algérie, réalise des sculptures qui évoquent l’absence et le vide. Elles sont actuellement visibles au centre Pompidou à Paris.

« Joueur de flûte », projection vidéo 30 minutes en boucle, 1996. Un  homme nu joue de la flûte. Il marque le tempo avec ses pieds. La flute comme organe sexuel, voilà ce que l’on retient de cette vidéo. L’expression artistique comme activité sexuelle. C’est grand et minimaliste, avec ce large fond uni. La musique est simple, répétitive, et laisse le champ libre à toutes les interprétations. C’est très généreux. 

« Bourek », fuselage d’avion, 2005. Un morceau de carcasse d’avion replié sur lui-même. L’objet est blanc, chic malgré son caractère abîmé et déchiqueté. L’ensemble est ramassé sur lui-même au moyen d’une sangle bien visible. C’est le cadre de l’œuvre. La sangle unit cette sculpture, la calme, lui donne la noblesse des œuvres d’art. 

« Wall drawing », fil de fer barbelé à doubles lames, 2006. Neuf ronds de fil de fer barbelé sont alignés sur un mur. Ce sont neuf roues tranchantes. L’œuvre nous dépasse mais nous la regardons de loin. Nous sommes dans un musée, où la distance entre les spectateurs et l’œuvre d’art est infranchissable. Infranchissable dans le temps (l’œuvre a été créé il y a plusieurs années), dans l’espace (face à ces grands murs blancs, le spectateur doit reculer pour tout voir), dans la rencontre avec l’artiste (inaccessible célébrité de l’art contemporain). 

« Décor », fil de fer barbelé, 2011 – 2012. Quatre sculptures du Christ, les bras écartés, la tête tombant de côté, la bouche ouverte. Ces sculptures sont réalisées avec du fil de fer barbelé. On n’aurait pas mieux pu traduire la souffrance du Christ sur la croix. Un Christ métallique, déshumanisé. Son corps est en fil de fer coupant. On voit à travers, pourtant il semble bien y avoir encore une trace de vie.

Le travail d’Adel Abdessemed est marqué par la mort, le sexe, l’absence de l’autre. Ces œuvres  sont dangereuses, à manier avec précaution. Elles sont fortes et très puissantes. C’est inquiétant, excitant, grisant. Heureusement que les œuvres d’art ne sont que des illusions d’optique. 


Adel Abdessemed
« Je suis innocent », jusqu’au 7 janvier 2013
Centre Pompidou, Paris

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