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samedi 1 septembre 2012

Supports / Surfaces

Dans les années 1970 naît en France un mouvement artistique contestataire et libertaire : Supports / Surfaces. Y participent notamment Claude Viallat, Pierre Buraglio qui montre des châssis, Louis Cane et ses toiles tamponnées, Daniel Dezeuze, Noël Dolla et ses étendoirs, Toni Grand qui utilise le bois, Christian Jaccard et ses valises, Jean-Michel Meurice qui peint au ripolin sur papier aluminium, Bernard Pagès, Jean-Pierre Pincemin et ses empreintes à l’acrylique, Patrick Saytour et ses tissus.

Ces artistes influencés par les idées marxistes et maoïstes refusent de peindre sur une toile montée sur châssis, cette technique étant réservée selon eux à la bourgeoisie. Ils abandonnent la figuration et le travail au pinceau, trop source d’évocations romantiques et imaginaires.

Pour eux, une œuvre est un objet manufacturé, banal. Le matériau est mis en avant. Si ils utilisent de la peinture, car ces artistes sont tous des peintres passionnés et géniaux, son utilisation est réduite à une simple application sur le support, à l’exclusion d’une quelconque beauté du geste ou du sujet.

Le Centre Pompidou à Paris présente deux toiles du mouvement Supports / Surfaces. Nous nous sommes arrêtés devant des hexagones collés de Jean-Pierre Pincemin, et une bâche peinte de Claude Viallat.

Jean-Pierre Pincemin (1944 – 2005), « Hexagones collés », toile libre, assemblage d’hexagones coupés et collés, 1969 : l’artiste a découpé des hexagones de toiles, et les a collé entre eux pour former une grande surface. Chaque hexagone est coloré à moitié en bleu. Un bleu ciel en peinture diluée non uniforme. Avec le blanc cassé des autres moitiés des hexagones, nous avons une peinture très claire, qui parait informelle. Informelle ? Pas tant que cela. En fait, l’agencement des hexagones forme de larges bandes horizontales bleutées. Cette toile est une ligne d’horizon multiple. Chaque hexagone est un ciel, un paysage frais. Pas de châssis, pas de cadre, la toile est cloutée au mur. Si elle était à l’extérieur, elle flotterait au vent.

Claude Viallat (né en 1936), « Bâche kaki », peinture acrylique sur toile de bâche, 1981 : sur une grande bâche en tissu épais évoquant une tente militaire, avec sa couleur verte et ses anneaux d’accrochage, l’artiste a peint des formes colorées. Il utilise des couleurs froides et grisées par l’emploi de complémentaires : des formes violettes entourées de jaune, des formes rouges dont le contour est le fond kaki, des formes blanches et noires. Avec cette œuvre, nous sommes dans une tente militaire, campant quelque part dans la neige.


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