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samedi 25 février 2012

Pedro Cabrita Reis

Au début de 2012, la galerie Nelson-Freeman présentait le travail de Pedro Cabrita Reis, artiste portugais né en 1956. L’exposition comprenait des peintures sur toile, des sculptures métalliques, des dessins sur papier. L’artiste joue sur les matériaux utilisés, souvent des surfaces métalliques de récupération ; mais il joue aussi sur l’encadrement de ses œuvres, qui peuvent être eux-mêmes des matériaux utilisés en architecture, comme ces cadres en aluminium servant aux doubles vitrages.

« The Untitled Landscape » est une peinture sur toile, avec une grande profondeur, une belle mise en perspective. C’est une sorte de paysage. Les couleurs utilisées sont des terres sombres, des ocres vertes plus claires. Ca et là quelques taches lumineuses jaune et blanc. Une œuvre fraîche, aérienne. Nous voyons la profondeur, nous nous imaginons dans ce paysage, nous oublions le mur sur lequel est posé la toile.

« Les bleus #1 » est un tableau monochrome bleu, mis sous-verre dans un cadre d’aluminium. Une œuvre étonnante et riche. De la peinture visqueuse bleue est étendue sur une toile brute. Le bord droit du tableau n’est pas recouvert, comme si la peinture, encore liquide, encore en mouvement, allait finir par submerger toute la toile. L’œuvre est mise sous-verre. Sa grande taille fait que le spectateur voit sont reflet dans la surface vitrée. Nous nous voyons baignant dans un bleu lumineux. Nous croyons être à la mer. D’ailleurs, le bord droit de l’œuvre évoque une vague sur une plage.

Autre pièce exposée : quatre surfaces métalliques rayées provenant d’une étagère sont assemblées en un quadriptyque. De fins traits rayent les plaques et forment un réseau de lignes qui se croisent. A la manière des retables des églises, les deux surfaces aux extrémités sont décollées du mur, comme si elles pouvaient se refermer sur les deux plaques du centre. Mais ce retable ne montre aucune image, ces surfaces sont vides. Vides même de l’action de l’artiste. Car ces traces rayées n’ont-elles pas été faites lorsque les plaques formaient une étagère avant que l’artiste ne s’en empare ?

Enfin, sur une grande feuille de papier, nous voyons un réseau de lignes horizontales et verticales tracées au crayon. L’ensemble dessine un grand rectangle surmonté d’une large bande de peinture grise.

Avec Pedro Cabrita Reis, l’œuvre est un élément architectural : le tableau est mis en scène comme s’il était intégré dans un mur, comme une fenêtre. Le mur sur lequel est accroché l’œuvre joue un grand rôle. La grande feuille de papier est accrochée par le haut, de sorte que les deux coins du bas commencent à s’enrouler et à se désolidariser du mur. Le tableau « Les bleu #1 » est mis dans un encadrement normalement destiné à une fenêtre. Les paysages plus classiques ont une profondeur telle qu’on croit regarder à travers le mur.


Galerie Nelson-Freeman
59, rue Quincampoix
75004 Paris
www.galerienelsonfreeman.com

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