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samedi 23 juin 2012

Resisting the Present. Mexico 2000/2012

Le Musée d’Art moderne de la Ville de Paris présente « Resisting the Present. Mexico 2000/2012 », une exposition réunissant des œuvres de plusieurs artistes mexicains.

Arturo Hernandez Alcazar, né en 1978 à Mexico. « Papalotes negros » - 2010 – Cerfs-volants couvert de pigments noirs.
Des cerfs-volants noirs sont suspendus entre sol et plafond, dans une œuvre en trois dimensions simulant un vol d’oiseaux ou de chauves-souris. La mort semble planer sur nous. C’est un univers visuel grandiose, contrasté (noir se détachant sur les murs blancs), dur. Si c’est une évocation de la société mexicaine, c’est plutôt pessimiste.

Bayrol Jimenez, né en 1984 à Oaxaca. « Maldito » - 2012 – Acrylique sur papier.
De grandes feuilles de papier où l’artiste a dessiné à la peinture rouge des scènes morbides. Nous voyons un squelette trônant sur un riche fauteuil, des soldats devant une fosse commune, des personnes sans tête, des gens masqués, ou armés. Cette grande composition rouge est dominée par un aigle bleu représentant les Etats-Unis. Au bas, un trou au fond duquel se trouve un billet de banque. Le sang et la violence caractérisent cette œuvre.

Hector Zamora, né en 1974 à Mexico. « Credibility Crisis » - 2010 – 16 manches à air, ventilateurs.
Des ventilateurs soufflent dans de longs tubes noirs. Encore de la noirceur dans cette installation bruyante. Non seulement la vue est gênée par ces inquiétants tubes, mais aussi l’ouïe par ce bruit de moteur, et nous sentons l’air soufflé au visage. Une œuvre industrielle, inhumaine. La machine prend le pas sur l’individu (le spectateur, et par extension la société).

Minerva Cuevas, née en 1975 à Mexico. « Rio Bravo Crossing » - 2010 – Objets divers, diaporama, photographies.
Plusieurs objets sont placés sous une vitrine. Des pierres, des fleurs séchées, un livre sur le Rio Grande, des photographies de canyons rocheux. Ce sont des objets rapportés par un explorateur du Rio Grande. Il y a même une page d’un journal américain de 1865 dont l’article parle de la guerre sur ce fleuve. Nous voyons également de grandes photos de cette rivière d’où émergent des pierres. Nous traversons le Rio Grande, nous sommes dans cet univers sauvage et minéral.

Natalia Almada, née en  1974 au Mexique. « El Velador » - 2011 – Vidéo. 
Nous sommes dans la rue. Il y a une église aux murs géométriques immaculés. Un homme arrose la route devant l’église, la recouvrant d’eau petit à petit. Dans ce paysage dominé par les croix, immobiles et impressionnantes, il est amusant de voir la route changer de couleur, passant d’un gris poussiéreux à un orange mouillé. Un peu de liberté. Comme l’eau, on se répand. La religion n’a plus de prise sur nous.

Marcela Armas, née en 1976 à Durango. « I-Machinarius » - 2008 – Pétrole, chaîne, moteur.
Après les ventilateurs, encore un système mécanique noir et bruyant, plus grand que la taille humaine. Sur un mur blanc, des engrenages tournent en faisant se déplacer une grosse chaîne. Il y a des coulures de pétrole gras. Les contrastes sont au maximum dans cette œuvre. Que fait du pétrole dans ce musée parisien, chic et haut de gamme ? Et ces engrenages sont plus le fait de machines que d’œuvres d’art. Pourtant, cette installation est séduisante. On retrouve la force primitive des gravures sur bois. On est frappé par la puissance métallique du système, on est fasciné par ce mouvement qui nous dépasse.

Mariana Castillo Deball, née en 1975 à Mexico. « Between you and the image of you that reaches me » - 2010 – Sculpture, papiers découpés, vidéo.
Au sol, des plastiques moulés qui portent les empreintes de bas-reliefs sculptés, dont on imagine qu’ils proviennent de monuments mexicains précolombiens. Sur le mur est accroché une dentelle de papiers découpés. Une sculpture légère et blanche, en opposition avec les pierres évoquées par les moulages. La vidéo montre des paysages urbains en ruine, des personnages en noir et blanc qui semblent en deuil, des lignes géométriques sur fond bleu. Il y a plusieurs éléments dans cette installation multiforme qui s’étend sur un grand espace. Une œuvre multiple, rafraîchissante, car on peut changer d’univers, des ruines au ciel bleu, des monuments au papier. On bouge, on vit.

Adriana Lara, née en 1978 à Mexico. « Alien » - 2011 – Acrylique sur toile.
Sur une fine toile tendue depuis le plafond, l’artiste a peint une sorte de tête verte avec des yeux bleus, comme une tête d’extraterrestre. C’est un drapeau, un étendard. Un jeu où les aliens auraient pris un territoire et auraient marqué leur frontière. C’est donc cela, l’art ? Un jeu où l’on feint de marquer son territoire imaginaire.



Resisting the Present. Mexico 2000/2012
Jusqu’au 8 juillet 2012

Musée d’Art moderne de la Ville de Paris
11 avenue du Président Wilson
75116 Paris

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