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lundi 22 octobre 2012

Le salon d'art de Pontoise


Le salon d'art de Pontoise, qui s’est tenu du 6 au 14 octobre 2012, a montré une série de peintures toutes plus achevées les unes que les autres. On a pu apprécier la qualité des peintures à l’huile, la grande maîtrise technique des artistes, l’extraordinaire aboutissement des tableaux, la poésie sensible, riche et colorée qui s’en dégage. 

André Maigret, « Sous le signe du poisson ». Ici, nous avons des poissons en grisaille, notamment des têtes de poissons. En bas de la toile, un sol peint en aplat bleu-vert tranche avec les longues virgules rouges, ainsi  qu'avec la chaise rouge qui déborde de poissons. Des personnages sont là : une femme debout, une autre les jambes repliées, des têtes, des masques. Dans cet univers bizarre, les poissons gris envahissent la peinture. En haut du tableau, un coin peint en ocre nous permet d’espérer un retour de la peinture habituelle. 
André Maigret peint des animaux qui envahissent ses tableaux. Ce sont des mondes anarchiques où l’homme n’a plus sa place. La peinture non plus n’a plus sa place, il n’y a plus de couleur. Seule reste une technique en grisaille, avec quelques traits rouges. André Maigret réalise des visions pessimistes, sur le fond et sur la forme.  

Vincent Couppey, « Les bouquinistes ». C’est une journée ensoleillée au bord de la Seine devant un étalage de bouquiniste. Une péniche passe sur l’eau verte. Au fond, le pont neuf et ses volumes vibrants. Les carrés géométriques des bâtiments qui s’éloignent à l’horizon font écho aux multiples carrés des livres alignés au premier plan. Un tableau très structuré avec de forts traits qui donnent une assise aux aplats lumineux. 
Vincent Couppey peint des vues de villes ensoleillée avec un dessin géométrique. Ses peintures sont chaudes, elles expriment la chaleur des immeubles.

Yannick Sauvage, « Nature morte – série Boîtes 14 ». Dans une atmosphère grisée et floutée, l’artiste a peint des boîtes sur une table. Une lumière les éclaire de côté projetant des ombres et donnant du volume à l'ensemble. Ces boîtes sont comme les buildings d’une ville que l’on survole. Une ville dans le brouillard, mystérieuse et attirante. Les nuances de couleurs sont délicates, toujours dans les tons ocres : une boîte rouge, une jaune plus haute, une bleue plus large. 
Yannick Sauvage joue à un jeu de construction en faisant une composition avec des boîtes. Ses peintures tendent vers l’abstraction. 

Jean-François Grebert, « L’île de l’Espoir ». Un homme dans une barque perdue sur une mer sombre. Il rame vers une île, un rocher escarpé rouge dont le haut porte un peu de végétation. La scène est entourée de lourds nuages. Au fond, dans une éclaircie, une haute montagne apparaît, laiteuse. Ce tableau raconte une histoire. Un homme seul affronte les éléments dans une nature austère. 

Jean-François Grebert, « La cascade ». Un immeuble en ruine dont le bas est effondré. La végétation a envahi le quartier. L’eau également, avec une cascade tombant dans un lac au pied de l’immeuble. La nature reprend ses droits, l’architecture se délite petit à petit.


Deux questions à Jean-François Grebert : 

Vous semblez représenter la perte de l’homme, sa petitesse face à la nature. Est-ce que vos peintures sont pessimistes ? Souhaitez-vous exprimer la faiblesse de l’humanité

C’est plus vrai pour le tableau avec la tour. Cela peut effectivement être une vision pessimiste. Mais moi, j’y vois quelque chose de plutôt positif car la nature reprend ses droits. Cela traduit mon état d’esprit plutôt solitaire. C’est l’expression de ce que j’ai au fond de moi. L’autre tableau est plus personnel. Il exprime un sentiment personnel de se sentir isolé. 


Sur la forme, votre peinture est très finie, très réaliste, chaque détail est dessiné. Vous souhaitez vraiment dessiner chaque détail, aller au bout d’une représentation réaliste ? 

J’aime beaucoup le réalisme. C’est important pour moi. J’ai toujours appris à travailler avec précision, notamment lors de mes études d’art graphique. J’aime le rendu réaliste. Cela me permet de retranscrire certaines atmosphères. 



Chantal Lorio, « Saint Germain des Près ». C’est la nuit. Deux personnes s’éloignent dans les rues du quartier de Saint-Germain-des-Prés. Sur les façades des immeubles, les lampadaires éclairent la scène de plusieurs ronds lumineux laissant le reste du tableau dans l’obscurité. A travers les vitres des fenêtres, nous voyons l’intérieur éclairé des maisons. Les plaques aux noms des rues sont de forts marqueurs sombres dans les ronds de lumière.

Chantal Lorio, « Transparence ». Dans une lumière blanche éclatante, une femme est debout. Nous voyons sa silhouette noire en contre-jour. Elle porte un fin tissu transparent dont les ondulations captent la lumière Elle semble encadrée par deux draps noirs dont les plis attirent eux-aussi la lumière blanche. C’est une œuvre cubiste, non seulement par les plis carrés, la composition générale géométrique, mais aussi par notre hésitation face à la silhouette dont on se sait trop si elle est de face ou de dos. 


Deux questions à Chantal Lorio : 

Les lumières et les ombres jouent un grand rôle dans vos tableaux. Pourquoi ? 

A cause de mes souvenirs d’enfance. Avec les ombres, on peut s’amuser, on peut créer des atmosphères. On peut augmenter la rêverie, déformer des choses. 


Dans vos tableaux, nous voyons toujours les personnages de dos, qui s’éloignent. Qui, ou quoi, laissez-vous s’éloigner dans vos tableaux ?

J’ai peint ces toiles à un moment dans ma vie où je me sentais abandonnée. C’est peut-être moi qui me trouvais dans l’ombre et qui voulais aller vers la lumière. 


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